Question de Mme LOISIER Anne-Catherine (Côte-d'Or - UC-R) publiée le 26/11/2020
Mme Anne-Catherine Loisier attire l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur la nécessité de soutenir le secteur des services à domicile.
De fait, alors que le Gouvernement prône le maintien à domicile le plus longtemps possible, les professionnels des services d'accompagnement et d'aide à domicile sont les grands oubliés du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2021.
De fait, les personnes âgées dépendantes accueillies dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) représentent 40 % des personnes bénéficiant de l'allocation personnalisée à l'autonomie (APA). Les autres 60 % des bénéficiaires de l'APA sont pris en charge à leur domicile, sans compter toutes les personnes dépendantes mais non bénéficiaires de l'APA.
Si l'on peut se réjouir des 1,4 milliard d'euros prévus dans le PLFSS pour 2021 pour revaloriser les salaires dans les EHPAD, il est difficile de comprendre que seuls 200 millions d'euros soient prévus pour les acteurs de l'accompagnement à domicile. Pour que le ratio soit respecté, il ne faudrait pas moins de 2,1 milliards !
Une immense majorité des Français souhaite demeurer à domicile le plus longtemps possible. Pour cela, les services d'accompagnement sont essentiels. Si ce secteur n'est pas encouragé, il risque de ne pas survivre aux tensions actuelles. Son déclin entraînerait une surcharge des services publics hospitaliers.
Il faut avoir à l'esprit qu'une journée d'hospitalisation dans un service général coûte environ 1 200 euros par jour. En comparaison, l'ensemble des services pour une personne maintenue à domicile revient à 550 euros par jour.
Elle lui demande donc comment le Gouvernement entend ne pas laisser de côté le secteur stratégique de l'accompagnement à domicile qui est la clef de voute d'un projet de société solidaire et d'une fin de vie apaisée.
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Réponse du Ministère auprès de la ministre de la transition écologique - Transports publiée le 08/10/2021
Réponse apportée en séance publique le 07/10/2021
M. le président. La parole est à Mme Anne-Catherine Loisier, auteure de la question n° 1375, adressée à M. le ministre des solidarités et de la santé.
Mme Anne-Catherine Loisier. Monsieur le ministre, permettez-moi de revenir sur les oubliés du Ségur et de faire un zoom particulier sur les services de maintien à domicile et les personnes âgées dépendantes qui sont, je pense, une priorité pour le Gouvernement.
Les personnes âgées dépendantes accueillies dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ne représentent que 40 % des bénéficiaires de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA). Les 60 % restants sont des personnes maintenues à domicile et je ne compte pas les personnes âgées dépendantes non bénéficiaires de l'APA qui, elles aussi, restent à domicile.
Si l'on peut se réjouir qu'un peu plus de 1,4 milliard d'euros soient prévus dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2021 afin de revaloriser les salaires des personnels des Ehpad, il est difficilement compréhensible, monsieur le ministre, que seuls 200 millions d'euros soient prévus pour les acteurs de l'accompagnement à domicile. Si on leur avait appliqué le même ratio qu'aux personnels des Ehpad, il aurait fallu prévoir plus de 2 milliards d'euros.
Ces acteurs n'ont bénéficié à ce jour d'aucune mesure de revalorisation dans le cadre du Ségur, notamment de leur point de secteur. Ils sont tributaires des décisions des agences régionales de santé et des conseils départementaux. Nous le savons tous : au quotidien, cette situation les met dans de grandes difficultés financières, qui pourraient les conduire à fermer purement et simplement un certain nombre de services dans les prochains mois.
Nous le savons, une immense majorité des Français souhaitent rester à domicile. Nous devons les y aider. Mais force est de constater qu'un certain nombre de services d'accompagnement ne pourront pas survivre aux tensions et aux crises qu'ils connaissent actuellement.
Je rappelle enfin qu'une journée d'hospitalisation coûte en moyenne plus de 1 200 euros, contre 550 euros environ pour une journée de prise en charge à domicile.
Que comptez-vous faire, monsieur le ministre, pour accompagner ces établissements et répondre à la demande croissante des Français de services d'accompagnement à domicile ?
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.
M. Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué auprès de la ministre de la transition écologique, chargé des transports. Madame la sénatrice Loisier, le ministre de la santé ne pouvant être présent, il m'a chargé de vous répondre.
Cela faisait longtemps que les aides à domicile du secteur associatif espéraient une revalorisation salariale, alors qu'il leur fallait compter dix-sept ans d'expérience pour obtenir un salaire supérieur au SMIC, ce qui n'était pas acceptable.
Pleinement révélé pendant la crise, l'engagement de ces professionnels les honore. Ils exercent un métier noble, qui mérite d'être davantage reconnu. Dès l'été 2020, l'État a donc acté le financement de la prime covid. Nous aurons de plus en plus besoin de ces métiers : des emplois devront être créés par dizaines de milliers pour accompagner nos concitoyens, qui souhaitent massivement vieillir à domicile.
Il fallait donc apporter une première réponse aux salariés de la branche de l'aide à domicile : ils l'attendaient depuis quinze ans. Des négociations conventionnelles avaient été ouvertes et la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) a permis à l'État d'accompagner le financement de cette revalorisation historique de 15 % en moyenne, laquelle est entrée en vigueur il y a quelques jours et concerne pour l'instant les aides à domicile exerçant dans un réseau associatif.
Le coût de cette revalorisation pour les départements, dont relève cette compétence, sera allégé de moitié, et même de 70 % en 2021. C'est historique, tant par les montants mobilisés que par la démarche partenariale engagée.
Nous avons besoin d'accompagner toutes les structures du secteur de l'aide à domicile, y compris celles du secteur privé commercial, afin de leur permettre de mieux rémunérer et de mieux former leurs salariés. Il s'agit ainsi de rendre ces emplois d'avenir plus attractifs.
C'est pourquoi, comme le Premier ministre l'a annoncé il y a quelques jours, il sera proposé au législateur de créer un tarif plancher national applicable par tous les départements afin de valoriser les plans APA et PCH (prestation de compensation du handicap). Cette disposition figurera dans le prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale. Le tarif plancher, fixé à 22 euros par heure, sera applicable à compter du 1er janvier prochain et garanti par un financement d'État. Cette mesure permettra aux services d'aide et d'accompagnement à domicile (SAAD), quels que soient leur statut et leur département d'implantation, d'être mieux financés, ce qui favorisera les augmentations salariales légitimes des aides à domicile.
M. le président. La parole est à Mme Anne-Catherine Loisier, pour la réplique.
Mme Anne-Catherine Loisier. Je remercie, monsieur le ministre, le Gouvernement pour ces engagements. Nous serons attentifs, sur le terrain, à ce que les départements les respectent.
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