Question de M. SUEUR Jean-Pierre (Loiret - SOCR) publiée le 23/04/2020
M. Jean-Pierre Sueur appelle l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur les travaux et propositions faites par des mathématiciens et statisticiens de l'École Polytechnique (Centre de Mathématiques Appliquées), de l'université de Toulouse (institut mathématique de Toulouse), l'université de Montpellier (institut montpelliérain Alexandre Grothendieck) et de l'université de Lorraine (institut Élie Cartan) qui peuvent se prévaloir d'une compétence scientifique largement reconnue. Ceux-ci font valoir que pour comprendre l'évolution de cette pandémie et envisager des évolutions dans la stratégie du confinement, puis du déconfinement, il est indispensable, comme il le sait, de connaître certains paramètres-clés. En particulier, le nombre moyen d'infections provoquées par un individu ayant contracté le virus ainsi que le pourcentage de la population non hospitalisée ayant été en contact avec le virus et donc potentiellement immunisée sont deux paramètres majeurs. Or aujourd'hui, il n'existe pas de données scientifiques permettant de rendre compte de ces paramètres, même approximativement. Il apparaît surprenant que cette méconnaissance de paramètres-clés de la pandémie subsiste alors que des méthodes statistiques éprouvées qui reposeraient notamment sur un protocole de tests médicaux auprès d'un échantillon aléatoire de la population permettraient d'apporter une réponse fiable aux questions posées. Compte tenu de l'importance des paramètres évoqués, il lui demande en conséquence s'il compte solliciter dans des délais rapprochés les équipes universitaires précitées pour procéder aux études qu'elles proposent et préconisent.
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Transmise au Ministère des solidarités et de la santé
Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 26/11/2020
La compréhension de l'évolution de l'épidémie est primordiale pour déterminer la stratégie à adopter. Depuis le début de l'épidémie, le Gouvernement se base sur de multiples indicateurs, qui permettent de mesurer tant l'incidence, c'est-à-dire une mesure de l'état de santé de la population, dénombrant le nombre de nouveaux cas sur une période donnée, que la prévalence, autre mesure prise en compte en épidémiologie, qui rend compte quant à elle de la part de la population atteinte par la maladie à un moment donné. Le dépistage massif que met en uvre la France depuis la fin de l'été permet de mieux estimer l'état et l'évolution de la situation épidémique dans le pays. L'ensemble de ces indicateurs sont suivi par les autorités de santé : activité épidémique, taux de positivité des tests virologique, tension hospitalière sur les capacités de réanimation sont disponibles sur le site Géodes.. Parmi tous les indicateurs, trois principaux sont particulièrement retenus : taux d'incidence, taux d'incidence pour les plus de 65 ans et part de patients COVID en réanimation. Ce dernier indicateur permet d'évaluer la tension hospitalière sur les capacités en réanimation, et ainsi d'estimer l'impact de l'épidémie sur notre système de santé. Enfin, depuis le début de l'épidémie, le Gouvernement soutient les initiatives de la recherche. L'ARS a lancé un appel à projets Recherche-Action COVID-19. Cet appel est conduit en articulation étroite avec le Comité d'Analyse Recherche Expertise (CARE) COVID-19, le consortium multidisciplinaire REACTing (REsearch and ACTion targeting emerging infection diseases) coordonné par l'Inserm. Fondé sur les recommandations de l'OMS, cet appel visait à soutenir rapidement les communautés scientifiques mobilisées sur le COVID-19 dans le contexte d'urgence, en particulier autour de cinq aces : les études épidémiologiques, la physiopathogénie de la maladie, la prévention et le contrôle de l'infection, les questions relatives à l'éthique et aux dynamiques sociales, ainsi que les enjeux globaux de l'épidémie. Concernant le taux d'immunisation de la population, dans un avis en date du 2 mai dernier, le Haut Conseil pour la santé publique (HCSP) note qu'il reste encore beaucoup d'incertitudes sur la signification de la présence d'anticorps chez les patients en termes de réalité de l'immunité conférée et de sa durée. Le HCSP précise ainsi que « les tests sérologiques ne permettent pas de statuer une potentielle immunité protectrice ni a fortiori sur sa durée. », et qu'ils « n'apportent pas d'information sur sa contagiosité ». Les tests sérologiques, en particulier les tests automatisables, réalisés en laboratoires, constituent cependant un outil précieux pour apporter des connaissances sur le virus lui-même et les réponses immunitaires qu'il déclenche. Les données qu'ils apportent permettent d'alimenter des modèles pour permettre d'anticiper la trajectoire de l'épidémie, et ainsi guider les pouvoirs publics dans leurs décisions.
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