Question de Mme HAVET Nadège (Finistère - RDPI) publiée le 22/10/2020
Question posée en séance publique le 21/10/2020
M. le président. La parole est à Mme Nadège Havet, pour le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
Mme Nadège Havet. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale.
Toutes nos pensées vont à Samuel Paty, assassiné parce qu'il faisait son métier. Toutes nos pensées vont à sa famille, à ses élèves et à ses collègues, à tous les professeurs qui sont retournés dans leur classe pour accomplir la plus belle des missions qui soit : enseigner, transmettre. Nous le savons, ils y retournent choqués. Ils se sentent parfois trop seuls.
Cet attentat terroriste islamiste caractérisé fait suite à d'autres actes barbares animés par la même idéologie. Il y a eu près de 300 morts depuis 2011. Des enfants ont aussi perdu la vie. Face à ce constat tragique, il ne faut pas trembler ; il ne faut pas de compromission. C'est une chose de le dire, mais la question de l'accompagnement au quotidien se pose.
En ce moment même, des propagateurs de haine officient encore sur les réseaux.
En ce moment même, une lycéenne ne peut toujours pas retourner dans son lycée pour avoir critiqué une religion. C'est inimaginable et inacceptable !
Face à cela, le risque serait de s'autocensurer, de reculer collectivement. Nous parlons là de l'essentiel, des fondements mêmes de notre Nation : la liberté de conscience, le libre examen, la libre expression, l'esprit critique, l'égalité entre les femmes et les hommes. Nous parlons là de ce que nous sommes : une République laïque, une et indivisible.
Nous savons la détermination du Gouvernement et du Président de la République à terrasser cette idéologie mortifère. Le texte sur les séparatismes arrive bientôt au Parlement. Il fera partie de la réponse globale.
Monsieur le ministre, comment l'éducation nationale doit-elle accompagner les professeurs dans l'enseignement de la laïcité face à des contestations d'élèves ou de parents violentes jusqu'à l'extrême ? Comment mieux les protéger dans tous leurs enseignements ? Quid de leur formation et de leur encadrement ? (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. M. Philippe Bas applaudit également.)
Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 22/10/2020
Réponse apportée en séance publique le 21/10/2020
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale.
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Madame la sénatrice, je souhaite d'abord vous saluer avec respect, puisque vous venez d'être élue au sein de la Haute Assemblée.
Je partage tout ce que vous avez dit. Dans la lignée de ce que M. le Premier ministre vient de rappeler, j'ajoute que nous nous rejoignons évidemment tous ici, je le crois, sur ce socle de la République. La liberté d'expression est un pilier fondamental pour notre République, pour notre démocratie et, plus généralement, pour la démocratie dans le monde. Je profite de l'occasion pour saluer l'immense élan international de solidarité à l'uvre ; en ce qui me concerne, je le constate de la part des ministres de l'éducation du monde entier.
Avec M. le Premier ministre, nous avons reçu les organisations syndicales samedi dernier. J'ai ensuite reçu les organisations représentant les parents d'élèves. J'ai été très heureux de constater, même si je m'y attendais, que nous avions cette unité si indispensable et cette convergence de vues sur les valeurs de la République. Les organisations syndicales ont demandé que nous ayons des consignes claires, nettes, précises et fortes pour le 2 novembre, jour de la rentrée, et pour les jours suivants. C'est pourquoi j'ai demandé au Conseil des sages de la laïcité, que j'ai créé voilà trois ans précisément pour définir le système de référence dont nous avons besoin il existe désormais , de siéger en permanence, afin de recevoir l'ensemble des organisations et les élus, qui souhaitent être écoutés en ce moment, mais également de formuler des propositions, tant pour cette rentrée que pour la suite, y compris en matière de protection des professeurs.
Je donnerai donc ces consignes claires, nettes et précises sur le déroulé du 2 novembre. Je vous en livre d'ores et déjà une, qui vous concerne directement : je demande à tous les élus de la République, conseillers municipaux, maires et, bien entendu, vous-mêmes, membres du Parlement, d'être présents auprès des professeurs le jour de la rentrée. Cela me paraît très important.
D'autres mesures seront prises ; j'aurai peut-être l'occasion d'en reparler aujourd'hui. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées du groupe UC.)
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