Question de M. BENARROCHE Guy (Bouches-du-Rhône - GEST) publiée le 17/12/2020
M. Guy Benarroche attire l'attention de Mme la ministre de la transition écologique sur la question de la centrale thermique de Matouri en Guyane.
Les différentes déclarations de ces derniers mois, qu'elles émanent de la direction d'EDF, du préfet ou du ministère, n'ont toujours pas permis d'avoir une visibilité claire de la mise en place de la centrale de Matoury.
Installée sur une commune côtière, l'autorisation de sa construction a déjà nécessité sa sortie de la loi littoral de la commune (située dans une forêt marécageuse).
Coup sur coup, dans un communiqué du 17 octobre 2020, la ministre avait annoncé « qu'il était hors de question de miser sur le fioul » et qu'elle avait demandé une réorientation pour s'assurer que la centrale puisse fonctionner aux biocarburants dès son ouverture prévue pour 2024.
D'après plusieurs journaux pourtant, l'arrêté préfectoral du 23 octobre mentionnait bien que, « à la mise en service de la centrale thermique, les moteurs fonctionnent au fioul domestique ». Le préfet avait dû faire une mise au point quelques jours plus tard, maintenant que l'exploitation de la centrale se ferait bien « dès sa mise en service au biocarburant ».
La direction d'EDF assurant pourtant au même journal que : « on met tout en œuvre pour être prêt, mais on ne garantit pas que le démarrage se fera en biomasse liquide ».
Sur la définition même des biocarburants, l'arrêté encore une fois ne reprendrait pas dans l'intégralité la parole ministérielle, ne faisant état que d'une interdiction de l'huile de palme (et pas de celle de la filière soja comme indiqué par la ministre).
Aussi, il lui demande si l'engagement de l'État dans une transition écologique forte pourrait se faire sans les outre-mer, et donc si la centrale de Matoury fonctionnera bien dès sa mise en service à partir de biocarburants ne présentant pas de risques trop élevés dans l'affection des sols.
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Réponse du Ministère de la transition écologique publiée le 21/01/2021
Afin de garantir la sécurité d'approvisionnement en électricité de la Guyane dans un contexte de croissance forte de la demande, il était envisagé jusqu'alors, conformément à la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) de 2017, de remplacer la centrale au fioul lourd de Degrad-des-Cannes, vétuste et qui sera arrêtée en 2023, par une centrale à fioul léger. Suite à un échange avec M. Rodolphe Alexandre, Président de la Collectivité Territoriale de Guyane, et au regard de l'impact écologique d'un tel projet, il a été demandé à EDF de réorienter le projet et de retenir la biomasse liquide comme unique source d'énergie de la nouvelle centrale, dès sa mise en service industrielle. Cette réorientation du projet permettra de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre puisqu'elles seront au moins trois fois inférieures au projet initial et quatre fois inférieures à celles de l'actuelle centrale de Degrad-des-Cannes. Ce projet réduira également fortement les émissions d'oxydes d'azote et d'oxydes de soufre. Un plan d'approvisionnement du territoire en bioliquides durables, incluant un volet lié à la production locale, devra être arrêté d'ici 2023. Une attention toute particulière sera portée sur le respect des critères de durabilité des biocarburants qui devront être conformes aux directives européennes. En particulier, ils ne devront pas provenir de matières premières présentant un risque élevé d'induire des changements dans l'affectation des sols. L'utilisation d'huile de palme et de soja sera notamment exclue. Le projet se substitue à toutes les installations fossiles existantes et polluantes sur Cayenne et à la turbine à combustion fixe de Kourou. La puissance de la centrale sera adaptée avec d'éventuelles mises sous cocon de moteurs, en fonction du développement des projets d'électricité renouvelable et de l'équilibre offre-demande, comme le prévoit l'arrêté préfectoral d'autorisation environnementale signé le 22 octobre 2020. Pour accélérer le développement des énergies renouvelables et lever les freins à leur implantation, en particulier concernant l'énergie photovoltaïque, le principe d'une révision simplifiée de la PPE a été convenu avec la Région d'ici fin 2020 pour acter juridiquement : la conversion de la centrale aux bioliquides, la priorité donnée aux installations de production d'électricité renouvelable valorisant une source de production locale, le principe selon lequel la centrale a vocation à assurer les ajustements nécessaires à l'équilibre offre-demande, un plan d'approvisionnement du territoire en bioliquides durables, incluant un volet lié à la production locale, devra être arrêté d'ici 2023, en complément et afin de favoriser le développement de projet photovoltaïque à puissance garantie en complément des projets biomasse, il est proposé d'exclure ces projets de la limitation de surface cumulée des installations solaires au sol. Cette orientation devra aussi faire l'objet d'une révision simplifiée du Schéma d'Aménagement Régional. Cette modification simplifiée ne remet pas en cause les travaux de révision de la PPE actuellement en cours. Ces orientations répondent aux enjeux guyanais en matière d'énergie : garantir la sécurité d'approvisionnement en électricité dans un contexte de forte croissance démographique, avec une population très inégalement répartie sur le territoire et un taux de croissance très hétérogène ; s'inscrire dans la trajectoire de la PPE et de la stratégie outre-mer 5.0 vers une production d'énergie décarbonée. Avec la Collectivité territoriale de Guyane, l'État appuie la dynamique de la transition énergétique avec : la structuration de la filière de la biomasse par le Contrat de Transition Energétique qui doit permettre de réaliser les objectifs inscrits dans la PPE ; le relèvement des ambitions portées par la collectivité et l'Etat sur la maîtrise de la demande en énergie (MDE) et le renforcement des moyens (+125 M) qui devraient diminuer de 14 % la consommation d'électricité du territoire par rapport à la consommation constatée en 2017 ; la territorialisation pour chaque ZNI des appels d'offres relatifs aux énergies renouvelables, notamment le photovoltaïque, qui doit permettre de répondre exactement aux objectifs de la PPE ; le développement de projets innovants recourant notamment à l'hydrogène.
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