Question de M. BIGOT Joël (Maine-et-Loire - SOCR) publiée le 14/05/2020
Question posée en séance publique le 13/05/2020
M. le président. La parole est à M. Joël Bigot, pour le groupe socialiste et républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)
M. Joël Bigot. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.
Depuis hier, des milliers d'écoliers reprennent progressivement le chemin de l'école tandis que bon nombre d'entre eux restent chez eux. Vous le savez, monsieur le ministre, l'inquiétude est grande parmi les enseignants, les parents, les enfants, mais aussi les décideurs locaux.
Bien souvent, les protocoles sanitaires sont difficilement applicables, et ce malgré toute la bonne volonté et le dévouement des personnels municipaux et de l'éducation nationale. Le conseil scientifique lui-même estimait que cette rentrée si particulière était prématurée.
Face au danger épidémique et devant l'impossibilité de mettre en œuvre des règles sanitaires satisfaisantes, certains maires ont pris la lourde décision de ne pas rouvrir leurs écoles, désireux de protéger au mieux leur population. C'est ainsi la décision qu'ont prise quelques communes de Seine-et-Marne, notamment.
Qui est plus compétent que le maire pour évaluer la faisabilité ou non d'une réouverture ? Les élus qui ont fait ce choix, dans un contexte bien précis, l'ont fait non pas pour des raisons politiciennes, mais en responsabilité, compte tenu des capacités de leurs bâtiments, des effectifs à leur disposition et des protections qu'il est nécessaire de mettre en place.
Or certaines académies ont clairement fait comprendre à ces élus que leur choix entraînerait des conséquences fâcheuses : les enfants des personnels soignants ne seraient plus accueillis dans leurs écoles et aucun enseignant ne serait disponible pour y assurer l'éducation de ces enfants. Voilà de quoi forcer la main aux édiles réfractaires !
Si ces maires ne rouvrent pas leurs écoles, monsieur le ministre, c'est non pas par coquetterie, mais parce qu'ils estiment que les conditions ne sont pas réunies et qu'ils ne sont pas prêts pour une réouverture dans l'immédiat.
Monsieur le ministre, dans ces cas particuliers, allez-vous maintenir une offre spécifique pour les enfants des personnels soignants, ces écoles étant de surcroît situées dans des zones rouges, et travailler de manière apaisée avec les élus, afin de trouver des solutions adaptées pour chaque territoire ? (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)
Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 14/05/2020
Réponse apportée en séance publique le 13/05/2020
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le sénateur Joël Bigot, je vais m'efforcer de répondre aux différentes questions que vous me posez.
Je déduis de votre introduction que vous êtes contre le déconfinement scolaire et que vous souhaitez que la réouverture des écoles ait lieu en septembre. Autrement dit, vous jugez et vous devriez l'assumer que les élèves, notamment de primaire, peuvent rester chez eux jusqu'au mois de septembre en dépit des conséquences sociales, sociétales et sanitaires qui en découlent et que nous mesurerons en ce moment même.
Vous êtes en droit de reprocher au Gouvernement d'avoir une préoccupation sociale plus forte que la vôtre. Il reste que cette préoccupation est réelle : le Gouvernement veut que les enfants retrouvent le chemin de l'école. En effet, loin d'être secondaire, l'école de la République est un élément fondamental en période normale, et encore plus fondamental en période de crise, à condition bien sûr d'avoir un protocole sanitaire strict.
Le protocole sanitaire qui est mis en uvre est effectivement strict. Voudriez-vous qu'il ne le soit pas ? Ce protocole est exigeant pour nous tous et je l'assume : en cette période de crise, nous devons nous retrousser les manches afin de respecter ensemble les règles permettant de garantir la santé, et c'est ce que nous faisons.
Je me réjouis que les maires et l'éducation nationale coopèrent étroitement dans cet objectif. J'en veux pour preuve que plus de 90 % des communes rouvrent leurs écoles. Malgré les difficultés si la période était facile, cela se saurait ! , le travail engagé porte ses fruits. En période de crise, les obstacles doivent être surmontés ensemble.
C'est pourquoi je veux rendre hommage aux maires, qui, dans leur immense majorité, se sont retroussé les manches pour travailler avec les personnels des collectivités locales et de l'éducation nationale pour permettre aujourd'hui à 1 500 000 élèves de retrouver l'école. Nous voudrions que ce nombre soit plus élevé encore, mais il va augmenter au cours des prochaines semaines.
Enfin, nous avons vocation à accueillir les enfants des personnels soignants, y compris en zone rouge. Le cas échéant, je rectifierai ce qui doit l'être pour que nous puissions les accueillir comme nous les avons accueillis pendant la période de confinement. Nous n'avons alors rencontré aucun problème particulier : c'est bien la preuve que la préoccupation sociale est une question de volonté politique. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)
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