Question de M. ALLIZARD Pascal (Calvados - Les Républicains) publiée le 17/09/2020

M. Pascal Allizard attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance finances à propos de la situation économique française.
Il rappelle que la crise sanitaire a causé d'importants dégâts dans l'économie et dont les effets vont se poursuivre dans le temps.
Le Gouvernement a mis en œuvre des mesures d'urgence pour les entreprises et filières. Dans le même temps, faute de pouvoir consommer, les ménages ont mis de côté environ 85 milliards d'euros.
Alors que les mesures étatiques se concentrent sur l'offre, c'est-à-dire dans le soutien aux entreprises en difficulté financière, les récentes enquêtes de conjoncture de l'institut national des statistiques et études économiques (INSEE) pointent le risque d'un choc significatif de demande.
Les entreprises sont nombreuses à craindre des pertes de débouchés. Dans l'industrie, les carnets de commandes – en particulier venant de l'étranger – ne se regarnissent que lentement et la situation internationale (pandémie, tensions géopolitiques) n'incite guère à l'optimisme en matière d'exportation. Et la confiance des ménages dans la situation économique reste inférieure à son niveau d'avant crise. Si le bond de l'épargne enregistré pendant le confinement peut certes contribuer à soutenir la demande dans les prochains trimestres, son utilisation reste incertaine à ce stade dès lors qu'elle provient non pas d'un surcroît de revenu, mais d'une consommation temporairement entravée. Face aux incertitudes, elle pourrait ainsi se transformer en épargne de précaution non réinvestie dans l'économie. En outre, cette épargne forcée est pour l'instant mesurée au niveau macroéconomique, mais les situations des ménages peuvent être diverses.
Par conséquent, il souhaite savoir comment le Gouvernement envisage de faire face à une crise de la demande telle qu'avancée par l'INSEE et divers économistes.

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Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la relance publiée le 25/03/2021

La stratégie de politique économique du Gouvernement face à la crise repose tant sur les mesures de soutien d'urgence que sur le Plan de relance. Les mesures de soutien d'urgence votées en loi de finances rectificatives en 2020 représentent un montant de plus de 500 Md€, comprenant outre des mesures avec effet direct sur le solde public (87 Md€), des mesures de trésorerie sans effet direct sur le solde public (90 ½ Md€), et des mesures en garantie (327 ½ Md€). Des mesures d'urgence complémentaires ont également été introduites en 2021. Le plan de relance, d'un montant de 100 Md€, vient renforcer ce soutien, les mesures attendues pour 2020 et 2021 représentant 42 Md€ en effet solde. Il s'agit donc d'un soutien conjoncturel considérable, qui vient accentuer l'effet déjà puissant des stabilisateurs automatiques. Les mesures de soutien votées en lois de finances rectificatives, en particulier celles avec effet direct sur le solde public, apportent un soutien important à la demande en préservant les revenus des ménages, notamment à travers l'activité partielle (34 Md€), le fonds de solidarité (19 ½ Md€), les mesures d'inclusion sociale et de protection des personnes vulnérables (2 Md€), ou encore l'aide exceptionnelle aux indépendants (1 Md€). Si le Plan de relance comporte effectivement un volet « offre » visant à préparer la croissance de la prochaine décennie, une large part du Plan (41 % selon la décomposition rapportée dans le rapport économique, social et financier 2021 (RESF 2021) apportera également un soutien à la demande (investissements publics, soutien à la demande en véhicules propres…) ; ainsi, sur la période 2020-2022, les décaissements des mesures du Plan évaluées dans le cadre du dernier RESF atteindraient 3 points de PIB, et près de 50 % de ces décaissements seraient associés aux mesures du volet demande. Puisque les mesures de soutien d'urgence ont permis de largement préserver les revenus des ménages et que ceux-ci ont constitué un large stock de sur-épargne, il y a un fort risque qu'un soutien supplémentaire et indifférencié au pouvoir d'achat se traduise principalement par une hausse supplémentaire de l'épargne. La relance de la consommation implique donc d'inciter les ménages à mobiliser la sur-épargne accumulée, c'est-à-dire d'encourager un retour rapide aux habitudes de consommation pré-crise, ce qui nécessite de rassurer les ménages quant à l'évolution de la situation sanitaire. Les résultats encourageants récemment annoncés sur l'efficacité des vaccins devraient participer de cet effort. Pour tenir compte de l'hétérogénéité des situations individuelles, le Plan de relance inclut néanmoins des mesures de soutien aux plus précaires, pour un montant de l'ordre de 0,8 Md€ (majoration de l'allocation rentrée scolaire et ticket de restaurants universitaires à 1€, soutien aux associations d'aide aux personnes vulnérables et développement de l'hébergement d'urgence), auxquelles s'ajoutent les mesures annoncées par le Premier ministre le 26 novembre 2020 (extension de la garantie jeune, garantie de ressources pour les travailleurs précaires, pour un montant de plus d'1 Md€). En outre, le T3 2020 a démontré la résilience de l'économie française, c'est-à-dire sa capacité à fortement et rapidement rebondir, notamment grâce à ces mesures de soutien d'urgence. Ainsi, l'activité aurait augmenté de 18,5 % par rapport au T2 2020 selon les dernières estimations de l'INSEE (en date du 29 janvier 2021). Par ailleurs, la consommation des ménages au T3 2020 se situait seulement 1 ½ % en dessous de son niveau fin 2019, avec une situation contrastée selon les biens. En effet, si les services ont vu leur consommation redémarrer lentement (vraisemblablement du fait du risque et des contraintes sanitaires), une surconsommation, c'est-à-dire un effet de rattrapage, a été constaté pour les biens fabriqués (équipement du foyer, achat de voitures, habillement-chaussure, etc.), ce qui conforte la perspective d'un rebond de la consommation lorsque les contraintes sanitaires seront levées et que le risque de contamination associé aux activités de consommation (notamment de services) sera fortement réduit.

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