Question de Mme FÉRAT Françoise (Marne - UC) publiée le 10/09/2020
Mme Françoise Férat interroge M. le Premier ministre à propos de la nouvelle campagne anti-alcool lancée par la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) sur les réseaux sociaux.
Cette campagne s'appuie sur le message suivant : « 1, 2, 3 verres ; l'alcool rend joyeux, festif, VIOLENT ». Elle conduit à un amalgame infondé et insidieux visant à associer la consommation de trois verres de vin à toute forme de violence. Ce message est révélateur d'un glissement moral qui s'opère progressivement visant à stigmatiser toute forme de consommation d'alcool. Il y a 18 mois, les pouvoirs publics mettaient en avant trois verres par jour pour les hommes comme repères de consommation d'alcool à moindre risque. Ce qui était alors associé à la modération l'est aujourd'hui à la violence. Une telle radicalisation du discours public est inquiétante et ne permet pas d'informer nos concitoyens de manière fiable et éclairée.
La filière vitivinicole s'est engagée dans la voie de la prévention des consommations nocives d'alcool avec responsabilité. Elle ne peut donc que déplorer l'image odieuse qui est renvoyée à l'ensemble des femmes et des hommes qui s'attachent avec passion à produire un produit exceptionnel et qui sont fiers de la place qu'ils ont su lui donner dans la culture, les paysages et l'économie françaises.
À cet égard, elle lui demande que cette campagne soit recalibrée dans les plus brefs délais et que l'image du vin cesse d'être dégradée au travers de campagnes de santé publique ne donnant aucune information qualifiée aux consommateurs.
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Réponse du Premier ministre publiée le 11/03/2021
La Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives a procédé en août 2020 à la rediffusion sur les réseaux sociaux d'une campagne digitale, conçue à l'occasion de la finalisation du plan national de mobilisation contre les addictions 2018-2022, et mettant en lumière les risques liés aux conduites addictives (alcool, tabac, drogues, écrans). L'une de ces vignettes vise à alerter sur le fait que, dès lors qu'une consommation d'alcool devient excessive, les sensations de plaisir et de convivialité peuvent s'effacer et les effets de l'alcool engendrer des comportements violents. Un Français sur cinq se dit très affecté par les dommages subis par l'alcoolisation de tiers. Les différentes enquêtes de victimation conduites ces dernières années par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales indiquent que la consommation d'alcool est impliquée dans 30 % des condamnations pour violences, 40 % des violences familiales, 30 % des viols et agressions. Les victimes de violences liées à la consommation d'alcool, en particulier conjugales ou sexuelles, sont généralement des femmes. La consommation d'alcool est susceptible d'affecter directement les fonctions cognitives et physiques de l'auteur, entraînant une perte de maîtrise de soi. Quand les victimes elles-mêmes sont consommatrices, l'usage à risque les rend vulnérables. Les données relatives aux féminicides, publiées à l'occasion du Grenelle des violences conjugales, ont confirmé que les substances psychoactives étaient un cofacteur important des phénomènes de violences, avec l'alcool présent dans 40 % des violences familiales. Face à ce constat, le Gouvernement a inclus dans le plan d'action des mesures visant à mieux prévenir et prendre en charge les violences conjugales liées aux addictions. Enfin, la consommation d'alcool est également impliquée dans près d'un tiers des accidents mortels de la route, selon les données de l'Observatoire national de la sécurité routière. Compte tenu de l'ampleur et de la gravité de ces impacts sociétaux, les pouvoirs publics entendent, par des campagnes de communication régulières, éclairer les citoyens sur les risques liés à la consommation de substances psychoactives et, dans le cas de l'alcool, promouvoir une consommation à moindre risque.
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