Question de M. LEROY Henri (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 02/07/2020
Question posée en séance publique le 01/07/2020
M. le président. La parole est à M. Henri Leroy, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Henri Leroy. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Hier, à Paris, la police a procédé à des contrôles d'identité. Tout s'est bien passé : les citoyens avaient leur document d'identité, ils n'étaient ni arrogants ni irrespectueux, ils n'ont pas tenté de fuir, aucun d'entre eux n'était recherché, il n'y eut aucune esclandre et les policiers n'ont pas été filmés ni insultés ; ceux-ci ont été courtois et polis, comme ils le sont toujours dans l'exercice de leurs nombreuses missions au contact. Bravo !
Pourtant, la police manque cruellement de moyens matériels et d'équipements techniques ; ses véhicules, insuffisants, sont usés ; la formation de nos policiers est incomplète, leurs locaux sont vétustes, parfois insalubres, et leur moral est au plus bas. Nos policiers se sentent abandonnés, peu soutenus, ni écoutés ni compris. Bref, ils sont en grande souffrance.
Nous n'avons cessé de le souligner avec force ces trois dernières années dans nos rapports sénatoriaux sur les programmes 176 et 152 des projets de loi de finances, issus des commissions des finances et des lois, mais surtout dans le rapport de la commission d'enquête sur l'état des forces de sécurité, que nous vous avons remis à la fin de 2018. Tout y est dit ! Sans résultats concrets en réponse
Alors que notre édifice sécuritaire craque de toutes parts, monsieur le Premier ministre, nos forces de l'ordre continuent à accomplir un travail constant remarquable, tout en étant à bout de souffle et ce n'est pas, loin de là, un mouvement d'humeur.
Lorsque l'un des piliers de l'ordre vacille, la santé de la République est bien en danger !
Ma question est donc simple, très simple : après le Ségur de la santé, à quand le Beauvau de la sécurité ? Le livre blanc annoncé est déjà obsolète
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 02/07/2020
Réponse apportée en séance publique le 01/07/2020
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Comme vous, monsieur le sénateur Leroy, je salue l'engagement constant de nos forces de sécurité.
Elles sont confrontées, quelquefois, à des difficultés, mais, très généralement, à Paris et partout sur le territoire national, à des citoyens qui savent ce qu'ils doivent à nos forces de sécurité intérieure et à leur capacité d'intervention, ainsi que le respect qu'ils leur doivent.
Certes, il y a des tensions, qui augmentent. Elles prennent notamment la forme de violences contre les policiers, d'ailleurs pas seulement en France : le ministre de l'intérieur allemand, Horst Seehofer, avec lequel j'échangeais la semaine dernière, m'expliquait que, dans son pays, les violences contre l'équivalent, selon l'organisation spécifique de l'Allemagne, de nos policiers et gendarmes avaient augmenté l'année dernière de 46 %. Telle est la réalité à laquelle nous devons faire face.
Le Livre blanc de la sécurité intérieure doit permettre, à partir de l'ensemble des constats, de définir une nouvelle sécurité, à hauteur d'hommes : une sécurité dont les femmes et les hommes de la police, de la gendarmerie et de toutes nos forces de sécurité intérieure seront le cur.
Pour cela, nous devons les équiper et les protéger. Dans cet esprit, nous avons lancé un plan de recrutement de 10 000 policiers et gendarmes : nous aboutirons à la fin du quinquennat à ce niveau de renforts. Nous avons aussi décidé d'augmenter très fortement le budget de la sécurité intérieure, de 10 % depuis le début du quinquennat, soit plus de 1 milliard d'euros.
Cela est-il suffisant ? Non. Nous devons poursuivre ce renforcement, non seulement sur le plan budgétaire, mais aussi en matière d'organisation et de moyens de défense au quotidien de nos forces de sécurité intérieure leur protection naturelle pour leur permettre d'agir au mieux.
Nous avons ouvert des chantiers qui avaient été ignorés depuis de trop longues années. Je pense en particulier aux heures supplémentaires, dont certaines étaient dues depuis 2005 ; l'année dernière, pour la première fois, nous avons commencé à payer cette dette.
Nous devons apporter d'autres réponses, y compris de protection fonctionnelle et de protection au quotidien, notamment avec le développement massif des caméras-piétons.
Autant d'outils qui trouvent toute leur place dans le Livre blanc. À nous de les mettre en uvre collectivement !
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