Question de M. LAHELLEC Gérard (Côtes-d'Armor - CRCE) publiée le 18/03/2021

M. Gérard Lahellec attire l'attention de M. le Premier ministre sur la situation de l'emploi que connaît le secteur des télécommunications dans le Trégor costarmoricain et singulièrement dans la zone géographique de Lannion.
Le développement exponentiel de ce secteur imputable à la grande ambition publique, qui a permis à la France de rattraper son retard et de se hisser au premier rang mondial du développement des télécommunications, mérite à ses yeux qu'en soient tirés des enseignements car, depuis plus de 30 ans, les plans sociaux viennent rythmer la vie de ce secteur. Ainsi, l'entreprise française Alcatel, devenue Alcatel-Lucent en 2006 et rachetée en 2015 par Nokia, fait actuellement l'objet de restructurations qui viennent à nouveau contrarier le développement économique et l'emploi.
Ce plan est en vérité la conséquence d'erreurs stratégiques et d'« alliances » ratées. Ainsi, de 1995 à 2006, la société avait déjà fermé plus de la moitié des sites quand dans le même temps Alcatel a délibérément renoncé au marché du téléphone mobile et de l'internet, pourtant en pleine expansion. En 2006, le nouveau groupe fusionné sous le nom d'Alcatel-Lucent, second équipementier télécom mondial, supprime 10 % des effectifs. Deux plans sociaux sont de nouveau mis en œuvre entre 2009 et 2012 et la série se poursuit en avril 2013 puisque le plan Shift « restaure » la rentabilité au prix de 10 000 emplois supprimés dans le monde, dont 700 en France. Enfin, en octobre 2015, Nokia obtient du ministère de l'économie l'accord réglementaire pour l'acquisition de son concurrent Alcatel-Lucent et procède à quatre plans sociaux successifs. Le constat est donc sans appel depuis le début des années 1990 : la stratégie est de faire de l'emploi une variable d'ajustement.
Les systèmes digitaux et la 5g étant des composants indispensables à la souveraineté du pays car la sécurité et la prospérité future sont assurées par les réseaux et infrastructures télécoms, il est nécessaire que la France ait une industrie avec une base nationale forte dans le domaine de la 5G, au vu de ce qu'elle permet en termes de technologies et d'applications.
Il lui semble nécessaire que le Gouvernement crée une alternative à la stratégie de Nokia qui reprendrait les sites et emplois détruits, rassemblant toutes les ressources nationales afin de créer un « nouvel équipementier télécom » permettant à la France d'être indépendante et a fortiori à l'Europe de l'être aussi. Il lui apparaît également que l'État, en régulant l'interopérabilité des systèmes, pourrait contribuer à cultiver une excellence française sans remettre en cause la mondialisation des échanges et les coopérations industrielles.
L'annonce récente de l'installation de Qualcomm sur le site de Lannion et la création de plusieurs emplois dont le nombre n'est cependant pas encore défini peuvent être accueillies positivement.
Le site de Lannion s'est affirmé tout au long de son histoire comme un pôle d'excellence en matière de télécommunications et s'est maintenu malgré un contexte social et industriel pas toujours facile en conservant ses savoir-faire, ses connaissances et ses moyens de production bien réels. À ses yeux, il y a de la place pour ces deux projets : la création d'un nouvel équipementier télécom, possiblement axé sur l'interopérabilité des systèmes, et la nouvelle installation du groupe américain. L'un dans l'autre, ils permettraient le renforcement et la préservation de l'existant tout en donnant un avenir à ce secteur vital de notre économie.
Cette ambition ne pourra être satisfaite que si les pouvoirs publics s'en emparent et la portent.

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Transmise au Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance - Industrie


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance - Industrie publiée le 13/05/2021

L'État est mobilisé pour s'assurer du fort ancrage de Nokia en France, héritage d'Alcatel-Lucent. Il a exprimé sa désapprobation la plus totale face au plan social annoncé en juin 2020 par Nokia, et les négociations ont été sans concession. Les salariés de Nokia disposent d'un savoir-faire précieux sur la 5G et la cybersécurité. C'est pourquoi l'Etat sera attentif à ce que les projets stratégiques annoncés par Nokia le 23 octobre 2020 permettent de préserver sur le long terme des compétences critiques en France. Ils devraient permettre de significativement réduire le nombre de suppressions d'emplois nettes sur le territoire. En parallèle, l'État s'investit pleinement pour trouver des solutions afin de maintenir le savoir-faire télécom du Trégor. C'est dans ce contexte que s'inscrit l'ouverture d'un centre de R&D par Qualcomm à Lannion. Ericsson a également annoncé fin février le renforcement de son centre de R&D 5G en France pour atteindre 300 personnes en 2023, dont quelques employés de ce centre pourront être localisés à Lannion, où Ericsson est déjà établi, en fonction des talents que le groupe pourra attirer localement. L'Etat tient à préparer l'avenir en soutenant des projets sur la 5G, au bénéfice de l'emploi et de la compétitivité des télécoms en France. Disposer d'une industrie forte, en particulier dans le domaine des télécoms, est en effet plus que jamais un objectif de politique publique. Dans le cadre du plan de relance, la 5G est identifiée comme l'un des marchés prioritaires à soutenir, en ce que la technologie 5G peut contribuer à améliorer la compétitivité et la reprise des autres secteurs de l'économie. Une stratégie d'accélération sur la 5G et les futures technologies de réseaux de télécommunications doit être annoncée prochainement. Pilotée par la direction générale des entreprises, cette stratégie a été élaborée en interadministration afin d'identifier les actions prioritaires à mettre en œuvre pour soutenir le développement de solutions souveraines sur les réseaux télécoms. Ces actions ont été priorisées en fonction des retours de l'écosystème télécom qui a été consulté sur le sujet au mois de février dernier. La stratégie d'accélération 5G doit donc s'articuler autour de 4 axes forts : - contribuer à la compétitivité de l'économie française permettant le développement des usages 5G au profit des territoires et de l'industrie (volet demande) ; - constituer une offre française souveraine sur les réseaux télécoms à horizon 2022-2023 (volet offre) ; - soutenir la R&D télécom sur les futures technologies de réseaux (volet R&D) ; - renforcer l'attractivité de la filière et de la formation sur les réseaux télécoms (volet formation). Un appel à manifestation d'intérêt visant à identifier les projets concrets qui pourront être portés dans le cadre de cette stratégie d'accélération a été lancé le 16 février 2021 et des projets portant sur le renforcement d'une offre souveraine sur les réseaux télécoms sont attendus. Sans attendre le lancement de la stratégie d'accélération 5G, l'Etat a d'ores et déjà engagé des actions concrètes pour le renforcement d'une filière télécom souveraine. L'Etat a annoncé fin 2020 son soutien au projet « xG souveraine » de l'IRT b<>com qui vise à développer une offre souveraine pour les réseaux 5G privés, avec 80 à 90% des effectifs mobilisés sur le projet à Lannion. Le projet prévoit la création de 92 postes et sera soutenu par un investissement public de 30 millions d'euros entre 2021 et 2027. Des premiers projets ont également déjà été soutenus dans le cadre de l'appel à projets souveraineté dans les réseaux de télécommunications du plan de relance. Des PME innovantes, de grands équipementiers et des acteurs de la recherche télécoms ont pu bénéficier du soutien de l'Etat pour développer des projets autour des usages de la 5G. C'est notamment le cas du projet « CRIIoT », porté par Sequans, qui associe des PME très innovantes (AW2S, Alsatis, Amarisoft), de grands verticaux (Safran, SNCF) et des acteurs de la recherche (CEA) pour développer une solution souveraine 5G permettant aux verticaux de connecter leurs objets et d'optimiser et sécuriser leurs usages. L'Etat est donc pleinement mobilisé pour conserver le riche savoir-faire du Trégor sur les télécoms.

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