Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 14/07/2022

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de Mme la ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur la détresse de la population syrienne.
Mi-mars 2022, le haut commissariat des nations unies pour les réfugiés (HCR), l'agence des nations unies pour les réfugiés, a rappelé à la communauté internationale les besoins croissants des Syriens déplacés à l'intérieur du pays comme de ceux réfugiés à l'extérieur.
En effet, suite à la pandémie et au début de la guerre en Ukraine, le financement des opérations humanitaires s'est amenuisé, bien que la Syrie soit toujours enlisée dans un conflit vieux de onze ans. Plus de 6,9 millions de personnes sont déplacées à l'intérieur du pays, et 14,6 millions de personnes ont besoin d'une assistance humanitaire. En 2021, trois quarts de tous les ménages du pays ont déclaré ne pas pouvoir satisfaire leurs besoins les plus élémentaires (+10 % par rapport à l'année précédente).
Le 8 mai 2022, le fonds des nations unies pour l'enfance (UNICEF) a alerté à son tour sur le sort des enfants. Plus de 12 millions d'entre eux ont besoin d'aide humanitaire, un chiffre jamais atteint. Ils manquent à la fois d'eau, de nourriture, de soins (notamment de vaccins), de produits d'hygiène, d'un lieu où dormir…
Dans le nord-ouest notamment, la population, composée à moitié de déplacés, dépend de l'aide qui arrive de Turquie, or les tensions avec la Russie compliquent l'acheminement des convois humanitaires.
En conséquence, il lui demande quel rôle peut jouer la France afin de soutenir la réponse humanitaire et d'aider à trouver une solution politique à la crise.

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 15/09/2022

La situation humanitaire ne cesse de se dégrader en Syrie sous l'effet de facteurs multiples : poursuite du conflit et destructions de nombreuses infrastructures humanitaires par le régime syrien et ses alliés, corruption du régime syrien, crise de la Covid-19, conséquences alimentaires de l'agression russe de l'Ukraine. Les besoins humanitaires, en conséquence, ont atteint un niveau inédit depuis le début de la guerre en 2011.  La France est pleinement engagée aux côtés de la population civile syrienne, non seulement en Syrie mais aussi dans les pays voisins de celle-ci, où 5,6 millions de Syriens ont trouvé refuge pour échapper à la répression. À l'occasion de la conférence ministérielle de Bruxelles VI présidée par l'Union européenne (UE) qui s'est tenue en mai dernier, la France a annoncé un engagement exceptionnel de 373 millions d'euros pour 2022 en soutien aux Syriens dans le pays et dans son voisinage. Deux tiers des 4,1 milliards d'euros de dons pour 2022 annoncés lors de la conférence proviennent de l'UE et de ses Etats membres.  Depuis 2018, la France participe à la réponse humanitaire en Syrie à hauteur de 50 millions d'euros par an. Ce financement est partagé entre l'aide humanitaire d'urgence sur l'ensemble du territoire syrien et l'aide à la stabilisation des territoires dans le Nord-est libérés de l'emprise de Daech par la Coalition internationale. L'objectif est d'empêcher que l'organisation terroriste, qui prospère notamment sur la pauvreté et le manque d'opportunités, puisse y reprendre pied. Sur le territoire syrien, nous finançons des agences des Nations unies ainsi que des projets portés par des ONG (françaises, internationales et locales) pour répondre aux besoins les plus urgents des populations. Compte tenu de la prédation qu'exerce le régime sur l'aide internationale, un effort particulier est mis sur le suivi et la transparence de l'aide française.  Enfin, la France se mobilise activement depuis le début de la crise avec ses partenaires afin de garantir l'accès à une aide humanitaire libre et sans entraves partout en Syrie. En juillet dernier, nous avons œuvré au Conseil de sécurité des Nations unies pour maintenir ouvert pour les six prochains mois le mécanisme transfrontalier d'acheminement de l'aide humanitaire à destination du Nord-ouest du pays, dont 2,4 millions de Syriens dépendent. Nous regrettons le veto cynique de la Russie sur le projet initial de renouvellement du mécanisme pour un an, et nous serons à nouveau très mobilisés afin qu'il soit reconduit cet hiver. Après plus de dix années de guerre, seule une solution politique crédible et inclusive permettra de mettre durablement fin aux souffrances du peuple syrien et de rendre possible un retour volontaire, sûr et digne des réfugiés. C'est pourquoi la France continuera de soutenir résolument le processus politique mené sous l'égide des Nations unies dans le cadre de la résolution 2254 du Conseil de sécurité, seule voie possible pour garantir la stabilité, la protection des populations civiles et la paix. 

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