Question de M. DUPLOMB Laurent (Haute-Loire - Les Républicains) publiée le 16/01/2020
Question posée en séance publique le 15/01/2020
M. Laurent Duplomb. Monsieur le ministre de l'économie et des finances, il y a un an, vous déclariez au Sénat : « Nos finances publiques, c'est l'histoire d'une lente dégradation depuis quinze ans. Cette dégradation tient en trois chiffres : trente-trois, trois et trois : vous le voyez, ce n'est pas difficile à retenir ! » Trente-trois, c'est le montant de l'augmentation de la dette publique en dix ans ; 3 %, c'est celui de l'augmentation de la dépense publique ; et 3 %, c'est également celui de l'augmentation des taxes et des impôts. Et vous ajoutiez : « ma détermination personnelle est justement d'en changer, afin que nous dépensions moins et mieux, que nous réduisions par conséquent la dette ».
Ces propos résonnaient dans l'hémicycle comme une leçon un tantinet provocatrice, voire un tant soit peu arrogante et méprisante.
Monsieur le ministre, après le mouvement des « gilets jaunes » et pendant celui qui concerne les retraites, je me permets de vous aider à retenir les chiffres d'aujourd'hui d'une façon encore plus simple. En réalité, il suffit de retenir un seul chiffre, 100 : la dette est à 100 % du PIB, le déficit public est à 100 milliards d'euros et vous prélevez aux contribuables plus de 1 000 milliards d'euros, soit dix fois 100 milliards.
N'avez-vous pas oublié de vous appliquer la leçon que vous nous donniez ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Réponse du Ministère de l'économie et des finances publiée le 16/01/2020
Réponse apportée en séance publique le 15/01/2020
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie et des finances.
M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie et des finances. Monsieur le sénateur, je ne suis ici pour donner de leçon à personne (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.) et je vous remercie d'avoir rappelé un certain nombre de chiffres.
Oui, la dette publique, qui était de 64 % en 2008, est passée à 97 % en 2017, au moment où j'ai été nommé ministre de l'économie et des finances. Elle avait effectivement augmenté de 33 points. (Protestations sur les travées des groupes CRCE et SOCR.)
M. Pierre-Yves Collombat. Parce que vous avez sauvé les banques !
M. Bruno Le Maire, ministre. Est-ce que je me satisfais d'un niveau de dette publique aussi élevé ? La réponse est non. Mais ayez l'honnêteté de reconnaître que nous avons réussi à stabiliser la dette publique française alors qu'elle avait augmenté de 33 points au cours des dix dernières années.
Ayez l'honnêteté de reconnaître que grâce à ce gouvernement vous devriez vous en réjouir parce que je sais que vous êtes attaché à la bonne tenue des finances publiques , la France est sortie de la procédure pour déficit public excessif dans laquelle elle se trouvait depuis dix ans.
Ayez l'honnêteté de reconnaître que nous avons engagé un certain nombre de réductions de la dépense publique en matière d'emplois aidés ou de logement qui nous ont permis d'éviter la dérive des finances publiques.
M. Vincent Éblé. Ce sont les pauvres qui paient : tout est dit !
M. Bruno Le Maire, ministre. Ensuite, il y a eu une crise sociale majeure à laquelle nous avons voulu répondre. C'est la responsabilité du politique de savoir entendre les messages des Français.
Les baisses d'impôts que nous avons engagées, notamment la baisse de l'impôt sur le revenu, la baisse de l'impôt sur les sociétés et la baisse d'un certain nombre de taxes, correspondaient à une attente profonde des Français. Il était juste et nécessaire de baisser les impôts.
Je dirai enfin un dernier mot sur la dette publique. Nous ferons tout ce qui pourra être fait dans les deux années restantes du quinquennat pour stabiliser et baisser la dette publique française. Croyez-moi, nous prendrons les décisions nécessaires, et j'espère que vous nous soutiendrez dans ce sens. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)
M. le président. La parole est à M. Laurent Duplomb, pour la réplique.
M. Laurent Duplomb. Monsieur le ministre, Montesquieu écrivait : « J'aime les paysans, ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers. »
Les Français ne raisonnent pas de travers. Ils ne sont pas dupes : ils connaissent la réalité désastreuse de nos comptes publics.
Ma grand-mère, elle, disait : « Ne nous faites pas prendre des vessies pour des lanternes. » À force d'arrogance et de mépris, cela pourrait finir « à la lanterne » ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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