Question de M. DOSSUS Thomas (Rhône - GEST) publiée le 13/11/2020

Question posée en séance publique le 12/11/2020

M. Thomas Dossus. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

Monsieur le ministre, en août dernier, vous affirmiez : « Nous sommes préparés à tout. » Depuis, tout le monde a pu constater que vous êtes plus dans l'improvisation que dans l'anticipation. Face à la deuxième vague, trois jours avant la rentrée de novembre, vous avez proposé un nouveau protocole sanitaire dit « renforcé ». Ce protocole s'est avéré inapplicable, voire inefficace, dans de nombreux établissements ; des lycéens et lycéennes se sont mobilisés et, après leur avoir répondu par la matraque, vous êtes tout de même convenu d'un ajustement substantiel en généralisant les demi-groupes dans les lycées.

Mardi, le corps enseignant du secondaire s'est mobilisé pour demander un soutien renforcé de l'État, notamment dans les collèges. Du point de vue de la sécurité des enseignants, en effet, comment expliquer que l'obligation d'enseignement présentiel soit fixée à 50 % dans les lycées et maintenue à 100 % dans les collèges ? Et comment allez-vous, à l'avenir, assurer cette sécurité ou pérenniser les demi-groupes, alors que 1 800 postes seront supprimés dans le secondaire à la rentrée de 2021, cette suppression n'étant compensée que par des heures supplémentaires ?

L'épidémie met à mal un certain nombre de piliers de notre République : celui de l'éducation, au fondement même de notre contrat social, est fortement touché.

Monsieur le ministre, les écologistes s'accordent avec la volonté de votre ministère d'assurer la continuité pédagogique, y compris dans la filière professionnelle ; la fermeture totale des établissements serait catastrophique. Mais votre gestion politique laisse encore trop d'enseignants, de personnels et d'élèves exposés à la pandémie. Ce que les enseignants et le personnel pédagogique appellent de leurs vœux, ce sont des mesures sanitaires spécifiques, mais surtout un soutien constant, notamment budgétaire, pour assurer pleinement leurs missions de service public dans un contexte certes complexe, mais appelé à durer.

Les solutions existent ; elles sont mises en œuvre dans d'autres pays : recrutement massif de personnels enseignants, allégement des classes, investissement dans l'aération, soutien matériel au téléenseignement et, surtout, généralisation au collège des classes en demi-groupes.

Monsieur le ministre, ma question est la suivante : allez-vous enfin rapidement mettre en œuvre des mesures pour assurer la sécurité de tous les enseignants, personnels et élèves ? (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 13/11/2020

Réponse apportée en séance publique le 12/11/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur Dossus, à écouter votre intervention, je me dis que nous pourrions tomber d'accord si nous étions dans un pays plus consensuel : nous partageons, en effet, les mêmes objectifs. Vous l'avez dit : vous êtes pour que les élèves aillent à l'école. Vous avez dit aussi que vous étiez pour des protocoles sanitaires stricts. Un jour, des historiens feront le bilan de tout ce qui a été dit, dans les hémicycles des deux chambres, sur ces sujets ; nous verrons, alors, où est la cohérence… (Oh ! sur des travées des groupes GEST, SER, CRCE et Les Républicains.)

Mme Pascale Gruny. Quelle agressivité !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Pour ce qui est du protocole sanitaire, il a été élaboré au mois de juillet. Il est public depuis lors. Sa logique est celle d'un curseur ; autrement dit, nous sommes capables d'en accentuer certains éléments ou, au contraire, de revenir en arrière en fonction de la situation épidémique. C'est ainsi qu'un « protocole sanitaire 1 » a été mis en œuvre en septembre et octobre. Ce protocole – je l'affirme – a été un succès. Il fait de nous l'un des rares pays qui ont réussi à faire revenir en classe tous leurs professeurs et tous leurs élèves. Regardez les courbes épidémiques récentes, y compris celles de Santé publique France : c'est pendant les périodes de vacances que la contamination est la plus forte. Et c'est justement en septembre et octobre que nous avons pu obtenir le succès dont je viens de parler, grâce au travail de tous – il ne s'agit pas de la personne du ministre : ce sont les un million de personnels de l'éducation nationale qui ont fait respecter le protocole sanitaire et ont permis ces résultats.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie. Tout va bien !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Avec l'accélération de la circulation du virus, nous prenons, à la rentrée, des mesures plus strictes encore. Dès la rentrée, j'ai dit que des assouplissements seraient possibles ; nous avons d'ailleurs mis en œuvre de tels assouplissements la semaine dernière.

Évidemment, ce genre de situations présente des inconvénients, qu'il est assez facile, pour une opposition, de souligner. Néanmoins, sur le terrain, nous avons réussi à ce que la plupart des écoles, des collèges et des lycées puissent continuer à fonctionner de façon aussi normale que possible.

Vous dites qu'il y a une contestation ? Il y a eu 8,38 % de grévistes la semaine dernière. Je sais bien que vous pensez que, en période de crise sanitaire, il faut créer davantage de conflictualité politique ;… (Protestations sur les travées du groupe SER, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)

M. Christian Cambon. Ces propos sont de trop !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. … j'aimerais, moi, qu'il y en ait moins et que vous regardiez les performances de la France, qui sont, au contraire de ce que vous dites, bien meilleures que celles de la plupart des pays comparables. (Protestations sur des travées des groupes GEST, SER et Les Républicains. – Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Thomas Dossus, pour la réplique.

M. Thomas Dossus. Monsieur le ministre, les chiffres de Santé publique France sont bien supérieurs aux chiffres de votre ministère. Donnez-vous enfin les moyens budgétaires de faire appliquer les protocoles et d'assurer l'indispensable service public de l'éducation, « quoi qu'il en coûte » ! (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

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