Question de M. ANGLARS Jean-Claude (Aveyron - Les Républicains-A) publiée le 19/11/2020
Question posée en séance publique le 18/11/2020
M. Jean-Claude Anglars. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance.
Monsieur le ministre, le vendredi 6 novembre, lors de la réunion du comité stratégique de la filière automobile, vous avez demandé la prolongation pour six mois des aides à l'achat de voitures neuves, à l'exception des voitures hybrides diesel, qui seront exclues du dispositif à compter du 1er janvier 2021.
Ce faisant, vous avez officialisé ce que beaucoup redoutaient depuis la déclaration de Mme la ministre de la transition écologique sur Twitter le 12 octobre dernier : vous avez fait le choix de condamner le diesel hybride. Vous avez fait ce choix sans attendre les résultats de l'étude scientifique indépendante, pourtant sollicitée par le Gouvernement en 2019, lorsque vous vous disiez favorable à ce que les nouveaux véhicules diesel moins polluants puissent être éligibles à la vignette CRIT'Air 1.
Cette politique économique conduit à aggraver la désindustrialisation de la France dans de nombreux territoires, alors même que le Président de la République appelle à relocaliser l'industrie sur le sol français. Les discours sur la réconciliation entre industrie et écologie ne trompent personne lorsqu'ils nous sont démentis par les faits. Bien évidemment, le diesel de seconde génération doit prendre part à la transition écologique, mais, par vos mesures, vous faites un autre choix et les usines ferment.
Concrètement, en Aveyron, l'usine de l'équipementier allemand Bosch d'Onet-le-Château, plus gros employeur du bassin d'emploi de Rodez, est menacée par la suppression d'au moins 30 % des emplois du site et plus encore par l'éventualité d'une fermeture définitive, évoquée lors du dernier comité social économique de l'entreprise.
Aussi, monsieur le ministre, pourquoi condamner définitivement la filière automobiles diesel en France, dont les efforts, dans le cadre de la transition écologique, sont considérables et alors que vous sembliez la soutenir voilà encore six mois ?
Que comptez-vous faire pour sauver le site aveyronnais Bosch d'Onet-le-Château ? Pourquoi faire le choix de la désindustrialisation et du sacrifice de milliers d'emplois au profit d'une transition écologique mal appliquée ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la relance publiée le 19/11/2020
Réponse apportée en séance publique le 18/11/2020
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance.
M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la relance. Monsieur le sénateur, je veux tout d'abord vous rassurer pour ce qui concerne l'usine Bosch de Rodez. Comme vous le savez, j'ai reçu les ouvriers voilà quelques mois, et nous sommes en contacts réguliers ; Agnès Pannier-Runacher suit également ce dossier de très près.
Bosch a pris des engagements, non seulement sur le maintien de l'emploi à Rodez, mais aussi sur la modernisation d'un certain nombre de lignes de production et sur la diversification, notamment dans l'aéronautique.
Vous conviendrez avec moi que cette diversification est aujourd'hui complexe à mettre en uvre, eu égard à la situation du secteur aéronautique. Pour autant, Bosch doit tenir ses engagements vis-à-vis des salariés de Rodez ; Agnès Pannier-Runacher et moi-même y veillerons.
La filière automobile représente 400 000 emplois directs, 4 000 entreprises et des centaines de sous-traitants. Il est bien évidemment nécessaire de la soutenir massivement, comme nous l'avons fait. Mais la soutenir, c'est d'abord l'accompagner dans cette transition, depuis un XXe siècle qui était celui du véhicule thermique vers un XXIe siècle qui sera celui du véhicule électrique. La chance de la France est de s'engager totalement, pour disposer, demain, d'une industrie puissante dans le secteur du véhicule électrique et du véhicule autonome.
Nous pouvons tous nous féliciter que la France soit le seul pays en Europe à avoir lancé, conjointement avec l'Allemagne, une politique de relocalisation industrielle, pour créer ses propres batteries électriques. Avec le site de PSA, dans le Nord, et celui de Kaiserslautern, demain, en Allemagne, ce sont 2 000 emplois à la clé, l'autonomie en matière de création de batteries électriques et la fin de notre dépendance vis-à-vis de la Chine et de la Corée du Sud.
Ce que nous voulons faire, monsieur le sénateur, c'est accélérer la transformation de l'industrie française, pour devenir au XXIe siècle, dans le secteur de l'automobile comme dans ceux des télécommunications, de l'aéronautique ou de l'espace, une grande puissance industrielle mondiale. Et nous y parviendrons, croyez-moi ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. Bruno Sido. Très bien !
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