Question de M. HUSSON Jean-François (Meurthe-et-Moselle - Les Républicains) publiée le 17/07/2020
Question posée en séance publique le 16/07/2020
M. Jean-François Husson. Ma question s'adresse à Mme la ministre de la transition écologique.
Dans la valse des milliards, qui finit par donner le vertige, les nouveaux crédits consacrés à l'écologie sont passés en une semaine de 15 à 20 milliards d'euros. Important en valeur absolue, certes, cet engagement annoncé ne représente pourtant qu'à peine 4 % des plus de 500 milliards d'euros de crédits débloqués par le Gouvernement.
Malgré ces sommes, nous avons du mal à comprendre tant la cohérence de votre politique environnementale et écologique que la stratégie qui la sous-tend, alors, madame la ministre, que vous êtes la quatrième ministre chargée de l'écologie en à peine trois ans.
Haut Conseil pour le climat, Convention citoyenne, conseil de défense écologique
: autant de paravents pour mieux masquer vos incertitudes et tenir à distance les propositions du Parlement.
À ce stade, madame la ministre, pouvez-vous nous indiquer quelle stratégie et quel plan d'action concret vous voulez mettre en œuvre pour permettre à la France de redonner corps à une ambition écologique ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Réponse du Ministère de la transition écologique publiée le 17/07/2020
Réponse apportée en séance publique le 16/07/2020
Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique. Monsieur le sénateur Jean-François Husson, vous avez une vue un peu sélective : dire, d'abord, que rien n'a été fait jusqu'à maintenant, c'est quand même oublier les textes qui ont été examinés par le Parlement. En tant qu'ancienne parlementaire, je peux vous dire que la loi d'orientation des mobilités, qui entérine l'abandon des grands plans et le retour aux mobilités du quotidien, a été une grande avancée. Je citerai également la loi relative à l'économie circulaire, la loi Énergie-climat, l'arrêt des centrales à charbon, et j'en passe. Affirmer que rien n'a été fait me paraît donc un petit peu exagéré.
Vous dites ensuite que vous ne voyez que du flou dans ce que nous proposons. Non ! Au contraire : nous avons l'opportunité, due à la terrible crise que nous vivons, d'impulser de nouvelles orientations et, surtout, d'accélérer la mise en uvre de cette politique. L'accélération va se traduire très visiblement, pour ce qui concerne la transition écologique, dans le plan de relance.
Vous pouvez d'ailleurs revoir vos chiffres à la hausse à mesure que nous évaluons ce que nous pouvons mettre dans ce plan : sur 100 milliards d'euros, plus de 30 % vont être consacrés à la transition écologique, à des enjeux essentiels de baisse des émissions des gaz à effet de serre, dans des secteurs tels que les transports j'en ai déjà parlé , la rénovation thermique des logements, l'agriculture, l'industrie. Bref, tout va être mis en place pour lancer des dynamiques et, aussi, pour que les acteurs puissent se former nous avons besoin de formation sur les territoires pour utiliser des emplois locaux et arrêter soit de faire venir les travailleurs de l'extérieur soit de recourir à des usines à l'autre bout du monde.
Et nous allons présenter au Parlement le projet de loi qui reprend les propositions d'ordre législatif de la Convention citoyenne pour le climat, pour l'élaboration duquel Marc Fesneau et moi-même avons décidé de créer des groupes de travail, afin d'associer tout le monde et de prendre en compte la parole des parlementaires j'y serai très vigilante, vous l'imaginez bien. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)
M. François Bonhomme. Nous voilà rassurés !
M. le président. La parole est à M. Jean-François Husson, pour la réplique.
M. Jean-François Husson. En termes simples, je vous dirai que le disque est rayé et que les Français n'ont plus confiance. Le Premier ministre l'a lui-même expressément reconnu.
Pour développer la filière hydrogène, vous alignez 100 millions d'euros, quand l'Allemagne met plus de 10 milliards d'euros sur la table.
Vous prônez une économie décarbonée sans rendre d'arbitrages clairs en faveur des énergies renouvelables, et vous affaiblissez notre filière nucléaire, acteur majeur de décarbonation.
Vous parlez de réduire les émissions polluantes, mais, depuis trois ans, rien n'a été fait pour la qualité de l'air. Pour preuve : le Conseil d'État vient de condamner l'État à une amende de 10 millions d'euros par semestre. Les enjeux écologiques sont étroitement liés aux problèmes sanitaires et de santé publique, comme la crise actuelle nous le rappelle.
Vite, donc, au-delà de la « vélorution » magique post-covid, abandonnez la verticalité de vos politiques et faites de l'environnement le socle d'un nouveau pacte de confiance, reposant sur trois piliers, écologique, économique et social. Nous en avons besoin ! Il nous faut sortir définitivement de cette écologie punitive,
Mme Barbara Pompili, ministre. Je l'attendais, celle-là
M. Jean-François Husson. qui a donné lieu à la crise des « gilets jaunes ». Faites enfin le choix d'une écologie positive au service de la France ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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