Question de M. PIEDNOIR Stéphane (Maine-et-Loire - Les Républicains) publiée le 16/01/2020

Question posée en séance publique le 15/01/2020

M. Stéphane Piednoir. Monsieur le ministre de l'éducation nationale, dans cinq jours commenceront les épreuves communes d'évaluation continue en classe de première, épreuves qui s'inscrivent dans la réforme du baccalauréat que vous avez souhaité mettre en œuvre.

Cette première étape importante dans l'évaluation globale des futurs bacheliers de 2021 suscite chez les lycéens un stress bien légitime et bien compréhensible.

Cette nouvelle formule suscite surtout l'inquiétude des professeurs et parfois la panique dans les équipes chargées de l'organisation au sein des établissements – vous le savez sans doute.

Certains syndicats enseignants appellent même au boycott de ces épreuves, par le biais d'une grève de la surveillance.

Si je ne cautionne évidemment pas cette dérive, car je considère que le sens des responsabilités doit l'emporter, celle-ci révèle une rupture du dialogue entre votre ministère et la communauté éducative.

Il faut bien reconnaître l'impréparation, pour ne pas dire l'improvisation, autour de ces épreuves : ouverture tardive de la banque de sujets, difficultés liées à la dématérialisation des copies, découverte in extremis du logiciel de correction. Les griefs sont nombreux, sans parler de l'indemnisation des correcteurs. Plus d'une centaine d'actions sont en cours à travers la France !

Monsieur le ministre, mesurez-vous l'ampleur et l'urgence de la situation ? Pouvez-vous rassurer les personnels et nous assurer que ces épreuves auront bien lieu dans des conditions normales ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 16/01/2020

Réponse apportée en séance publique le 15/01/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le sénateur Piednoir, merci d'évoquer cette échéance importante dans la réforme du baccalauréat, qui fait suite, d'ailleurs, à d'autres échéances précédentes – je pense aux emplois du temps, en septembre, et aux conseils de classe, en décembre.

J'ai eu à répondre à ce genre de questions en amont ; il s'est trouvé qu'à chaque fois certains se sont fait le relais d'inquiétudes qui, en définitive, ne se vérifiaient pas.

Ces épreuves de contrôle continu ont un sens : celui de faire travailler en continu les élèves. Vous avez parlé de « stress » ; je parlerai pour ma part, tout simplement, de travail en continu, dont l'objectif est justement d'éviter le bachotage et de permettre la hausse du niveau des élèves en France.

J'entends certains discours ; ils ne sont pas forcément majoritaires. D'ailleurs, les épreuves ont déjà commencé, dans certains lycées, très tranquillement, sans aucun problème, ni humain ni technique.

J'observe – vous avez dit que vous ne le cautionniez pas ; la suite de votre question ne l'a pas complètement démontr頖 que certains disent qu'ils ne corrigeront pas. Ils créent, ce faisant, le problème dont ils se plaignent. En gros, ils disent qu'il va y avoir des troubles, puis constatent – comme c'est embêtant ! – qu'en effet il y a des troubles.

Je dirai plusieurs choses sur ce point.

D'abord, sur le plan technique, tout est prêt, avec une innovation majeure très intéressante, qui est la dématérialisation : 1,7 million de copies seront scannées et corrigées sur ordinateur. C'est un progrès aussi pour les élèves, puisqu'ils pourront consulter en temps réel leur copie sur ordinateur. Cette dématérialisation est faite.

Ensuite, si cette échéance constitue une innovation importante, c'est évidemment aussi parce que les élèves peuvent désormais préparer de façon intermédiaire les épreuves des différentes matières, qui sont au nombre de trois dans la voie générale et de quatre dans la voie technologique. Ce n'est pas excessif : les épreuves durent soit une heure soit deux heures, et s'intègrent normalement dans le cursus ; elles offrent une forme de galop d'essai sans être néanmoins, pour les élèves, trop décisives, puisqu'elles ne comptent pas pour plus de 2 % dans la note finale.

Il y a donc incontestablement un progrès, qui était d'ailleurs demandé par certaines organisations syndicales dans le cadre des discussions que nous avons eues avec elles – on les entend moins que celles qui protestent aujourd'hui.

J'espère, mesdames, messieurs les sénateurs, que vous cautionnerez la voie de la raison et que, dans un mois, vous saluerez les progrès qui ont été faits comme vous saluez d'autres progrès qui ont été faits dans le passé. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM. – M. Pierre Louault applaudit également.)

M. le président. La parole est à M. Stéphane Piednoir, pour la réplique.

M. Stéphane Piednoir. Monsieur le ministre, permettez-moi de m'inscrire en faux par rapport aux propos rassurants que vous venez de tenir, un peu à l'image de ceux que vous aviez tenus lors de votre audition par la commission de la culture, la semaine dernière.

Non, l'ambiance n'est pas à la sérénité, ni au sein des familles concernées ni au sein des équipes chargées de l'organisation. D'un point de vue matériel – je ne suis pas d'accord avec vous –, les choses ne sont pas partout complètement opérationnelles. Il ne sert à rien de masquer la réalité : il y a des difficultés.

Vous appelez souvent de vos vœux la construction d'une école de la confiance – c'est même le titre d'un projet de loi que vous avez défendu : confiance envers les jeunes, envers les professeurs, envers les personnels de direction. Il me semble qu'un élément manque dans votre façon de construire la confiance :…

M. le président. Il faut conclure !

M. Stéphane Piednoir. … la transparence, voire, monsieur le ministre, la sincérité. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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