Question de Mme LOISIER Anne-Catherine (Côte-d'Or - UC-R) publiée le 18/06/2020
Question posée en séance publique le 17/06/2020
M. le président. La parole est à Mme Anne-Catherine Loisier, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
Mme Anne-Catherine Loisier. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur et porte sur les terribles événements qui ont secoué des quartiers de Dijon et de Chenôve ces derniers jours.
Je voudrais d'abord souligner la présence de M. le secrétaire d'État Laurent Nunez hier à Dijon. Sa venue était essentielle après quatre jours de violences urbaines ; elle était attendue par une population sidérée par les rixes et les milices qu'elle a subies pendant plusieurs jours, avec parfois le sentiment d'être livrée à elle-même ; elle était attendue aussi par les forces de l'ordre et les services préfectoraux, qui ont, avec les moyens disponibles et beaucoup de sang-froid, contenu une situation sans précédent.
Vous avez annoncé des effectifs supplémentaires pour assurer le maintien de l'ordre et réaffirmé la détermination de l'État à poursuivre les auteurs des faits et à les sanctionner. Cela devait être fait. Pour autant, nous savons aujourd'hui, monsieur le ministre, que ces faits ne sont malheureusement pas isolés. Plusieurs villes de France connaissent des débordements, des représailles organisés par des communautés rivales, par ceux que M. le secrétaire d'État a qualifiés de « voyous » et qui, de plus en plus lourdement armés, se font justice eux-mêmes.
Lorsque l'État de droit et la République sont ainsi menacés dans leurs fondements, nous devons faire bloc, soutenir nos forces de l'ordre et adapter nos moyens d'action.
Comment un rassemblement de près de 200 Tchétchènes, Russes et autres venant de France et, semble-t-il, d'ailleurs, mobilisés via les réseaux sociaux, armés et organisés quasiment militairement, n'a-t-il pas été anticipé par les services de renseignement ? Pourquoi a-t-il fallu attendre trois jours avant que des renforts ne soient effectivement affectés ? Enfin, plus globalement, monsieur le ministre, face au développement de telles violences et au besoin de sécurité de nos populations, comment pensez-vous faire évoluer l'organisation et les moyens des forces de l'ordre ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 18/06/2020
Réponse apportée en séance publique le 17/06/2020
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Madame la sénatrice, à travers votre témoignage, vous soulignez ce fait majeur : jamais nos forces de sécurité intérieure ne rechignent quand elles sont sollicitées.
Vous avez raison, l'apparition de ce groupe d'individus dans la ville de Dijon n'avait pas été anticipée en matière de renseignement. Pourtant, les forces de sécurité intérieure, qui n'étaient pas numériquement en mesure de faire face et n'étaient pas préparées, ont répondu présent. J'ai échangé avec le maire de Dijon et le préfet, et demandé à ce dernier de piloter personnellement la situation, pour faire en sorte que cessent ces échauffourées entre bandes ou peut-être devrais-je plutôt parler de hordes sauvages.
Madame la sénatrice, il n'est pas question qu'il y ait un seul mètre carré dans notre pays où la République recule, y compris face à ces violences extrêmes. Nous devons faire en sorte qu'il n'y ait nulle part de zones de non-droit et que l'État soit toujours présent pour juguler ces dérives totalement insupportables et inacceptables. Même si, la nuit dernière, la situation était apaisée, j'ai demandé au préfet que près de 200 hommes et femmes de la gendarmerie et de la police, ainsi que les brigades de recherche et d'intervention et le Raid, restent sur place dans les jours qui viennent ; ils reviendront en tant que de besoin. J'ai en outre demandé à nos services de police de veiller, sous l'autorité du ministère de la justice, à ce que l'identification des auteurs des exactions commises dès samedi se poursuive : ils ne resteront pas impunis !
Madame la sénatrice, vous l'avez dit, nos forces de sécurité intérieure ont fait face avec engagement et courage, et elles méritent d'être saluées pour cela. Je sais et partage l'émotion de la population. Ce qui s'est passé est inacceptable, insupportable. Sachez que, partout en France, nous ferons reculer ces pratiques de voyous. (Applaudissements sur des travées du groupe LaREM.)
M. le président. La parole est à Mme Anne-Catherine Loisier, pour la réplique.
Mme Anne-Catherine Loisier. Je salue bien évidemment moi aussi, monsieur le ministre, la réaction des services de la préfecture et des forces de l'ordre. Cependant, si nous n'avons pas eu à déplorer de plus graves conséquences, c'est parce que ces individus, Tchétchènes et autres, sont partis d'eux-mêmes au bout de trois jours. Qu'en serait-il s'ils étaient restés ? Nous devons y réfléchir. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
M. Loïc Hervé. Très bien !
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