Question de Mme PRUNAUD Christine (Côtes-d'Armor - CRCE) publiée le 23/07/2020

Question posée en séance publique le 22/07/2020

Mme Christine Prunaud. Finalement, je vais peut-être revenir sur ma décision ! (Sourires.)

Ma question s'adresse à M. le ministre des solidarités et de la santé.

Depuis lundi, le port du masque est obligatoire dans les lieux publics clos. Les masques sont donc devenus indispensables. Toutefois, ils représentent un coût de plus de 200 euros par mois pour une famille de quatre personnes.

Certes, monsieur le ministre, vous venez d'annoncer la distribution de masques gratuits aux plus précaires et aux personnes à risque. Mais comment sera organisée la sélection ? Quel organisme interviendra ? Au bout de combien de temps ? Et pour tous les autres, quand ?

Aujourd'hui, l'urgence est à la gratuité, comme cela vous était proposé déjà au mois de juin dans le cadre d'une proposition de résolution des députés du groupe gauche démocrate et républicaine.

Certes, la gratuité a un coût, qui est d'ailleurs largement supporté par les collectivités. Mais ce coût est moindre qu'une augmentation du nombre de personnes en réanimation. N'en déplaise à Mme la ministre Agnès Pannier-Runacher, la gratuité n'est pas un « frein à l'innovation » !

Le frein, c'est la perte de nos outils de production, comme l'usine de masques de Plaintel, dans mon département, fermée depuis deux ans.

Un projet pérenne d'une coopérative d'intérêt collectif est mené à Grâces, toujours en Côtes-d'Armor, avec l'appui de la région Bretagne et du département. Voilà un levier pour assurer notre sécurité sanitaire de proximité, une initiative qui plus est pourvoyeuse d'emplois ! La soutiendrez-vous ?

Bref, monsieur le ministre, ferez-vous enfin le choix politique de la gratuité des masques pour tous, au bénéfice de la santé de nos concitoyens ? Notre pays en a les moyens ! (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE.)


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 23/07/2020

Réponse apportée en séance publique le 22/07/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Madame la sénatrice Christine Prunaud, il me revient l'immense honneur de répondre à votre dernière intervention, si j'ai bien compris, dans cet hémicycle. J'ai répondu à une question similaire hier à l'Assemblée nationale, et le Président de la République a eu l'occasion de s'exprimer dans une interview télévisée sur ce sujet.

Il n'y aura pas de distribution gratuite pour tous de masques, ce qu'aucun pays au monde, d'ailleurs, ne fait. En revanche, une distribution a été mise en place très tôt à destination des publics fragiles, des personnes les plus précaires. Dès le début, alors que nous étions en train de constituer des stocks, nous avons assuré la distribution, au travers des associations, des mairies et des centres communaux d'action sociale (CCAS), de 5 millions de masques par semaine, de manière à protéger les personnes les plus fragiles.

Je l'ai dit hier, pour les deux millions de Français en situation de vulnérabilité sanitaire, les masques chirurgicaux pourraient être remboursés sur prescription et pris en charge totalement par l'assurance maladie.

Comme vous, madame la sénatrice, j'aime les mathématiques. J'entends dire et je lis çà et là que le coût des masques s'élèverait à 220 euros par mois pour une famille de deux enfants.

Pour ma part, j'ai à cœur de porter non pas des masques chirurgicaux, que je réserve aux soignants, mais des masques lavables, qui polluent moins. Ils coûtent un euro : ils sont lavables et réutilisables jusqu'à 30 fois. Admettons que vous utilisiez trois masques par jour, que vous en ayez besoin 30 jours par mois et que votre foyer compte quatre personnes : vous devrez débourser une somme de 15 euros à 20 euros. (Protestations sur les travées du groupe CRCE.)

Une telle situation ne modifie en rien notre volonté de protéger les plus fragiles, et nous ferons en sorte qu'aucun obstacle financier n'empêche le port du masque. Croyez-moi, en tant que ministre de la santé, mais aussi des solidarités, je veillerai personnellement à ce que personne ne soit dans l'impossibilité de porter un masque. Nous pouvons sans doute nous retrouver autour de cet objectif essentiel. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

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