Question de Mme ROSSIGNOL Laurence (Oise - SER) publiée le 10/12/2020
Mme Laurence Rossignol attire l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur le défaut d'information concernant la contraception d'urgence. Elle a eu connaissance de plusieurs témoignages concordants de femmes relatant une grossesse non désirée malgré la prise d'une contraception d'urgence, le point commun de ces derniers étant la corpulence importante de ces femmes.
La contraception d'urgence serait moins efficace sur les femmes de plus de 75 kg, voire inefficace sur celles pesant plus de 80 kg. Aucune étude ne démontre cependant avec certitude le lien entre indice de masse corporelle (IMC) élevé et échec de la contraception d'urgence.
C'est le laboratoire HRA Pharma qui, sur la base de deux larges études cliniques, a conclu en 2013 à une « efficacité contraceptive réduite » du lévonorgestrel au-delà d'un certain poids. Cette conclusion est partagée par l'organisation mondiale de la santé, l'agence européenne des médicaments et au niveau national par le collège national des gynécologues et obstétriciens français.
Ainsi, avec le Lévonorgestrel acétate, les femmes ayant un IMC supérieur à 26 auraient 2,09 fois plus de risques de tomber enceinte que les femmes ayant un IMC dit normal et 4,41 fois plus de risques pour les femmes avec un IMC supérieur à 35. Avec l'Ulipristal, on parle respectivement de 0,97 et 2,62 fois plus de risques de tomber enceinte malgré la prise d'une contraception d'urgence.
Pour pallier cette potentielle inefficacité, il est recommandé la pose d'un stérilet dans les cinq jours qui suivent un rapport non protégé comme moyen de contraception d'urgence pour les femmes ayant un IMC supérieur à 26. Cet acte médical, plus contraignant que la prise de la pilule dite « du lendemain », est une contraception non ponctuelle qui devrait relever du seul choix de la femme concernée.
Dès 2013, la Commission européenne a exigé que le risque pour les femmes « en surpoids » soit indiqué sur les notices d'emballage des contraceptifs d'urgence. Ainsi, les notices des deux pilules d'urgence Norvelo et Ellaone précisent que « certaines données suggèrent que Norvelo/Ellaone serait moins efficace avec une augmentation du poids corporel ou de l'IMC, mais ces données sont limitées et non concluantes. Norvelo/EllaOne est donc toujours recommandé pour toutes les femmes quel que soit leur poids ou leur IMC. »
Cette mise en garde, qui figure en petite police sur les notices, n'est pas réellement connue des patientes. Outre le fait qu'il est fréquent que les usagères ne lisent pas la notice des médicaments dans son intégralité, le contexte d'urgence de la prise de celui-ci rend quasiment impossible la connaissance de cette information pourtant majeure. Elles ont plus tendance à se fier aux recommandations de leur pharmacien, mais ces derniers ne semblent pas toujours avoir connaissance de cette information.
Nous ne sommes pas tous égaux face à la santé, mais il est anormal que nous ne le soyons pas dans la prise en charge médicale. Les personnes grosses sont délaissées des champs d'études scientifiques, a fortiori des études cliniques sur les contraceptifs. Cela a des conséquences concrètes et graves, les personnes avec un IMC supérieur à 25 déclarant quatre fois plus de grossesses non désirées ou d'avortements que les femmes du même âge ayant un IMC dit normal (étude de l'institut national de santé et de recherche médicale - INSERM de 2010).
Il est donc nécessaire de mener une étude approfondie sur le sujet et d'augmenter l'information des femmes concernées, ainsi que celle des professionnels de santé.
Elle lui demande donc s'il envisage de diligenter une étude afin d'avoir des résultats précis et certains sur la baisse d'efficacité de la contraception pour ces femmes et, en attendant lesdits résultats, quelles sont les solutions envisagées afin de rendre effective l'information des patientes et des professionnels de santé.
- page 5833
Transmise au Ministère de la santé et de la prévention
La question est caduque
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