Question de Mme LEPAGE Claudine (Français établis hors de France - SER) publiée le 19/11/2020

Mme Claudine Lepage attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur les aides apportées au Liban. Ce pays vit la pire crise économique de son histoire, aggravée par la pandémie mais aussi par un contexte politique délicat, exacerbé par des tensions entre le Hezbollah et les États-Unis. La double explosion qui a frappé le port de Beyrouth a enfoncé le pays du Cèdre dans une situation catastrophique.

La France s'est rapidement investie afin d'aider le Liban à se reconstruire. Trois mois après la double explosion du port Beyrouth, elle s'interroge sur l'effectivité des annonces et plus particulièrement sur l'envoi de 20 000 tonnes de blé et 20 000 tonnes de farine que la France devait fournir pour le courant du mois d'octobre 2020. L'histoire est implacable, les pénuries de blé réveillent régulièrement les spectres de famines, violences voire déstabilisation des pays. La fourniture de ces produits de base est dès lors d'une importance capitale pour ce pays dont plus de la moitié de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté. Les céréaliers français ont déjà apporté une aide conséquente à destination du Liban et souhaitent s'engager dans la reconstruction de ce pays qui a perdu son grenier à céréales dans l'explosion du 4 août 2020. Cet envoi serait le signe d'une solidarité de nos meuneries, de notre agriculture et plus avant, de notre pays et rappellerait les liens historiques qui nous unissent. Elle l'interroge donc sur l'avancée de cette initiative qu'elle juge importante pour la place et le rôle de nos céréaliers dans le monde.

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 05/08/2021

Le Liban connaît une situation d'insécurité alimentaire qui affecte, notamment, les populations réfugiées originaires de Syrie ou des Territoires palestiniens. De plus, la crise économique et financière qui sévit actuellement au Liban, et qui se traduit notamment par une augmentation substantielle du coût de l'alimentation, renforce la précarité de nombreuses familles et entraîne des situations d'insécurité alimentaire chez les populations les plus vulnérables. Les destructions du 4 août 2020, qui ont touché le principal silo à grain et détruit les premières infrastructures portuaires nationales dans un pays fortement dépendant des importations en matière alimentaire, les conséquences de la pandémie de la Covid-19, ainsi que les effets de la crise et la dépréciation de la livre libanaise, sont venus accroître le nombre des personnes vulnérables et dépendantes d'une aide extérieure. Le Programme alimentaire mondial (PAM) estime ainsi qu'en 2021, 21% de la population libanaise et 50% des réfugiés syriens sont en situation d'insécurité alimentaire. Ce pays est également cité dans le rapport conjoint FAO-PAM de mars 2021 comme l'un des vingt foyers névralgiques de l'insécurité alimentaire aigüe dans le monde. Concernant l'aide humanitaire internationale, et depuis la ratification par la France, en 2017, de la Convention de Londres relative à l'assistance alimentaire, l'accent est porté sur d'autres types d'aide que l'envoi des surplus alimentaires, en encourageant notamment l'achat des aliments sur les marchés locaux ou régionaux. Ces modalités permettent d'éviter les impacts négatifs de l'aide en nature (déstabilisation des marchés agricoles et des petits producteurs locaux notamment), qui entravent le rétablissement des capacités productives. Au lendemain de l'explosion à Beyrouth, le ministère de l'Europe et des affaires étrangères a coordonné, dans l'urgence, l'envoi de 500 tonnes de farine par les meuniers français, dans le cadre du pont aérien mis en place en août. Par la suite, au regard des analyses fournies par le Programme alimentaire mondial, de la situation des marchés locaux et des besoins exprimés par le Liban, il a été jugé préférable d'apporter une aide financière, plutôt qu'une aide en nature, pour contribuer à la sécurité alimentaire des Libanais sans déstabiliser la production et les marchés locaux. Ainsi, au titre des deux premières tranches de l'Aide alimentaire programmée (AAP), mise en œuvre par le ministère de l'Europe et des affaires étrangères et qui vise à renforcer la résilience des populations vulnérables dans des contextes de crises alimentaires, 3,5 millions d'euros ont été accordés au Liban en 2020, dont 1 million d'euros à la suite de l'explosion à Beyrouth. Les projets correspondants ont été mis en œuvre par le PAM, l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et les ONG Action contre la faim et Première Urgence Internationale. En complément, une allocation supplémentaire de 0,5 M€ vient d'être décidée en troisième tranche, portant le soutien en matière d'AAP au Liban à 4 M€ en 2021. En 2021, 3,5 millions d'euros ont d'ores et déjà été attribués au Liban, dans le cadre des deux premières tranches de l'AAP. La France co-présidera avec les Nations Unies, le 4 août prochain, une troisième conférence de mobilisation de l'aide internationale en soutien à la population du Liban, à la suite des deux premières qui se sont tenues en août et décembre 2020.

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