Question de M. MIZZON Jean-Marie (Moselle - UC) publiée le 28/05/2020
M. Jean-Marie Mizzon attire l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation sur le financement de la recherche sur cerveau et, notamment, des travaux menés par l'institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM). Pour les neurologues, le cerveau reste aujourd'hui encore bien mystérieux et demeure un sujet d'étude très vaste. Pourtant, les chercheurs qui étudient cet organe, qui comprend 100 milliards de neurones et 1 000 milliards de cellules nerveuses, un neurone ayant des milliers de connexions avec les cellules nerveuses, pâtissent de l'orientation massive des crédits vers le numérique. Il s'agit d'un choix difficilement compréhensible alors que, dans notre pays, des maladies dégénératives touchent de plus en plus d'hommes et de femmes sans distinction d'âge ou de condition sociale et, pour certains, en bonne santé physique. Certes un ordinateur est désormais indispensable et vouloir le rendre plus performant est louable mais un ordinateur ne produit pas de pensée, processus mental propre à l'être humain que l'on peut juste entendre grâce au langage. L'ordinateur est nécessairement automatique, le cerveau ne l'est pas parce qu'il s'adapte. C'est d'ailleurs ce qui fait que nous pouvons apprendre, nous développer. L'ordinateur obéit, le cerveau peut, lui, innover : c'est l'intelligence. En revanche, la mémoire des ordinateurs est illimitée, pas celle de l'homme. Elle est surtout indélébile grâce au disque dur. Et, c'est précisément là que se situe la fragilité d'un être humain : sa mémoire peut à tout moment faire défaut sans que la médecine puisse expliquer le phénomène. Aussi, il demande si des moyens plus larges vont être donnés aux chercheurs qui s'attachent à étudier les symptômes des maladies neurologiques dégénératives.
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Transmise au Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation
Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 31/12/2020
La recherche sur le fonctionnement cérébral et, plus largement, les neurosciences sont des priorités du ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation (MESRI). Le champ de cette recherche est très large et regroupe des chercheurs venus de tous horizons : anatomistes, biochimistes, pharmacologues, généticiens, biologistes moléculaires, etc, dans plusieurs grands domaines identifiables : neurobiologie du développement, neuroanatomie, neurobiologie moléculaire et cellulaire, neurochimie et neuropharmacologie, neuroendocrinologie, neurosciences cliniques, neurophysiologie, sciences cognitives et neurosciences théoriques. Certains projets emblématiques permettent d'illustrer le soutien des pouvoirs publics en faveur de ces recherches. L'IHU-A-ICM (Institut des Neurosciences Translationnelles de Paris) est l'un des piliers de cette recherche et a pour mission de conduire un projet d'excellence en matière de soins, de formation et de transfert de technologie dans le domaine de la recherche sur les maladies du système nerveux. Sa priorité est de favoriser le développement de produits et procédés préventifs, diagnostiques ou thérapeutiques innovants. Suite à son évaluation scientifique en 2019, l'IHU-A-ICM a été refinancé à hauteur de 17 M par le programme des investissements d'avenir pour la période 2020-2024. Une autre structure dédiée à la recherche sur le cerveau est Neurospin, centre de recherche pour l'innovation en imagerie cérébrale situé sur le site du CEA Paris-Saclay dédié au développement d'outils et de modèles qui permettront de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau normal et pathologique, avant ou après traitement. Centrées sur la neuroimagerie, les recherches conduites comprennent les neurosciences précliniques et cliniques, incluant les neurosciences cognitives réalisées grâce aux plateformes technologiques de pointe d'imagerie IRM qui sont inscrites sur la feuille de route des infrastructures de recherche française. D'autres infrastructures de recherche contribuent à cet apport de connaissance : à titre d'exemple, NeurATRIS est une infrastructure nationale en biologie et santé qui coordonne la recherche translationnelle en neurosciences. Ses membres, tous experts en biothérapies et en neurosciences, contribuent, par la complémentarité de leurs expertises, plateformes et savoir-faire, au renforcement des échanges entre les recherches académique, clinique et industrielle. Cette infrastructure a également été refinancée en 2020 à hauteur de 3,3 M pour la période 2020-2024. Le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation (MESRI) soutient également la cohorte Memento lancée en 2008 dans le cadre du plan Alzheimer pour déterminer les facteurs de risque et déclenchants de la maladie et étudier les signes précoces de la maladie d'Alzheimer. Les 2 000 patients inclus sont suivis au cours du temps. Memento a été évaluée positivement en 2019 et bénéficiera d'un financement complémentaire de 3 M pour la période 2020-2024 pour compléter les études sur les patients inclus. S'ajoute à ces infrastructures et cohortes, le financement d'appels à projet dans cette thématique. Le budget recherche estimé pour le plan maladie neurodégénératives représente environ 80 M (4,1 Mpar an du MESRI, 700 K par an du Programme hospitalier de recherche clinique, 49,3 M de l'ANR et 25 M provenant des diverses fondations). Le programme européen « Human brain project » (« Projet sur le cerveau humain ») est un autre projet scientifique d'envergure qui vise, à horizon 2024, à simuler le fonctionnement du cerveau humain grâce à un superordinateur, et dont les résultats obtenus auraient pour but de développer de nouvelles thérapies médicales plus efficaces sur les maladies neurologiques. Il est l'un des deux FET Flagships (« Initiatives-phare des Technologies Futures et Émergentes ») de l'Union européenne, et soutenu financièrement à hauteur de 500 M chacun sur dix ans par l'UE. La France est associée à ce projet notamment par le CEA, le CNRS, l'INRIA et plusieurs universités. Le projet vise également à créer une nouvelle plate-forme informatique médicale pour tester les modèles informatiques de maladies et améliorer le diagnostic, explorer les mécanismes sous-jacents et accélérer le développement de nouvelles thérapies. Un autre objectif du projet est de tirer parti d'une meilleure compréhension du fonctionnement du cerveau pour le développement de technologies de l'information et de la communication plus performantes s'inspirant des mécanismes du cerveau humain. Les bénéfices espérés sont une meilleure efficacité énergétique, une fiabilité améliorée et la programmation de systèmes informatiques complexes.
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