Question de Mme LHERBIER Brigitte (Nord - Les Républicains) publiée le 05/03/2020

Question posée en séance publique le 04/03/2020

Mme Brigitte Lherbier. Ma question s'adresse à Mme le ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Madame la ministre, depuis plus de trois mois, des universitaires sont en grève en France. C'est le cas par exemple à l'université de Lille, où certains enseignants n'assurent plus leurs cours depuis le 5 décembre dernier.

Ces enseignants ne sont pas astreints à déclarer leur grève, ce qui paralyse le fonctionnement de l'université. La liste de leurs revendications est sans fin, même si la baisse des crédits consacrés aux laboratoires de recherche paraît être le détonateur de leur mouvement de contestation.

Ce sont les étudiants qui n'ont plus cours depuis plusieurs mois qui m'ont alertée.

Je sais, à l'heure qu'il est, que les étudiants sont à la fois inquiets et en colère, parce qu'ils ne sont plus en mesure de recevoir l'enseignement pour lequel ils se sont inscrits à l'université. Je tiens d'ailleurs à en saluer quelques-uns, présents aujourd'hui dans le public. D'autres collègues ont eu les mêmes retours.

Ces mouvements se répètent au sein de nos universités, au détriment de la formation de nos jeunes. La situation de l'enseignement supérieur est particulièrement préoccupante. Année après année, nos universités ne cessent de reculer au sein des grands classements internationaux. Si rien n'est fait, les inégalités vont encore s'accroître entre les étudiants : il y a ceux qui iront étudier dans les grandes écoles ou à l'étranger et les autres. Nos étudiants ont pourtant tous droit à un enseignement supérieur de qualité.

Bien sûr, le niveau des examens finaux s'adaptera aux programmes réellement étudiés par ces étudiants, mais l'accès aux concours nationaux leur sera très difficile, voire impossible.

L'ascenseur social, qui était l'essence même de l'université, ne peut pas fonctionner dans de telles conditions.

Madame la ministre, quelle est la position du Gouvernement, que l'on a peu entendu sur ce sujet ? Qu'avez-vous à dire aux étudiants qui sont privés de cours depuis quelque temps ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 05/03/2020

Réponse apportée en séance publique le 04/03/2020

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Madame la sénatrice Lherbier, les situations que vous avez décrites existent. Elles sont heureusement extrêmement minoritaires. Il appartient aux responsables des enseignements, des formations, aux présidents d'université de tout faire pour les éviter.

De tels mouvements sont observés dans un petit nombre d'universités, mais on constate aussi de plus en plus souvent que les étudiants font entendre leur voix. Cela a été le cas, pas plus tard qu'avant-hier, lors d'une assemblée générale au centre René-Cassin de l'université Panthéon-Sorbonne, à l'issue de laquelle les étudiants ont voté, cette fois à la majorité, pour que les cours reprennent.

Il y a une forme de prise en otage des étudiants… (Protestations sur les travées des groupes CRCE et SOCR.)

Mme Éliane Assassi. Un peu de respect pour les otages !

Mme Frédérique Vidal, ministre. … par un groupe, je le répète, minoritaire d'enseignants, qui refusent de faire cours. C'est leur droit le plus strict, mais ils doivent alors se déclarer en grève ; il est important que la continuité de l'enseignement soit assurée au sein des universités.

Mme Éliane Assassi. À qui la faute ?

Mme Frédérique Vidal, ministre. À ce jour, nous déplorons effectivement un blocage qui dure depuis quelques semaines à l'université Paul-Valéry, ainsi que dans quelques formations de l'université de Lille. Je suis en liaison permanente avec les présidents d'université, qui essaient de résoudre ce problème.

J'y insiste, la situation est extrêmement complexe pour ces étudiants, privés de leurs enseignements, ce qui nuit à leur formation, à laquelle ils accordent évidemment une grande importance. C'est l'honneur de la très grande majorité des enseignants-chercheurs dans les universités que de veiller à ce que ces enseignements puissent avoir lieu.

Enfin, je le rappelle, nous avons mis en place le plan Étudiants, avec plus d'un milliard d'euros alloués aux universités sur la durée du quinquennat,…

M. le président. Il faut conclure !

Mme Frédérique Vidal, ministre. … et nous préparons la loi de programmation pour la recherche, qui valorisera l'ensemble des activités des chercheurs et des enseignants-chercheurs dans notre pays. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

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