Question de M. IACOVELLI Xavier (Hauts-de-Seine - LaREM-R) publiée le 26/12/2019
M. Xavier Iacovelli attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur la situation humanitaire préoccupante au Liban.
Depuis 2011, le Liban a subi les conséquences économiques de la guerre civile qui sévit en Syrie. Elles se sont notamment traduites par une interruption totale du commerce transfrontalier et des exportations libanaises vers la Jordanie et les pays du Golfe via la Syrie.
Cette situation a engendré une diminution significative de la croissance économique : alors qu'à la fin des années 2000 celle-ci atteignait 8 %, elle passait à moins de 1 % en 2018. Pour 2019, les estimations font état d'une croissance négative qui se situerait entre -1 % et 0,7 %.
Le pays est fortement endetté, la dette atteignant 150 % du produit intérieur brut (PIB). La balance commerciale enregistre un déficit de près de 16 milliards de dollars par an.
L'ensemble de ces facteurs n'est pas sans conséquence : le Liban est aujourd'hui dans une situation alarmante, poussant la banque centrale à opérer plusieurs restructurations du secteur bancaire afin de dégager des bénéfices et augmenter ses réserves en devises.
La plupart des banques ayant fait faillite, les Libanais ne sont autorisés à retirer que 200 dollars par semaine en moyenne, impactant encore un peu plus la crise économique qui traverse le pays.
Comme l'a rappelé M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, le Liban et la France ont une histoire commune singulière. Dans le contexte difficile que traverse le pays, la France se doit d'être, comme elle l'a toujours été, aux côtés du Liban et des Libanais.
Face à l'urgence humanitaire, la France ne peut attendre le retour de la stabilité politique du pays, bien que nécessaire, pour agir en faveur du Liban et des Libanais.
Il attire donc son attention sur la nécessité d'un apport en vivres et en médicaments, qui permettrait de répondre efficacement à notre devoir de solidarité envers le Liban et aux besoins de la population libanaise.
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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 27/02/2020
La France suit avec attention et inquiétude la détérioration continue de l'économie libanaise. Ses conséquences se font sentir de manière toujours plus prégnante pour les Libanais eux-mêmes. Le ralentissement prononcé de l'économie libanaise, la baisse du niveau de vie, en particulier des plus vulnérables, les difficultés des entreprises libanaises à importer, la crise des liquidités en lien avec les difficultés que connaît la livre, sont des évolutions préoccupantes. La crise actuelle a des racines profondes : l'économie libanaise souffre en effet de nombreuses insuffisances structurelles. C'est dans le but de faire face à celles-ci que la France avait réuni la Conférence économique pour le développement du Liban par les réformes et avec les entreprises (CEDRE) à Paris le 6 avril 2018. La France était convenue à cette occasion, avec les autorités libanaises et aux côtés de l'ensemble des bailleurs bilatéraux et multilatéraux, d'un contrat de confiance : la communauté internationale, d'une part, s'était engagée à mobiliser 11 Md$ au profit de projets essentiels à la rénovation en profondeur de l'économie libanaise, et les autorités libanaises, d'autre part, s'étaient engagées à mettre en uvre d'importantes réformes économiques et de gouvernance, permettant de doter le Liban de structures transparentes et pleinement fonctionnelles. Les engagements pris lors de la conférence CEDRE gardent toute leur pertinence pour accompagner le rétablissement durable de la situation économique au Liban. La crise actuelle confirme la nécessité et l'urgence de répondre aux défis auxquels est confronté le Liban, et confirme également la pertinence des mesures préconisées lors de la conférence CEDRE d'avril 2018. C'est en ce sens que la France a réuni le Groupe International de Soutien au Liban (GIS) le 11 décembre 2019 à Paris. Cette réunion a permis de préciser les réformes indispensables attendues de la part des autorités libanaises pour que la communauté internationale puisse accompagner le Liban. C'est à présent aux responsables libanais, et en particulier au gouvernement qui a été formé le 21 janvier 2020, de s'engager de manière effective au service de l'intérêt général de tous les Libanais. Le rôle essentiel de ce nouveau gouvernement est de répondre aux attentes économiques, sociales et politiques exprimées par les Libanais depuis le 17 octobre 2019 et de faire face à la crise profonde que traverse le Liban. Sur cette base, la France, en lien avec ses partenaires internationaux, se tient prête à accompagner les autorités libanaises dans la mise en uvre des réformes nécessaires. La France se tient, comme elle l'a toujours fait, aux côtés des Libanais.
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