Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 21/05/2020
M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur les liens entre obésité et formes graves du Covid-19.
L'obésité concerne 17 % des adultes en France, ce qui représente plus de 8 millions de personnes, chiffres stables depuis une dizaine d'années.
On connaissait déjà de graves complications associées, comme le diabète de type 2 ou les maladies cardio-vasculaires, au point que le surpoids et l'obésité sont reconnus comme la cinquième cause de mortalité par l'organisation mondiale de la santé.
Or l'obésité constitue un facteur supplémentaire de risque de développer des formes sévères d'infection au Covid-19. En effet, les médecins ont d'abord constaté la surreprésentation de patients en surpoids ou obèses dans les services de réanimation. Puis une équipe lilloise a mené une analyse comparative des facteurs de risque, dont les conclusions montrent que l'obésité peut entraîner, à elle seule, une diminution anormale de la quantité d'oxygène contenue dans le sang, renforçant la nécessité d'un recours à une ventilation mécanique.
En conséquence, il souhaiterait savoir quelles politiques il compte engager, afin de mieux prendre en charge l'obésité, facteur de risque majeur de pathologies graves.
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Transmise au Ministère des solidarités et de la santé
Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 17/12/2020
Dans le cadre du pilotage de la feuille de route « prise en charge des personnes en situation d'obésité » lancée en octobre 2019, et dont le premier comité de suivi s'est tenu le 16 mars 2020, le ministère des solidarités et de la santé, en lien avec le Pr Olivier Ziegler, co-pilote, a priorisé les travaux sur la prévention des risques associés au Covid-19 et l'impératif de continuité des soins pour les personnes en situation d'obésité. En effet, des études ont pu très vite établir que l'obésité était associée à un risque accru de développer des formes graves du Covid-19. Plus de 47 % des patients infectés entrant en réanimation étaient en situation d'obésité, l'obésité augmentant significativement le risque d'être placé sous respiration mécanique invasive. L'effet était plus marqué pour les personnes en situation d'obésité sévère (à savoir un IMC supérieur à 35 kg/m2) indépendamment de l'âge, de l'hypertension artérielle et du diabète. Sur la base des enseignements tirés des premières études et des recommandations de bonnes pratiques professionnelles, le ministère a rapidement transmis à l'ensemble des professionnels de ville, des établissements de santé, des SAMU/centres 15 et des agences régionales de santé, les informations et consignes relatives aux dispositifs mis à leur disposition pour faciliter le repérage et l'orientation de ces populations en cas de suspicion de Covid-19 ou de risque plus général de rupture de la continuité des soins. Tout en rappelant l'importance des gestes barrière pour les personnes obèses et leur entourage, le ministère a indiqué, en particulier, les moyens à mobiliser pour maintenir leur suivi médical, tels que les téléconsultations et le télé suivi assurés par des médecins, infirmiers, et sages-femmes pris en charge à 100 % par l'assurance maladie ou encore la possibilité, par tout médecin traitant, de s'adresser aux centres spécialisés d'obésité en cas de difficultés liées à l'infection Covid-19 de leur patient obèse et tout spécialement au cours de la phase de convalescence post-Covid (risque de sarcopénie). En parallèle, des informations et consignes dédiées à la prise en charge des soins hors Covid-19 ont invité les médecins traitants à prendre contact avec leurs patients atteints de pathologie chronique, dont les personnes en situation d'obésité, parmi les plus fragiles, pour s'assurer de leur suivi et détecter un risque de décompensation de la pathologie. Les dispositifs de téléconsultation ont visé à faciliter ce suivi. Ce travail a été mené en étroite collaboration avec la société savante de l'obésité (AFERO-Association Française d'Etude et de Recherche sur l'Obésité) et a permis de participer à la diffusion des recommandations de bonnes pratiques. Enfin, la consultation « Bilan et vigilance » ouverte en mai a eu vocation à accompagner les patients ayant une maladie chronique et/ou à risque de forme grave de Covid-19 dans la levée du confinement. La déclinaison opérationnelle de la feuille de route se poursuit et implique l'ensemble des parties prenantes, les intervenants tant de la ville que de l'hôpital, et les représentants des personnes obèses, pour que cette population soit mieux informée, plus précocement prise en charge et mieux suivie, dans des conditions adaptées et innovantes. Cette mise en uvre se fait en étroite articulation avec les autres plans ministériels, tels que le programme National Nutrition Santé (PNNS 4) 2019-2023 ou la Stratégie Nationale Sport Santé. Elle mobilise l'ensemble des leviers relatifs à la prévention (accès aux informations utiles pour adapter ses comportements, programmes d'éducation thérapeutique du patient), à la pertinence de la prise en charge médicale et, si besoin, chirurgicale (expérimentations de parcours de soins ville-hôpital en direction d'enfants et adolescents obèses, formations des professionnels, dispositif d'accord préalable, réforme des autorisations de chirurgie bariatrique), au suivi et à l'amélioration des connaissances sur les facteurs de risque et l'impact de l'obésité (suivi des personnes opérées, recherche clinique sur l'obésité). Enfin, le pilotage de la feuille de route, à travers son comité opérationnel et la tenue de groupes thématiques, veille à associer les acteurs de terrain pour les appuyer dans leur déclinaison des actions à l'échelle des territoires.
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