Question de M. MOGA Jean-Pierre (Lot-et-Garonne - UC) publiée le 14/05/2020

Question posée en séance publique le 13/05/2020

M. le président. La parole est à M. Jean-Pierre Moga, pour le groupe Union Centriste. (M. Jean-Marie Bockel applaudit.)

M. Jean-Pierre Moga. Ma question s'adresse à Mme la secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances. Elle porte sur la situation et sur l'avenir de l'industrie pharmaceutique française.

La crise du coronavirus a aggravé la pénurie de médicaments en France. Cette situation risque de se dégrader encore à l'avenir.

Dans mon département de Lot-et-Garonne, par exemple, l'entreprise UPSA a été en première ligne durant la crise pour accroître la production de Dafalgan et d'Efferalgan. Elle a ainsi assuré la continuité de l'accès des Français au paracétamol. Pourtant, les mesures sanitaires ont entraîné une augmentation des coûts de production. Et comme si cela ne suffisait pas, le prix du paracétamol devrait baisser à partir du 1er juin. Dans ces conditions, UPSA continuera-t-elle de produire en France ou va-t-elle se délocaliser, comme tant d'autres l'ont déjà fait ?

Cet exemple illustre bien l'absence de vision que nous avons en la matière dans notre pays, et ce depuis de très nombreuses années. La crise du Covid-19 a révélé à quel point nous étions devenus dépendants de l'étranger. Il y a dix ans, il manquait 40 médicaments en France. Aujourd'hui, 400 médicaments sont en rupture totale, 2 000 sont en tension. Désormais, 80 % des principes actifs sont produits aux États-Unis, en Inde ou en Chine. Le résultat, nous l'avons vu, c'est que, en cas de crise, c'est la pénurie.

Le secteur pharmaceutique est aussi important que peuvent l'être ceux de l'énergie ou des data. Il faut donc en avoir une approche plus stratégique.

Madame la secrétaire d'État, concernant UPSA, envisagez-vous une annulation de la baisse du prix du paracétamol ou, a minima, le report de son entrée en vigueur à 2021 ?

Plus globalement, quelles solutions envisagez-vous pour relocaliser la production pharmaceutique en France ou en Europe, dans l'optique d'une vraie politique industrielle ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'économie et des finances publiée le 14/05/2020

Réponse apportée en séance publique le 13/05/2020

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances.

Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances. Merci d'abord, monsieur le sénateur Moga, de mettre en lumière la contribution de l'industrie pharmaceutique française et de ses sites en France à la lutte contre le Covid-19. Comme vous le savez, ils ont été fortement mobilisés ces dernières semaines et ont permis de soutenir les efforts de nos soignants, qui étaient en première ligne.

Vous m'interrogez sur la politique industrielle du Gouvernement et sur sa vision stratégique dans le domaine de la santé.

Je me réjouis de faire partie d'un gouvernement qui a fait de la reconquête industrielle un des éléments centraux de sa politique économique, cette politique ayant permis la création d'emplois industriels en France en 2017, en 2018 et en 2019, ce qui n'était pas arrivé entre 2000 et 2016.

Ce gouvernement a signé un ambitieux contrat stratégique de filière dans le domaine de la santé.

Enfin, ce gouvernement a créé, en juillet 2018, un Conseil stratégique des industries de santé, avec un programme clair : accélérer l'accès au marché des innovations thérapeutiques, mais également avoir une vision industrielle, notamment dans la politique du médicament.

C'est précisément cette vision qui nous a conduits, une première fois, je le signale, à reporter la baisse du prix du paracétamol. Comme vous le savez, la politique de prix des produits de santé est un enjeu à la fois pour l'accès des personnes les plus précaires à la santé et pour notre système de santé. C'est un enjeu en termes de coût, mais également un enjeu industriel.

Je rappelle que, entre 2008 et 2017, la part de l'industrie pharmaceutique française dans la production pharmaceutique mondiale a été divisée par deux. Divisée par deux ! Heureusement donc que nous avons développé une vision industrielle ces trois dernières années. Je peux vous dire qu'elle sera accentuée au cours des prochaines semaines et des prochains mois !

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