Question de M. CHEVROLLIER Guillaume (Mayenne - Les Républicains) publiée le 08/04/2021

M. Guillaume Chevrollier attire l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation sur les inégalités entre les étudiants pour accéder au dispositif de deux repas par jour à 1 euro. Cette offre, annoncée par le chef de l'État pour lutter contre la précarité des étudiants, est généralisée pour l'ensemble des restaurants universitaires et cafétérias, excluant ainsi ceux qui poursuivent un cursus dans un établissement qui ne dispose pas d'un tel restaurant, essentiellement en milieu rural. Les étudiants ne comprennent pas cette injustice. Les collectivités territoriales essayent de trouver des solutions pour soutenir les étudiants. Il lui demande quelles sont les mesures que le Gouvernement compte mettre en place pour que tous les étudiants de notre pays bénéficient des mêmes droits d'accès au service public.

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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 07/05/2021

Réponse apportée en séance publique le 06/05/2021

Mme la présidente. La parole est à M. Guillaume Chevrollier, auteur de la question n° 1625, adressée à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

M. Guillaume Chevrollier. Madame la ministre, la précarité des jeunes, en particulier des étudiants, en milieu rural est une réalité qui a pris de l'ampleur avec la crise sanitaire, entre les cours à distance, la perte des emplois étudiants, les difficultés à trouver un stage de fin d'études, l'augmentation des dépenses et une baisse des ressources pour la majorité des jeunes.

Toutes ces difficultés ont inévitablement conduit à la détérioration de leur santé psychologique et à l'augmentation de leur précarité économique. J'ai été très marqué par le nombre de jeunes qui fréquentent les épiceries sociales dans mon département de la Mayenne et que j'ai rencontrés sur le terrain.

Ces étudiants en zone rurale sont confrontés à un sentiment d'abandon, bien que l'État ait mis en place un certain nombre d'aides et de mesures d'accompagnement. Comme les deux repas par jour à un euro, ces aides sont conditionnées et ciblées. De nombreux services ont été offerts aux étudiants des métropoles, excluant ceux qui se trouvent en zone rurale et dans les petites villes, je pense notamment à la ville de Mayenne, avec ses 380 étudiants.

Les inégalités territoriales et sociales se creusent, accélérant ainsi le sentiment d'exclusion chez nombre d'entre eux. Les collectivités territoriales se sont mobilisées pour assurer le relais de l'État. Les villes de Mayenne et de Laval ont déployé de nombreuses initiatives, une aide alimentaire d'urgence a été mise en place avec le concours de la Croix-Rouge, de la banque alimentaire et avec le soutien essentiel du conseil départemental de la Mayenne.

Des espaces de coworking ont également été créés pour permettre aux étudiants de bénéficier d'une connexion fibrée ; la maison des adolescents et le centre médico-psychologique œuvrent aussi pour leur offrir un soutien psychologique ; enfin, les centres communaux d'action sociale interviennent dans l'orientation et dans l'aide au quotidien.

Madame la ministre, il n'est pas normal que les étudiants en zone rurale soient exclus des aides déployées par le Gouvernement. Quelles sont les mesures compensatoires que vous comptez mettre en place pour les soutenir et les accompagner ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Monsieur le sénateur Chevrollier, vous attirez mon attention sur la situation des étudiants qui poursuivent leur scolarité dans l'enseignement supérieur dans des lieux qui ne disposent pas de restaurant universitaire ou de cafétéria, essentiellement en milieu rural. Ces étudiants ne peuvent donc accéder au repas à un euro qui a été mis en place.

Je voudrais tout d'abord réaffirmer que les centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous) disposent de plus de 700 implantations de restauration, réparties dans plus de 221 villes du territoire, un maillage territorial essentiel qui permet d'offrir une réponse aux besoins de la très grande majorité des étudiants.

Bien que le système actuel ait démontré ses capacités d'adaptation et de modernisation, bien que, depuis le mois de janvier, plus de 7,6 millions de repas à un euro aient été servis, vous avez raison, il y a encore des lieux où l'on rencontre des difficultés. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement, en lien avec les collectivités, a proposé d'autres types de solutions.

Nous finançons les associations étudiantes qui participent à ces épiceries sociales et solidaires que vous mentionnez ; ensuite, les étudiants en brevet de technicien supérieur (BTS) ou dans les formations offertes par les classes préparatoires aux grandes écoles, peuvent bénéficier du repas à un euro, s'il existe des restaurants gérés par le Crous dans leur environnement. Malheureusement, ils ne le peuvent pas dans la structure de restauration de leur lycée, laquelle relève, pour son fonctionnement, de la compétence de la région et non de celle de l'État.

C'est pourquoi nous avons travaillé avec les collectivités territoriales ou avec les lycées : nous avons parfois passé des conventions afin que nous puissions accompagner localement ces étudiants et répondre à leurs difficultés financières.

Pour aller plus loin encore dans ce traitement équitable des étudiants dans les établissements relevant de la compétence de l'État, un effort particulier se porte sur les étudiants des formations délocalisées qui maillent les villes d'équilibre, je pense notamment à certaines formations des instituts universitaires de technologie (IUT). De plus, pour permettre à tous d'accéder à des lieux où les études sont facilitées, près de 90 campus connectés et plus de 55 implantations du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) « cœur de ville » qui sont aujourd'hui proposés à l'ensemble des étudiants partout sur notre territoire et nous irons plus loin.

Mme la présidente. La parole est à M. Guillaume Chevrollier, pour la réplique.

M. Guillaume Chevrollier. Merci, madame la ministre, de votre réponse. Les élus locaux sont, eux, engagés partout sur le territoire pour soutenir les étudiants quel que soit le lieu de leurs études et ils mobilisent des actions très concrètes.

À mon sens, l'État devrait être davantage engagé aux côtés des élus, notre jeunesse mérite d'être soutenue, les apprentis comme les étudiants.

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