Question de M. RAMBAUD Didier (Isère - LaREM) publiée le 20/02/2020

Question posée en séance publique le 19/02/2020

M. Didier Rambaud. Ma question s'adresse à Mme la ministre des sports.

Depuis le témoignage glaçant de la patineuse Sarah Abitbol, une vague de témoignages d'athlètes abusés sexuellement dans leur jeunesse éclate au grand jour. Au-delà du patinage artistique, ce sont les mondes de l'escalade, du ski, du tennis et, maintenant, de l'équitation qui sont concernés, faisant des abus sexuels dans le sport un scandale qui renvoie irrémédiablement l'État à ses responsabilités.

Parler d'« abus sexuels » me paraît à vrai dire bien pudique, puisqu'il s'agit plutôt, en réalité, de témoignages de pédocriminalité dans les clubs sportifs qui accueillent nos enfants dans nos territoires.

Sachez, madame la ministre, que notre appui sera total tant il est urgent d'agir. J'aimerais à ce titre saluer l'organisation de la convention nationale sur la prévention des violences sexuelles dans le sport, qui se tiendra dans deux jours. Elle va dans le bon sens, puisque la pédocriminalité dépasse, hélas ! très largement le cadre du sport et que tous les acteurs sans exception doivent être mobilisés.

De la même manière, la piste de l'élargissement du contrôle d'honorabilité aux bénévoles qui encadrent les mineurs dans le monde sportif paraît particulièrement opportune. Toutefois, le bénévolat n'est pas la seule faille du système.

J'aimerais particulièrement attirer votre attention sur le modèle entraîneur-élève, qui structure largement le monde du sport et crée parfois une dépendance psychologique extrême, laquelle rend les mineurs vulnérables à la pédocriminalité, notamment lorsque l'entraîneur en vient presque à se substituer à la famille.

Aussi, pouvez-vous nous garantir, madame la ministre, que le futur projet de loi Sport et société se donnera les moyens de mettre définitivement un terme à ces crimes révoltants ? (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)


Réponse du Ministère des sports publiée le 20/02/2020

Réponse apportée en séance publique le 19/02/2020

Mme Roxana Maracineanu, ministre des sports. Monsieur le sénateur Didier Rambaud, je vous remercie de votre question et de votre soutien – je dois dire que c'est un soutien transpartisan qui a été manifesté sur cette thématique et il est indispensable dans cette période de transparence salutaire que traverse le sport français.

Comme vous l'avez dit, les témoignages des victimes, leur nombre, la gravité des faits, leur persistance dans le temps et l'impunité dans laquelle ils se sont déroulés sont aussi choquants que bouleversants. Ils le sont pour le grand public, pour le mouvement sportif, ainsi que pour l'État et ses agents. À ce titre, je tenais à remercier les agents de mon ministère de leur mobilisation en urgence pour écouter la parole qui se libère chaque jour.

Après-demain, vous l'avez dit, Nicole Belloubet, Adrien Taquet, Marlène Schiappa et moi-même réunissons tous les acteurs, dont les parlementaires, pour une convention nationale sur la prévention des violences sexuelles dans le sport. Car la pédocriminalité, vous l'avez dit aussi, n'est pas un sujet spécifique au sport : en Europe, un enfant sur cinq en est victime. Le sport doit apporter sa pierre à l'édifice d'une société plus sûre pour nos enfants. Chacun doit s'approprier cette vigilance de chaque instant.

Le pilotage des actions doit être mené main dans la main avec les collectivités et le mouvement sportif, afin de bâtir collectivement un plan national de prévention robuste et efficace, par le biais, notamment, de la loi Sport et société que vous venez d'évoquer et à laquelle nous travaillons activement pour aboutir à un texte au printemps 2020. Nous y renforcerons le contrôle de l'honorabilité des bénévoles et les obligations des dirigeants et des éducateurs à l'égard des fédérations.

Mais la vigilance devra aussi passer par des actions éducatives de formation et de prévention. Il s'agit de sensibiliser les enfants sur leur rapport à leur propre corps, chose qui n'est pas faite souvent dans notre société, y compris dans le cadre familial, et pour laquelle le sport peut jouer un grand rôle ; de former les éducateurs sur les limites à poser et à tenir dans les relations entre les entraîneurs et les personnes entraînées que vous avez évoquées ; d'agir de manière constante pour dire qu'il est important de parler, de dénoncer et de signaler. Il convient également de coordonner les actions de l'État, des associations spécialisées, des familles, des collectivités, des associations sportives et des fédérations, pour que ces situations ne se reproduisent plus à l'avenir, qu'il s'agisse du monde du sport ou de la société en général. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

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