Question de M. MASSON Jean Louis (Moselle - NI) publiée le 05/03/2020

M. Jean Louis Masson attire l'attention de M. le ministre de l'action et des comptes publics sur le fait que le récent rapport de la Cour des comptes met en cause le fait que les élèves de l'École polytechnique perçoivent un salaire, comme c'est d'ailleurs le cas dans toutes les écoles de fonctionnaires. Le rapport met en cause également l'origine sociologique des élèves, les milieux les plus aisés financièrement étant, selon lui, favorisés. Finalement, la Cour des comptes propose la suppression du salaire versé aux élèves et son remplacement par des bourses. Il est douteux qu'une telle mesure puisse contribuer à aider les jeunes polytechniciens issus de milieux défavorisés car dans le système actuel, ils sont nourris, logés et perçoivent une indemnité, ce qui leur permet de ne strictement rien coûter à leur famille. L'instauration de bourses risquerait au contraire de ne couvrir qu'une partie des dépenses et de conduire à l'effet inverse de celui qui est recherché. Par contre, la raison d'être de l'École polytechnique est de fournir des cadres de haut niveau dans la fonction publique ; or actuellement, il n'y a qu'un élève sur cinq de chaque promotion qui reste dans la fonction publique à la sortie de l'école. Théoriquement, les élèves qui partent directement dans le privé doivent rembourser les frais de scolarité, ce qu'on appelle « la pantoufle ». Pour ceux-ci, il suffirait d'intégrer le montant des salaires perçus dans le calcul de la pantoufle pour répondre de manière équitable à la préoccupation de la Cour des comptes. Il lui demande donc de lui indiquer quel est le bilan des efforts réalisés au cours des cinq dernières années pour obliger les élèves qui entrent directement dans le secteur privé à rembourser le montant de leur pantoufle, il souhaite notamment obtenir une statistique précise pour chacune des dix dernières promotions. Il lui demande aussi s'il serait favorable à ce que le montant des salaires perçus soit intégré dans la pantoufle.

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Transmise au Ministère de la transformation et de la fonction publiques


Réponse du Ministère de la transformation et de la fonction publiques publiée le 18/02/2021

Les règles relatives aux modalités de calcul de la pantoufle ont été profondément révisées par le décret n° 2015-566 du 20 mai 2015 relatif au remboursement des frais d'entretien et d'études par certains élèves de l'École polytechnique. Sous l'empire des dispositions précédentes, le remboursement des frais de scolarité n'était dû que pour les seuls élèves qui choisissaient un corps de la fonction publique civile ou militaire à l'issue de leur scolarité. Désormais, sont prévues les conditions de remboursement des frais supportés par l'École polytechnique pour assurer l'entretien et la formation de l'ensemble des élèves de nationalité française à compter de la promotion 2015. Il permet de distinguer trois situations d'élèves ou d'anciens élèves : les élèves quittant la scolarité avant sa fin, les anciens élèves nommés dans des corps civils ou militaires de la fonction publique ne respectant pas l'engagement à servir l'État pendant dix ans, les anciens élèves exerçant dans le secteur privé et n'ayant pas respecté l'engagement à servir l'État pendant un an dans les cinq ans suivant la fin de leur scolarité ou pendant dix ans dans les vingt ans suivant la fin de la scolarité. La pantoufle due par l'élève ou l'ancien élève est composée de l'intégralité de la solde spéciale et de l'indemnité représentative de frais perçues au cours de la scolarité, à l'exception des douze premiers mois, au prorata des années de service non effectuées s'agissant des deux dernières situations. Par conséquent, le montant des salaires perçus par les élèves de l'École polytechnique sont déjà pris en compte, à l'exception des douze premiers mois de leur scolarité, pour calculer le montant de la pantoufle. Par ailleurs, les règles relatives aux modalités de calcul de la pantoufle des membres des corps civils qui recrutent par la voie de l'École polytechnique ont été réformées en 2018. Les décrets portant statut des corps des ingénieurs des mines, des ingénieurs des ponts, eaux et forêts et des administrateurs de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) ont été modifiés afin d'intégrer la prise en compte des salaires versés en tant qu'élève-ingénieur ou élève-administrateur. Ainsi, les modalités de calcul des pantoufles sont désormais harmonisées. Enfin, s'agissant du suivi de l'engagement à servir des élèves de l'École polytechnique, le dernier alinéa de l'article 37 de la loi n° 2019-828 du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique prévoit qu'un suivi annuel des ruptures d'engagement à servir des élèves et anciens élèves de certaines écoles du service public, dont les élèves et anciens élèves de l'École polytechnique, est assuré. Pour l'année 2018, il a ainsi été constaté que 18 élèves ou anciens élèves avaient rompu leur engagement à servir et devaient donc rembourser leur pantoufle en application des dispositions antérieures au décret du 20 mai 2015 précité. Le suivi du nouveau dispositif mis en place par ce décret pour les élèves de l'École polytechnique ayant choisi le secteur privé ne sera effectué qu'à compter de l'année 2021 pour l'année 2020. En effet, le nouveau dispositif ne s'applique qu'à partir de la promotion 2015. En 2020, les élèves promotion 2015 devront fournir à l'école les documents permettant de vérifier le respect de l'engagement à servir un an l'État dans les cinq années suivant la fin de leur scolarité.

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