Question de Mme LIENEMANN Marie-Noëlle (Paris - CRCE-R) publiée le 17/12/2020
Mme Marie-Noëlle Lienemann interroge M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports sur les actions qu'envisage le Gouvernement pour redresser une situation plus qu'alarmante dans la maîtrise des mathématiques et des sciences par les élèves de nos établissements scolaires.
Les résultats de la dernière enquête « Trends in International Mathematics and Science Study » (TIMSS), réalisée en mai 2019, concernant des élèves de quatrième et de CM1 sont catastrophiques pour nos enfants et notre pays. Ils consacrent l'effondrement de la France depuis plus de 25 ans dans ce classement entre pays de l'organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). La France est la dernière d'Europe et avant-dernière des pays de l'OCDE, juste devant le Chili, pour les mathématiques. Les résultats en sciences sont également mauvais.
S'agissant du lycée, des constats alarmants sont réalisés sur les conséquences de la réforme des lycées : les élèves de terminale générale ne sont plus que 58 % à étudier les mathématiques en terminale, là où ils étaient 92 % l'année dernière. Qui plus est, sur ces 58 % d'élèves préparant le baccalauréat, seuls 14 % cumulent la spécialité mathématiques (de six heures) et l'option mathématiques expertes (de trois heures), dépassant alors seulement les horaires de la terminale S option mathématiques (qui en prévoyait huit). Seulement 17 % suivent l'enseignement optionnel de trois heures « maths complémentaires » qui n'est sanctionné par aucun examen et ne fait pas toujours l'objet d'une présence assidue.
Ainsi sur l'ensemble du déroulement de la scolarité des jeunes Français, la situation de l'enseignement des mathématiques et des sciences est catastrophique et mérite un sursaut immédiat, une réorientation pérenne et majeure des conditions de ces apprentissages.
C'est d'autant plus important que, non seulement les évolutions technologiques accroissent les nécessités d'une bonne maîtrise et appréhension des mathématiques et des sciences, mais aussi parce qu'il en va de la formation de citoyens fondant leur jugement librement sur la base d'analyses éclairées, d'une pensée scientifique et critique. Les mathématiques, la logique et les sciences sont des piliers majeurs de cette éducation.
Elle lui demande donc quelles sont les mesures concrètes immédiates et les réorientations que l'éducation nationale va prendre, d'une part, pour améliorer rapidement les niveaux en mathématiques et en sciences des élèves, et d'autre part, pour réorganiser les matières enseignées en lycée, pour stopper l'hémorragie de l'enseignement des mathématiques et des sciences.
De surcroît, elle lui demande s'il ne conviendrait pas de développer sur tout le territoire national, s'agissant des activités périscolaires, des animations culturelles et de la politique de la ville, un grand plan de développement de la culture scientifique et technique, mobilisant ainsi un volet éducation populaire complémentaire à l'action des enseignants.
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 20/05/2021
Le ministère chargé de l'éducation nationale est très sensible aux résultats des études internationales, en particulier en mathématiques et une forte attention est portée à l'amélioration des résultats en mathématiques des élèves français. Ainsi, le rapport « 21 mesures pour l'enseignement des mathématiques », rédigé par Cédric Villani et Charles Torossian, fait l'objet d'une mission nationale spécifique depuis juin 2018, appuyée sur un réseau de chargés de mission académiques. Dès juillet 2018, un à deux chargés de mission ont été nommés dans chaque académie pour accompagner et suivre le déploiement du plan « mathématiques » basé sur les préconisations du rapport. Un fort accent a été mis sur la formation continue en mathématiques des professeurs des écoles. Ainsi, dans chaque circonscription a été désigné un « référent mathématiques ». Des formations entre pairs et en équipe sont organisées. Les référents mathématiques de circonscription ont bénéficié d'un plan national de formation très ambitieux (par exemple en 2019 : 3 sessions de 2 jours en métropole et 2 sessions de 3 jours dans les académies ultra-marines). Cette dynamique de formation et d'accompagnement au plus près du terrain vise à répondre aux besoins des différents territoires, et à apporter des solutions adaptées aux difficultés rencontrées et aux publics concernés. D'abord dans les lycées, puis dans un deuxième temps dans les collèges, un réseau de laboratoires de mathématiques a vu le jour. Ces laboratoires sont des lieux de formation, d'échanges entre pairs, de travail collaboratif et de valorisation de l'image des mathématiques auprès de tous les acteurs de la communauté éducative. En parallèle, un réseau de clubs de mathématiques, scolaires ou périscolaires, permet aux élèves de conserver ou de retrouver le goût de faire des mathématiques. Ces clubs, hors temps de cours, fédèrent les élèves autour d'activités suscitant l'engouement et la créativité. Par ailleurs, la DGESCO travaille également, avec le concours de l'inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR), à la mise en uvre en académie d'un plan pour les mathématiques au collège à la rentrée 2021. Des travaux sont actuellement en cours sur les différentes thématiques que porte ce plan : les pratiques d'enseignements, le continuum didactique école-collège, le pilotage de la discipline, la valorisation de l'image des mathématiques. Les actions (productions de ressources, pilotage ) issues de ce plan seront accompagnées de formations à destination des différents acteurs concernés. Une action nationale de formation de deux jours est prévue au plan national de formation (PNF) en fin d'année scolaire 2020-2021. Au lycée général et technologique, la réforme du lycée et du baccalauréat 2021 a été conduite en prenant en compte l'importance des matières scientifiques, et en particulier des mathématiques, dans la formation générale des lycéens. Les élèves ont en effet la possibilité de choisir un enseignement de spécialité « mathématiques » d'une durée hebdomadaire de 4 heures en classes de première générale, de 6 heures en classes de terminale générale. A la rentrée scolaire 2020, 63,7 % des élèves en classe de première générale et 41 % des élèves en classe de terminale générale ont choisi l'enseignement de spécialité « mathématiques ». Cet enseignement peut être choisi en complément d'autres enseignements (scientifiques ou non), puisque l'élève a la possibilité de choisir trois enseignements de spécialité en classe de première et deux enseignements de ce type en classe de terminale. Cette disposition rend possible des combinaisons variées en fonction du choix des élèves et de leur projet d'études. A la rentrée scolaire 2020, la triplette d'enseignement de spécialités « mathématiques, physique-chimie, SVT » est la plus choisie, pour un quart des élèves de première générale. En ce qui concerne, le programme de l'enseignement de spécialité « mathématiques », le niveau d'exigence du programme de cet enseignement répond aux besoins des élèves qui se destinent à des études supérieures scientifiques. Ils ont la possibilité de compléter l'enseignement de spécialité, par un enseignement optionnel « mathématiques expertes » d'un volume horaire de 3 heures hebdomadaires. A la rentrée scolaire 2020, 13,7 % des élèves de terminale suivent un enseignement optionnel de « mathématiques expertes ».
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