Question de Mme de MARCO Monique (Gironde - GEST) publiée le 22/10/2020

Question posée en séance publique le 21/10/2020

M. le président. La parole est à Mme Monique de Marco, pour le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires.

Mme Monique de Marco. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale.

Ma première pensée va à la famille de Samuel Paty, à sa femme et à son fils. La violence de cet assassinat montre l'immense difficulté et la mission essentielle du métier de professeur aujourd'hui.

Immense difficulté, car les enseignants sont depuis plusieurs années en première ligne face aux événements tragiques auxquels nos enfants sont confrontés.

Mission essentielle, car il s'agit d'accompagner tous les enfants de la République sur le chemin de la connaissance et de la réflexion, gage et moyen d'une vraie liberté de pensée. L'éducation et la construction de l'esprit critique sont les conditions de la démocratie et de la lutte contre le terrorisme.

À côté de cette tragédie, combien d'enseignants sont confrontés à d'énormes difficultés dans leur pratique quotidienne ? Les relations se tendent, et l'accompagnement, le soutien et la formation manquent trop souvent cruellement.

Nous assistons à une paupérisation du service public de l'enseignement. Cela laisse aujourd'hui les professeurs seuls garants des principes de la République. Il n'y a plus de formation continue digne de ce nom, en particulier s'agissant de la citoyenneté et du vivre ensemble. Pourtant, le besoin est réel. Il faut des dispositions effectives pendant le temps scolaire, avec des moyens de remplacement appropriés.

Monsieur le ministre, pour avoir été enseignante en collège pendant trente ans, c'est avec beaucoup d'émotion et d'inquiétude pour l'avenir que je vous demande quel plan de formation ambitieux vous allez mettre en œuvre dès la rentrée de novembre. Allez-vous proposer un énième numéro vert ou prendre de véritables mesures pour accompagner comme il se doit les professeurs face aux enjeux actuels ?

Il est important d'honorer la mémoire de Samuel Paty en poursuivant son travail. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST, ainsi que sur des travées des groupes SER et CRCE. – M. André Gattolin applaudit également.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 22/10/2020

Réponse apportée en séance publique le 21/10/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Madame la sénatrice, je vous salue également avec respect, puisque vous venez d'être élue.

La question que vous posez, sur la formation des professeurs, est évidemment de la plus haute importance. Sur ce sujet, nous avons avancé à plus d'un titre.

Je faisais mes calculs hier. Ainsi que nous aurons l'occasion de l'évoquer lors de l'examen du projet de loi de finances, c'est sous ce quinquennat que les budgets de l'éducation nationale ont le plus augmenté, en particulier par rapport aux deux, voire aux trois quinquennats précédents. Vous le verrez, tout cela est chiffré.

La Haute Assemblée a eu à travailler sur au moins deux textes législatifs ayant une importance s'agissant du sujet que vous avez abordé. Je pense d'abord à la proposition de loi présentée par Mme Gatel, que j'ai très fortement soutenue. Ce texte nous a permis d'avancer sur la laïcité, notamment via le combat contre les écoles hors contrat adossées à des projets extrémistes ou radicaux. Je pense ensuite à la loi pour une école de la confiance. Il y a eu ici des débats très approfondis sur la formation initiale et la formation continue.

Je vous donne en partie raison. La formation n'est pas suffisante aujourd'hui. Nous avons commencé à apporter des réponses. La formation aux enjeux de l'éducation morale et civique est désormais systématique dans la formation initiale ; elle doit être beaucoup plus abondante dans la formation continue.

Je centrerai mon propos sur l'éducation morale et civique, mais je pourrais évoquer beaucoup d'autres sujets, comme les mesures que nous prenons pour développer les savoirs fondamentaux, notamment en français et en mathématiques.

Sachez que nous avons déjà renforcé l'éducation morale et civique et que nous allons continuer de le faire, notamment pour lui donner un caractère plus vivant, plus tonique, afin que les élèves se sentent engagés sur ces sujets. Je prendrai aussi d'autres initiatives en tant que ministre chargé de la jeunesse pour favoriser l'engagement civique des élèves.

L'amélioration de la formation continue passe également par le développement d'outils pédagogiques et de formations à distance. Le réseau Canopé a déjà mis en place un programme à distance sur la laïcité, et il va continuer de l'enrichir.

En tout cas, l'ensemble du corps professoral doit s'approprier les enjeux de l'éducation morale et civique, même si celle-ci est portée en premier lieu par les professeurs d'histoire-géographie. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI. – Mme Françoise Gatel applaudit également.)

M. le président. La parole est à Mme Monique de Marco, pour la réplique.

Mme Monique de Marco. Monsieur le ministre, je crois qu'il est nécessaire d'élargir cette formation à l'ensemble des enseignants – elle ne doit pas être dispensée qu'aux professeurs d'histoire-géographie. En outre, il est préférable que ce type de formation se déroule en présentiel plutôt qu'à distance. Je le redis, tous les enseignants ont besoin de formation sur ces sujets. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

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