Question de Mme GUILLEMOT Annie (Rhône - SOCR) publiée le 25/06/2020

Question posée en séance publique le 24/06/2020

M. le président. La parole est à Mme Annie Guillemot, pour le groupe socialiste et républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)

Mme Annie Guillemot. Ma question s'adresse à M. le ministre de la culture.

Monsieur le ministre, les marchands de journaux font partie de notre quotidien et de notre culture. Garantissant l'accès à près de 2 000 titres, ils sont des vecteurs essentiels de la culture et de l'information et des acteurs essentiels de la proximité. Par le biais de 23 000 points de vente répartis sur l'ensemble du territoire, ils assurent un véritable service public en permettant la diffusion et la pluralité d'une presse indispensable à notre vie démocratique. Mais, après cinquante-cinq jours de confinement qui ont mis à rude épreuve ces commerçants aux revenus généralement modestes, ceux-ci doivent désormais faire face à la crise du secteur de la distribution de la presse.

En effet, l'entreprise Presstalis, qui distribuait 75 % de la presse écrite sur l'ensemble du territoire national, est en faillite. La filiale régionale de Presstalis qui assurait la distribution dans la métropole de Lyon et dans le département du Rhône a été placée en liquidation judiciaire depuis le 15 mai dernier. Ainsi, depuis plus de cinq semaines, les marchands de presse sont dans l'incapacité de vendre à leurs clients nombre de journaux habituels, notamment les « nationaux », qu'ils ne reçoivent plus. Dans le même temps, les loyers de ces commerçants courent.

Cette situation pénalise très lourdement les 550 kiosques de la métropole de Lyon, dont la santé économique était souvent déjà fragile. Elle engendre une baisse du chiffre d'affaires de l'ordre de 75 %, qui risque de précipiter la fermeture de nombre de maisons de la presse. Marseille, Toulon, Nantes et de nombreuses autres villes connaissent des problèmes analogues.

Sans mauvais jeu de mots – les circonstances ne s'y prêtent pas –, le temps presse. Ces professionnels sont aux abois : entre le début de l'année 2020 et fin avril, 740 points de vente ont déjà tiré le rideau, contre 579 pour toute l'année dernière. Il faut donc éviter que cette situation, d'ores et déjà extrêmement préoccupante pour le pluralisme de la presse, ne vire à l'hécatombe.

Monsieur le ministre, que comptez-vous faire rapidement pour qu'une solution pérenne soit enfin trouvée à cette crise de la distribution de la presse ? (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR. – M. Jean-Marc Gabouty applaudit également.)


Réponse du Ministère de la culture publiée le 25/06/2020

Réponse apportée en séance publique le 24/06/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre de la culture.

M. Franck Riester, ministre de la culture. Madame la sénatrice Guillemot, comme vous le savez, le Gouvernement s'intéresse de très près à l'avenir des marchands de presse. Ceux-ci représentent un maillage culturel et d'information très important, partout dans les territoires.

Le Gouvernement a pris la décision d'assouplir, dans sa réforme de la loi Bichet, les conditions de gestion qui s'appliquent aux marchands de presse, afin d'améliorer leur modèle économique. Il a veillé à ce que, pendant la crise de Presstalis, ils puissent toucher toutes les sommes qui leur étaient dues.

Le Gouvernement veille aussi à ce que, malgré les difficultés de Presstalis, que vous avez rappelées – redressement judiciaire, reprise du siège parisien et de la plateforme de Bobigny, mais liquidation des dépôts de presse –, l'avenir de la distribution de la presse soit garanti, pour que les marchands de journaux, notamment, puissent continuer de vivre.

C'est la raison pour laquelle le Gouvernement soutient la reprise du siège parisien de Presstalis et de son centre de Bobigny par la coopérative des quotidiens : il investit 80 millions d'euros pour accompagner cette reprise. Et c'est la raison laquelle il travaille avec les dépositaires indépendants, avec les Messageries lyonnaises de presse et avec les préfets de région afin de trouver des solutions pour les quinze dépôts qui doivent être repris après la liquidation de Presstalis.

En ce qui concerne Lyon, une solution a été trouvée et un plan de secours est d'ores et déjà mis en œuvre. Concernant Toulon et Marseille, des solutions devraient être trouvées dans les tout prochains jours. L'avenir de la distribution de la presse est essentiel aux yeux du Gouvernement. Il y va du pluralisme de la presse et de la bonne qualité de l'information de nos compatriotes, que cette distribution garantit. Le Gouvernement investit, depuis des années, beaucoup d'argent pour préserver cette distribution. Nous allons continuer de le faire, notamment pour les petits éditeurs de presse et pour les marchands de journaux particulièrement touchés par les perturbations affectant Presstalis dans les régions de Lyon et Marseille.

M. le président. La parole est à Mme Annie Guillemot, pour la réplique.

Mme Annie Guillemot. Le problème n'est pas résolu à Lyon, monsieur le ministre, puisque nous ne recevons toujours pas les journaux nationaux, Libération, Le Monde, etc. Les maisons de la presse perdent des clients. Elles ont pourtant joué le jeu pendant le confinement : elles ont ouvert et répondu présent en distribuant les journaux.

Il y a là, vraiment, un drame économique pour les salariés de Presstalis, qui vont se retrouver au chômage, mais aussi un drame humain pour tous les patrons de ces maisons de la presse, qui ne comprennent pas pourquoi on ne répond pas plus vite à leurs préoccupations. (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)

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