Question de Mme FILLEUL Martine (Nord - SOCR) publiée le 04/06/2020

Question posée en séance publique le 03/06/2020

M. le président. La parole est à Mme Martine Filleul, pour le groupe socialiste et républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)

Mme Martine Filleul. Ma question s'adresse à Mme la secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances.

Je m'exprime au nom du groupe socialiste, plus particulièrement au nom de mes collègues de Seine-Maritime et du Val-de-Marne.

L'État a garanti un prêt de 5 milliards d'euros à Renault, tandis que ce groupe annonçait un plan d'économie prévoyant 4 600 suppressions de postes en France et la restructuration de 6 usines.

Nous nous félicitons que la colère des salariés de Maubeuge et la mobilisation des élus du territoire, parmi lesquels je me trouvais samedi dernier, aient été entendues et que des garanties aient été apportées. Néanmoins, nous restons vigilants, d'autant plus que d'autres sites sont en sursis.

À Dieppe, il n'y a aucune garantie de la pérennité de l'usine Renault Alpine. À Choisy-le-Roi, la fermeture de ce modèle d'économie circulaire est une aberration. Sans compter la cession de la Fonderie de Bretagne, à Caudan, et les craintes pesant sur Cléon et Sandouville…

Nous ne pouvons nous en satisfaire et demandons des contreparties socialement ambitieuses, avec le maintien de tous les emplois et de tous les sites. Les relocalisations devraient le permettre. Il faut en effet rompre avec trente ans de délocalisations !

Nous avons besoin d'un État qui favorise un large investissement et insuffle une stratégie pour la filière automobile et la réindustrialisation du pays, qui accélère la recherche-développement afin de favoriser l'innovation au service de l'écologie.

L'industrie, particulièrement le secteur automobile, doit se verdir pour respecter l'accord de Paris et l'engagement de mettre fin à la vente de véhicules thermiques.

Madame la secrétaire d'État, l'État, actionnaire majoritaire de Renault, va-t-il imposer des exigences écologiques ? Les aides publiques aux entreprises seront-elles enfin conditionnées au respect de critères sociaux et environnementaux ? (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR. – M. Éric Bocquet applaudit également.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'économie et des finances publiée le 04/06/2020

Réponse apportée en séance publique le 03/06/2020

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances.

Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances. Madame la sénatrice Martine Filleul, le plan de relance automobile annoncé par le président de la République répond très directement à vos préoccupations, que je partage. L'avenir de la filière automobile, c'est effectivement le verdissement et l'innovation.

Qu'il s'agisse de ce plan de 8 milliards d'euros, du projet européen pour la production de batteries électriques, auquel Renault participera, ou des aides prévues pour aider tous les Français, et pas seulement les plus modestes, à acheter des véhicules électriques ou hybrides rechargeables, donc moins polluants, qui apportent un bénéfice en termes d'émissions de CO2, toutes ces mesures vont dans le bon sens, celui du verdissement de l'industrie automobile.

Nous avons également mis en place des soutiens importants à l'innovation. Je veux ainsi souligner l'effort d'accompagnement des projets de véhicules à hydrogène.

La voiture de demain, c'est non seulement le véhicule vert, mais aussi le véhicule autonome, et il est important que la France construise sa souveraineté en la matière. On connaît le retard de l'Europe et de notre pays en matière de gestion des données et de grandes plateformes numériques. Ce virage du numérique appliqué à l'industrie, nous ne devons pas le rater !

Enfin, l'un des grands volets du plan concerne les relocalisations et le capital humain. Sur le premier point, nous avons pris des engagements, que j'ai cités : 1 milliard d'euros d'investissements, la relocalisation en France de la production de véhicules électriques ou de chaînes de traction électriques.

Nous allons désormais déployer l'ensemble de ce plan, afin que notre industrie automobile soit au niveau des défis qui l'attendent.

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