Question de Mme DREXLER Sabine (Haut-Rhin - Les Républicains-A) publiée le 29/10/2020
Question posée en séance publique le 28/10/2020
M. le président. La parole est à Mme Sabine Drexler, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Sabine Drexler. Ma question s'adresse à M. le ministre des solidarités et de la santé.
Le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, tire depuis lundi la sonnette d'alarme : l'épidémie de la covid-19 est incontrôlée et la situation dans nos hôpitaux devient très périlleuse. Certains services de réanimation sont d'ores et déjà saturés. L'épidémie flambe et des Français meurent.
Votre devoir, monsieur le ministre, est non seulement de protéger à tout prix les Français, mais aussi et avant tout d'anticiper. Le Conseil scientifique avait prévu dès juillet dernier une deuxième vague. Aujourd'hui, cette vague déferle, incontrôlée, et les Français ont le sentiment que rien n'a été anticipé depuis la fin du confinement, que rien n'a changé à l'hôpital par rapport au printemps dernier.
Il est vrai que l'organisation hospitalière aurait mérité qu'un plan d'anticipation soit élaboré pendant l'été afin de pouvoir augmenter rapidement le nombre de soignants et permettre l'ouverture d'un plus grand nombre de lits de réanimation.
Monsieur le ministre, plutôt que de dévaloriser certaines professions paramédicales en accordant des autorisations temporaires d'exercice à des personnes qui n'ont pas d'expérience, pourquoi ne pas s'autoriser à surclasser, via un temps de formation, et pour quelques tâches limitées, les aides-soignants et les infirmiers, comme l'a suggéré le professeur Philippe Juvin, chef du service des urgences de l'hôpital européen Georges-Pompidou à Paris ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 29/10/2020
Réponse apportée en séance publique le 28/10/2020
M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.
M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Pour le coup, madame la sénatrice Drexler, vous avez parfaitement raison : il faut anticiper et être capable de former davantage de personnels soignants.
Je note que vous n'avez pas suggéré, comme j'ai pu l'entendre çà et là, que nous aurions pu former davantage d'anesthésistes pendant l'été. C'est sans doute que chacun sait ici qu'il faut dix ans pour former un anesthésiste
Je considère d'autant plus que vous avez raison, madame la sénatrice, que c'est justement ce que nous avons fait. Par « nous », je ne vise pas le Gouvernement ou vous, les sénateurs, mais les régions, les hôpitaux, les facultés, qui se sont organisés.
M. Jacques Grosperrin. Et les cliniques !
M. Olivier Véran, ministre. Nous avons tout d'abord supprimé le concours d'entrée dans les études d'aide-soignant. Nous l'avions d'ailleurs fait dès avant la crise sanitaire, ce que personne ne regrette. Les régions ont augmenté le nombre de places en formation : plus de 1 000 places pour les infirmiers et plus de 1 000, également, pour les aides-soignants. La formation prend du temps, comme vous l'avez souligné, mais nous sommes justement dans l'anticipation en prévoyant que nous pourrions avoir besoin de milliers de soignants supplémentaires dans un an ou deux.
Oui, madame la sénatrice, dans certains territoires, nous recrutons des personnes faisant fonction d'aide-soignant, des agents de soins ayant des missions moins qualifiées. Ce n'est pas déshonorant, je l'ai fait pendant près de trois ans, quand j'étais jeune étudiant : je suis monté jusqu'au niveau d'aide-soignant dans un Ehpad. J'ai effectué des missions pour lesquelles je n'avais pas la qualification requise et je crois avoir fait mon travail avec soin, conviction et attention au service des personnes dont je m'occupais.
Nous voulons aussi faire revenir à l'hôpital ou en Ehpad des soignants qui les ont quittés. La semaine prochaine, vous serez amenés à voter le projet de loi de financement de la sécurité sociale : 8 milliards d'euros d'augmentation pour les soignants non médicaux, plus de 200 euros net par mois pour les aides-soignants. Voilà un outil d'attractivité, madame la sénatrice, et je pense que vous en conviendrez.
Nous augmentons toutes les capacités de formation de tous les instituts de formation de France et nous mobilisons partout où nous le pouvons : en Nouvelle-Aquitaine, par exemple, Pôle emploi reçoit actuellement en entretien 300 aides-soignants pour les inciter à rester encore dans leur branche professionnelle. De même, dans le Finistère, un dispositif de recrutement d'aide à domicile pour des personnes licenciées du secteur agroalimentaire a été mis en place.
De telles initiatives nous permettent de renforcer les rangs des soignants de plusieurs milliers de blouses blanches que je souhaite remercier pour leur engagement. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
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