Question de M. PATRIAT François (Côte-d'Or - LaREM) publiée le 30/01/2020

Question posée en séance publique le 29/01/2020

M. François Patriat. Monsieur le Premier ministre, ni triomphalisme ni relâchement : le chômage est la plus grande injustice sociale de notre pays et tout le monde doit contribuer à la lutte. (Vives exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) Si le chômage ne vous intéresse pas, dites-le-moi, chers collègues ! J'en préviendrai nos compatriotes… (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

Les chiffres publiés cette semaine sont éloquents, avec 120 000 chômeurs de catégorie A de moins sur un an, soit la plus forte baisse enregistrée depuis 2007.

La réforme du code du travail, de l'apprentissage, de la formation continue, les baisses de charges et d'autres mesures prises par le passé n'y sont pas étrangères.

Toutefois, il y a aujourd'hui encore beaucoup de personnes au chômage – 3,5 millions –, raison pour laquelle j'appelle à ne pas céder au triomphalisme.

Il ne faut pas non plus céder au relâchement, car, si les chiffres montrent que la croissance, bien que modérée, est créatrice d'emplois, notamment de CDI, ce constat ne doit pas nous dispenser d'une grande exigence quant aux chantiers que nous avons à mener tous ensemble : grand plan de formation pour les chômeurs de longue durée ou les jeunes sans qualification, augmentation du taux d'emploi des seniors, comme le préconise le rapport Bellon, réponse au cas des nombreuses offres d'emploi non satisfaites…

Monsieur le Premier ministre, ma question est simple : comment le Gouvernement entend-il poursuivre la lutte contre le chômage qu'il a entamée et quelles sont les mesures qui seront prises dans les mois à venir pour parvenir à ce que l'injustice que constitue le chômage régresse dans notre pays ? (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)


Réponse du Premier ministre publiée le 30/01/2020

Réponse apportée en séance publique le 29/01/2020

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Monsieur le président Patriat, j'ai souvent pensé que nous avions, en France, une difficulté particulière à nous réjouir collectivement de bonnes nouvelles.

Se réjouir collectivement d'une bonne nouvelle ne veut pas dire que tout va bien. Cela ne veut pas dire que cette bonne nouvelle nous est entièrement attribuable. Cela ne veut pas dire que nous ignorerions qu'il faut encore beaucoup travailler à certains endroits. Non ! Se réjouir d'une bonne nouvelle signifie simplement noter une évolution qui va manifestement dans le bon sens et qui est due aux efforts continus et poussés des gouvernements qui se sont succédé, singulièrement du gouvernement que j'ai l'honneur de diriger depuis plus de deux ans.

Nous avons reçu, ces deux dernières semaines, une série de bonnes nouvelles.

Nous avons d'abord eu la confirmation que notre pays était encore plus attractif qu'auparavant pour les investissements étrangers. Que des entreprises, plus ou moins grandes, localisent leur production sur le territoire national est toujours une bonne nouvelle pour l'emploi, et c'est toujours une bonne nouvelle pour le pays.

D'importantes annonces ont été réalisées dans le cadre du sommet organisé par le Président de la République. De ces bonnes nouvelles, je veux me réjouir. Elles ne sont pas évidemment sans lien avec les bonnes nouvelles d'aujourd'hui. De fait, les chiffres du chômage sont bons. Plus exactement, ils montrent une tendance continue à l'amélioration. Nous devons nous en réjouir, pour ceux qui retrouvent un emploi, pour ceux qui conservent le leur et pour les entreprises françaises et de France, qui produisent plus, qui produisent mieux, et qui investissent parce qu'elles ont confiance dans l'avenir.

Monsieur Patriat, au nom de quelle curieuse forme d'esprit serions-nous divisés sur une telle bonne nouvelle ?

Au demeurant, j'observe, et je m'en réjouis, que ces bons chiffres, qui succèdent aux bons chiffres de 2018, 2017 et même, je le dis sans hésiter, de 2016 (Marques d'approbation sur les travées du groupe SOCR.), grâce, d'ailleurs, à des mesures qui sont aujourd'hui souvent critiquées par ceux-là mêmes qui les ont promues… (Applaudissements sur les travées des groupes LaREM et Les Indépendants. – Exclamations sur les travées des groupes SOCR et CRCE.)

M. Claude Bérit-Débat. Ce n'est pas vrai !

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Si, c'est vrai ! Je le constate.

M. Rachid Temal. Démagogie !

M. Édouard Philippe, Premier ministre. J'observe que les chiffres sont bons, non pas parce que nous aurions placé un certain nombre de Françaises et de Français dans des voies souvent sans issue, dans le cadre de je ne sais quel contrat plus ou moins aidé dont on sait très bien qu'il ne débouchait pas toujours sur une insertion professionnelle, mais parce que le nombre d'embauches en contrat à durée indéterminée augmente nettement. En effet, l'effort de formation que nous avons entendu accroître à destination de ceux qui sont parfois le plus éloignés de l'emploi commence à payer.

Il reste encore beaucoup à faire. Vous qui connaissez la totalité de nos territoires, vous savez parfaitement, mesdames, messieurs les sénateurs, que, dans tous les secteurs et dans tous les territoires, de nombreux emplois doivent être pourvus, de nombreuses offres d'emploi ne trouvent pas preneur, par manque de formation, par manque de mobilité géographique ou, parfois, par manque d'appétence pour le retour au travail (Protestations sur les travées des groupes CRCE et SOCR.), pour toute une série de raisons qu'il faut corriger. C'est ce que nous essayons de faire, au travers des plans de formation, de la réforme de l'assurance chômage, du développement de l'attractivité de notre territoire et de l'ensemble des mesures fiscales que nous avons prises, que nous assumons et qui – réjouissons-nous-en, mesdames, messieurs les sénateurs – commencent à produire d'excellents effets. (Applaudissements sur les travées des groupes LaREM et Les Indépendants, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

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