Question de Mme de LA PROVÔTÉ Sonia (Calvados - UC) publiée le 23/09/2021
Question posée en séance publique le 22/09/2021
M. le président. La parole est à Mme Sonia de La Provôté, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)
Mme Sonia de La Provôté. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.
Madame la ministre, depuis juin, des milliers d'étudiants se retrouvent sans master, alors qu'ils ont payé un lourd tribut à la crise sanitaire. Cet obstacle à la poursuite de leurs études les plonge dans un profond désarroi.
Depuis 2016, la sélection se fait en effet à l'entrée en master 1, après l'obtention d'une licence, en cohérence avec le système LMD. Or, parallèlement à l'augmentation considérable des effectifs de licence ces dernières années, l'offre de masters n'a pas été calibrée sur l'évolution de la demande dans les filières où l'obtention d'une licence seule est insuffisante pour accéder au marché du travail. Je pense notamment aux études de droit.
Consciente du problème, vous avez annoncé cet été la création de nouvelles places dans les filières en tension. Visiblement en nombre insuffisant, puisque les étudiants sont encore des milliers à se précipiter sur la plateforme gouvernementale « trouvermonmaster.gouv.fr », censée leur obtenir une solution. Or nombreux sont ceux à qui la plateforme ne propose rien de pertinent. Ils sont, de fait, exclus du système.
Cette situation vide de son contenu le droit à la poursuite d'études, qui doit pourtant garantir un parcours cohérent.
Madame la ministre, que pouvez-vous proposer à ces étudiants ? Plus largement, comment entendez-vous concilier droit à la poursuite d'études et sélection sans les opposer ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)
Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 23/09/2021
Réponse apportée en séance publique le 22/09/2021
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.
Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Madame la sénatrice Sonia de La Provôté, vous le savez, je suis toujours très attentive aux travaux du Parlement en général, de la Haute Assemblée en particulier. Aussi, je me souviens parfaitement que, le 9 septembre dernier, nous avons célébré le cinquième anniversaire de la proposition de loi (PPL) de votre prédécesseur, M. Jean-Léonce Dupont, qui a proposé de manière sèche la sélection à l'entrée du master.
Ce texte s'est trouvé prolongé par la loi du 23 décembre 2016, qui a prévu, en même temps que la sélection, le droit à la poursuite d'études. Vous voyez que le « en même temps » a quelques années derrière lui et, probablement, quelques belles années devant lui aussi. (Exclamations ironiques sur de nombreuses travées.)
Alors, que faisons-nous depuis cinq ans ? Nous appliquons la loi.
Ce n'est pas un problème quantitatif qui se pose à nous ; vous vous préoccupez suffisamment de ce sujet pour le savoir. Chaque année, on compte 150 000 diplômés de licence générale et 170 000 places ouvertes en master.
Dès lors, madame la sénatrice, voici la question que je pose aux établissements, tout en me tenant évidemment à leurs côtés pour la résoudre : quelle insertion professionnelle offre-t-on à la sortie du master ?
Je vous rejoins sur un point : nous devons effectivement travailler sur la question de l'insertion professionnelle à la sortie de la licence. C'est bien ce que nous faisons : cette année, pour la première fois, nous créons des licences construites exclusivement sur des blocs de compétences produits par les entreprises qui vont ensuite recruter les jeunes diplômés de ces licences.
Cette année, on enregistre un peu plus de 7 300 demandes sur le portail national « Trouver mon master » ; il y en avait 8 100 l'année dernière. Nous avions créé 3 000 places supplémentaires l'année dernière ; nous en avons créé 4 400 cette année. Comme dans le cas de Parcoursup, nous accompagnons ces jeunes un par un.
M. Patrick Kanner. Tout va très bien, madame la marquise !
Mme Frédérique Vidal, ministre. Plus de 2 500 jeunes ont déjà trouvé une solution ; quant aux autres, il nous faut là encore les aider à accéder à un master, s'ils le souhaitent, à condition qu'on puisse ensuite les insérer professionnellement. (M. François Patriat applaudit.)
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement. Bravo !
M. le président. La parole est à Mme Sonia de La Provôté, pour la réplique.
Mme Sonia de La Provôté. Vous l'avez bien souligné, madame la ministre : une vraie question se pose quant au contenu des licences.
Cela dit, quand vous affirmez appliquer la loi depuis cinq ans, il n'empêche qu'on est face à un véritable problème d'anticipation : on est passé de 2,4 millions d'étudiants en 2013 à plus de 2,8 millions lors de cette rentrée-ci. Il y a fort à parier que le nombre de diplômés de licence augmentera encore beaucoup cette année.
La question qui se pose est en réalité celle de l'urgence, faute d'anticipation. En dehors de l'augmentation du nombre de places, qu'allez-vous proposer, de façon rapide et effective, pour que les universités puissent prendre en charge le surcroît de licenciés qui chercheront un master à l'issue de la présente année universitaire et, comme cette année et les années précédentes, ne trouveront pas de solution ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
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