Question de M. RAVIER Stéphane (Bouches-du-Rhône - NI) publiée le 28/05/2020
M. Stéphane Ravier attire l'attention de Mme la ministre des armées sur l'avenir du nucléaire pour les filières militaires et industrielles et la permanence à la mer d'un porte-avions de la marine française.
Avec un programme de conception entamé en 1998 et une première phase de réalisation en 2006, le sous-marin nucléaire d'attaque Suffren, étendard du renouvellement des capacités de projection de la marine française, commence, au premier trimestre 2020, une série d'essais à la mer. Dans cette optique de modernisation des capacités navales françaises, la ministre des armées annonce la conception d'un porte-avions de nouvelle génération qui devrait faire ses premiers essais en mer en 2036 et remplacer le Charles de Gaulle.
Cette initiative industrielle et militaire confirme le caractère décisif que représentera le nucléaire dans les prochaines décennies. Comme il garantit une autonomie et une liberté d'action au bâtiment à la mer, le nucléaire doit également rester un atout stratégique au cœur d'un mix énergétique décarboné et permettre l'indépendance de la nation. Le nouveau porte-avions apporte des promesses d'activités aux chantiers navals de l'Atlantique de Saint-Nazaire, et donne un avenir aux savoir-faire de toute la filière nucléaire.
Au vu de la durée de mise en route de ce programme, des perspectives qu'il ouvre pour notre souveraineté industrielle, stratégique et militaire par rapport aux autres grandes puissances militaires du globe, il semble que le lancement d'un second porte-avions de nouvelle génération soit souhaitable. Les plus de 11,5 millions de km2 de zone économique exclusive (dite « ZEE ») de la France et la capacité de projection stratégique de ses forces exigent une permanence à la mer des bâtiments aéroportuaires, dont la meilleure garantie serait la relève régulière assurée par deux porte-avions.
Il aimerait connaitre la ligne gouvernementale pour unifier la position française sur le nucléaire qui apparaît comme un atout positif dans le domaine militaire mais reste un bouc émissaire politique par ailleurs. De plus il lui demande de fournir les éléments qui empêcheraient le lancement d'un second porte-avions de nouvelle génération pour permettre une véritable permanence à la mer de cet indispensable atout stratégique.
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Transmise au Ministère des armées
Réponse du Ministère des armées publiée le 05/11/2020
Les études préparatoires pour un porte-avions de nouvelle génération ont été lancées en vue de remplacer le Charles de Gaulle à l'horizon 2038. Ce nouveau porte-avions disposera d'une propulsion nucléaire ou classique, chaque option présentant ses avantages et ses inconvénients. Si l'option nucléaire était retenue, il s'agirait d'un projet d'envergure pour toute la filière de la propulsion navale nucléaire, permettant notamment un renouvellement des compétences de conception et d'intégration à bord des navires des chaufferies nucléaires. Cela consoliderait aussi un secteur primordial à l'entretien et à la mise en uvre de nos sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE). Cette question stratégique est analysée dans sa globalité avec le plus grand soin pour apporter au Président de la République tous les éléments nécessaires afin d'éclairer, le moment venu, sa décision concernant le type de propulsion. La question d'un second porte-avions pour restaurer la permanence d'alerte est examinée dans les travaux conduits par le ministère conformément au rapport annexé de la loi de programmation militaire 2019-2025. Ce choix ambitieux est prématuré à ce stade alors qu'il s'agit en premier lieu de définir l'esquisse du successeur du Charles de Gaulle. Compte tenu du calendrier prévisible pour la ou leur construction, cette question se posera davantage dans le cadre de la prochaine loi de programmation militaire.
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