Question de M. DECOOL Jean-Pierre (Nord - INDEP-A) publiée le 29/10/2020

M. Jean-Pierre Decool attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports à propos de l'enseignement des langues minoritaires et régionales.
Le président de la République avait annoncé, alors qu'il était candidat à l'élection présidentielle, vouloir encourager l'enseignement des langues minoritaires et régionales. Depuis 2017, cet enseignement, indispensable au maintien et à la transmission des langues régionales, a plutôt tendance à reculer.
Pour le cas de l'enseignement du flamand occidental, l'unique enseignant est parti à la retraite et n'a pas été remplacé malgré les nombreuses revendications des élus locaux et des familles dont les enfants bénéficiaient de l'enseignement de l'institut régional de la langue flamande soutenu par la région Hauts-de-France.
Il lui demande s'il entend encourager l'apprentissage d'une langue locale, en ce qu'il n'est nullement une menace à l'unité de la République et encore moins une revendication régionaliste, mais une démarche culturelle régionale, et notamment s'il entend prendre des mesures d'urgence pour ne pas rompre la continuité de l'enseignement flamand dans le département du Nord.

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargé de l'éducation prioritaire publiée le 02/12/2020

Réponse apportée en séance publique le 01/12/2020

Mme le président. La parole est à M. Jean-Pierre Decool, auteur de la question n° 1325, adressée à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

M. Jean-Pierre Decool. Madame la secrétaire d'État, en 2007, l'enseignement du flamand occidental a donné lieu à une expérimentation saluée, en 2010, par un rapport d'inspection favorable à son ajout dans la circulaire Lang et à l'extension de son enseignement.

Ce rapport fut aussi élogieux qu'ignoré. La poursuite de cet enseignement est tolérée, mais la continuité pédagogique au collège n'est pas assurée, malgré l'adhésion de 80 % des familles concernées.

Au mois de septembre 2019, nous n'avons pu que constater le non-remplacement du seul enseignant de flamand occidental à la suite de son départ à la retraite. À ce jour, aucun enseignant n'a été nommé pour le remplacer.

Une délégation menée par le président de l'institut de la langue régionale flamande a été reçue par la rectrice le 11 octobre dernier, dans un climat compréhensif.

La reprise d'une expérimentation au lycée et, par voie de conséquence, au collège et à l'école primaire semble en bonne voie. Néanmoins, la non-inscription du flamand occidental dans la circulaire relative aux langues régionales bloque toutes les évolutions de ce dossier, malgré un terreau très favorable : la région des Hauts-de-France soutient la création d'un office public du flamand.

Je précise que l'assimilation du flamand occidental au néerlandais n'a pas lieu d'être. Cette conception inique a donné lieu à de nombreux cas de diglossie chez nos amis belges transfrontaliers, apprenant le néerlandais à l'école et parlant le flamand occidental dans leur vie sociale.

Dans le Nord, les élèves sont impatients de renouer avec leur héritage culturel et les parents d'élèves sont pressés que l'école de la République accepte les langues régionales comme des réalités.

Nous sommes en mesure de proposer des enseignants. Ma question est donc la suivante : allez-vous ajouter le flamand occidental à la liste des langues régionales reprise dans la circulaire 2017-072 du 12 avril 2017 ?

Mme le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargée de l'éducation prioritaire. Monsieur le sénateur, je vous remercie de votre question, qui me donne l'occasion de rappeler combien le ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports est attaché à la préservation et à la transmission des diverses formes du patrimoine linguistique et culturel des régions françaises.

La situation de l'enseignement des langues régionales fait l'objet de la plus grande attention dans les académies et dans les territoires concernés.

Nous reconnaissons et assurons l'enseignement de nombreuses langues régionales, dans le cadre de programmes précis. Actuellement – vous venez de le dire –, le flamand occidental ne figure pas sur la liste établie par le ministère. C'est pourquoi il n'existe pas de programme relatif à l'enseignement de cette langue, pour le premier ou le second degré, ni de ressources nationales.

Cela étant, le ministère étudie attentivement la possibilité de le développer au regard de nombreux critères : l'étendue géographique de la zone dans laquelle la langue est pratiquée, la proximité entre le flamand et le néerlandais, reconnue par de nombreux spécialistes de la langue, ainsi que le nombre d'élèves concernés.

L'expérimentation menée depuis 2007 dans l'académie de Lille concernait, pour l'année scolaire 2018-2019, un ensemble de 92 élèves volontaires répartis entre trois écoles et trois niveaux de classe, CE2, CM1 et CM2. L'heure hebdomadaire de flamand occidental était incluse dans le volume horaire standard d'enseignement.

Les élèves et les familles n'ont pas souhaité poursuivre cet apprentissage au-delà de l'école élémentaire. Parvenu à son terme, ce cycle d'expérimentation n'a donc pas débouché sur une dynamique de développement permettant la poursuite de l'action. Il est du reste à noter qu'aucune réclamation de parent d'élève ne nous a été communiquée par l'inspecteur de la circonscription.

Toutefois, le flamand occidental peut être valorisé par le biais d'autres dispositifs existants. Je pense notamment aux activités éducatives et culturelles complémentaires conduites dans le temps périscolaire, lesquelles peuvent être confiées à des acteurs extérieurs.

Enfin, nous restons très attentifs aux moyens permettant aux élèves volontaires de poursuivre cet apprentissage.

Mme le président. La parole est à M. Jean-Pierre Decool, pour la réplique.

M. Jean-Pierre Decool. Madame la secrétaire d'État, dois-je vous rappeler que vous vous adressez à un élu de terrain ? Vous dites que les parents n'ont pas souhaité la poursuite de cet enseignement : forcément ! L'encadrement et l'accompagnement se sont réduits comme peau de chagrin. Comment voulez-vous qu'ils adhèrent à un dispositif dont ils savent à l'avance qu'il ne sera pas soutenu ?

En Flandre, les noms des rues et des villages sont écrits en flamand. Ne privez pas nos jeunes de leur histoire, de leurs racines et de leur patrimoine !

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