Question de M. PATRIAT François (Côte-d'Or - RDPI) publiée le 29/10/2020

Question posée en séance publique le 28/10/2020

M. le président. La parole est à M. François Patriat, pour le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.

M. François Patriat. Monsieur le Premier ministre, douze jours se sont écoulés depuis l'effroyable attentat terroriste qui a frappé un hussard de la République. Une fois encore, le peuple français a été touché dans sa chair. Nous ne devrons jamais oublier et nous devons réagir. Cette attaque d'une violence inouïe a frappé notre nation en plein cœur, en portant atteinte aux principes d'un universel que beaucoup nous envient, ceux de l'esprit critique et de la liberté d'expression. La laïcité à la française fait partie de ces valeurs républicaines qui ont forgé l'âme de notre nation et l'histoire de notre pays et que, précisément, les ennemis de la liberté veulent abattre.

En tant qu'élus de la République, nous avons partagé, lors de l'hommage rendu à la Sorbonne, un moment d'intense recueillement, comme beaucoup d'autres l'ont fait sur notre territoire. La stupeur et la solidarité ont dépassé les frontières nationales, et nombre de nos partenaires européens et internationaux ont manifesté leur soutien.

Mes chers collègues, la crise terroriste, sanitaire, économique et, plus récemment, diplomatique que nous traversons impose un devoir d'unité. Nous ne pourrons affronter ces quatre périls majeurs si nous continuons d'entretenir des divisions internes, vaines et dérisoires.

Dans ce contexte pesant, le peuple français doit adresser un message clair à ses dirigeants, celui d'une Nation unie, forte et fière de ses valeurs face à l'indescriptible, l'indicible, l'innommable. Nombreux sont ceux qui souhaitent installer le doute et la division dans nos esprits. C'est ensemble que nous ferons face à la menace terroriste. Encore une fois, l'histoire exige de nous que nous soyons à la hauteur de nos responsabilités. Le chef de l'État l'a dit : « Nous ne reculerons pas. »

Monsieur le Premier ministre, la lutte contre le terrorisme doit demeurer une priorité de notre action politique. Pouvez-vous nous préciser comment le Gouvernement entend amplifier son effort pour préserver notre modèle républicain et lutter contre les séparatismes ? (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)


Réponse du Premier ministre publiée le 29/10/2020

Réponse apportée en séance publique le 28/10/2020

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Jean Castex, Premier ministre. Monsieur le président Patriat, vous avez parfaitement raison, cet attentat terroriste ne visait pas seulement une personne admirable, le professeur Paty, qui a été lâchement assassiné ; il visait aussi la République et ses valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité et de laïcité. On connaît la main de cet acte odieux : c'est l'islamisme politique, l'islamisme radical, qui n'en est pas à son premier forfait.

Vous avez encore raison quand vous dites que l'unité de la Nation tout entière est la première des réponses à apporter. En effet, les ennemis de la République ont pour principal objectif de nous diviser, de faire prospérer tous les amalgames, de déchaîner la haine pour embrigader, asservir et finalement assassiner.

On connaît leurs méthodes : faire le procès de la France, faire le procès de son histoire, comme si elle avait à en rougir, et de ses principes fondateurs, qui sont à l'opposé des leurs. Voilà pourquoi nous sommes leur cible. Il faut que ce soit dit et répété ici et partout dans le monde : en France, on peut publier des caricatures librement !

On connaît aussi leurs leviers et leur mode opératoire : des lieux de culte détournés, des associations paravents et des réseaux sociaux proactifs. Comme les lâches, ils agissent dans l'ombre. Qu'ils sachent qu'ils trouveront toujours la République en travers de leur chemin !

Le Gouvernement, sous l'autorité du Président de la République, et les ministres concernés sont à l'action et à la manœuvre. Ils n'ont jamais cessé de l'être. Ils sont dans l'action quotidienne. Encore ce jour, sur la proposition du ministre de l'intérieur, le conseil des ministres a prononcé la dissolution de l'une de ces associations.

Mme Nathalie Goulet. Très bien !

M. Jean Castex, Premier ministre. La semaine dernière, une mosquée radicale a été fermée.

M. Christian Cambon. Qu'elle le reste !

M. Jean Castex, Premier ministre. Depuis 2018, 356 lieux de radicalisation ont également été interdits.

J'ai décidé de renforcer les effectifs de renseignement, en créant cent postes dédiés à la surveillance des réseaux sociaux. Depuis le début du quinquennat, 1 250 postes supplémentaires ont été affectés à la DGSI.

Vendredi dernier, je me suis rendu à Bruxelles afin de défendre auprès de la présidente de la Commission européenne et du commissaire Breton l'importance des deux règlements européens visant à lutter contre l'apologie du terrorisme en ligne et à prohiber les réseaux publiant des contenus haineux. Ces textes devraient aboutir très prochainement.

Enfin, vous le savez, nous travaillons d'arrache-pied au projet de loi de lutte contre le séparatisme, que le Président de la République avait annoncé dès avant que l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine soit commis. Je ne doute pas que le Sénat apportera des compléments très utiles à ce texte. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

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