Question de Mme JASMIN Victoire (Guadeloupe - SOCR) publiée le 24/10/2019

Mme Victoire Jasmin attire l'attention de M. le ministre de la culture sur l'avenir du groupe de presse quotidienne régionale, France-Antilles, avec ses 280 salariés en Guadeloupe, Martinique et Guyane.

France-Antilles, le seul journal de presse écrite des Antilles-Guyane, est aujourd'hui, cinquante-cinq ans après sa création, menacé de disparition.

Le quotidien est au bord du gouffre, et son sort ne peut laisser quiconque indifférent.
En effet, après des mois d'incertitudes et de négociations, France-Antilles semblait avoir trouvé un second souffle, depuis la crise de 2017, avec notamment un plan de continuation. Ainsi, le 24 janvier2019, l'unique quotidien antillo- guyanais célébrait en grande pompe son nouveau départ.

Mais l'espoir ne fut que de courte durée ; les pertes de l'entreprise auraient atteint 6 millions d'euros, cette année, pour un chiffre d'affaires qui est passé de 45 millions à 28 millions, entre 2016 et 2018.

À la demande de la nouvelle direction du groupe France-Antilles, qui sollicitait une procédure de sauvegarde pour prévenir ou anticiper des difficultés financières à venir, le tribunal de commerce de Fort-de-France a constaté la cessation de paiement du groupe de presse écrite, le 31 mai 2019 pour, finalement, opter pour le redressement judiciaire avec un délai d'observation de six mois.

L'urgence est donc de nouveau là, aujourd'hui !
En effet, si aucune solution n'est trouvée rapidement, à l'échelle de nos territoires, il s'agira d'une catastrophe sociale, industrielle et démocratique.

Les salariés et leurs familles sont dans l'angoisse, et le conseil départemental de la Guadeloupe a d'ailleurs voté à l'unanimité une motion de soutien pour le maintien de la diversité d'une information de qualité et la préservation de tous les emplois.

Sans une aide de l'État, et en dépit des différentes offres de reprises, de nombreux emplois risquent d'être supprimés.

À l'instar d'autres entreprises de la presse écrite, France-Antilles doit moderniser son modèle économique, par des choix éditoriaux, techniques ou immobiliers stratégiques pour assurer sa pérennité. Ce quotidien est le garant du pluralisme et de la liberté de la presse dans les territoires d'outre-mer.

Dans ce contexte, elle souhaite savoir ce que veut – et ce que peut – le Gouvernement pour ce monument de la presse écrite en outre-mer.
Elle se demande si un accompagnement pour les groupes de presse en difficulté, dans le cadre des procédures de redressement des entreprises du type du comité interministériel de restructuration industrielle, est également possible pour le groupe France-Antilles.

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Réponse du Ministère de la culture publiée le 13/11/2019

Réponse apportée en séance publique le 12/11/2019

Mme Victoire Jasmin. Monsieur le ministre, j'attire votre attention sur la situation du groupe de presse quotidien France-Antilles. Avec ses 280 salariés aux Antilles et en Guyane, il édite le seul journal de presse écrite. Cinquante-cinq ans après sa création, des difficultés financières menacent les emplois. Le personnel est très inquiet. Se posent également un problème de démocratie et un problème de conséquences sociales irréversibles.

Depuis le mois de mai 2019, des décisions du tribunal de commerce, suivies de mesures d'observation et de mesures de liquidation, ont laissé place très récemment à des propositions de reprise éventuelles. Les collectivités majeures de la Guadeloupe ont aussi fait des annonces de soutien et se sont mobilisées. La ministre des outre-mer a également fait des annonces récemment, mais les personnels n'ont pas pour autant été rassurés sur les différents territoires. Leurs inquiétudes et leurs angoisses demeurent.

Monsieur le ministre, pour la pluralité et la liberté de la presse, mais surtout pour éviter des pertes d'emplois, que pouvez-vous proposer afin d'éviter les licenciements dans un contexte déjà gangrené par un taux de chômage très important ?

Je souligne que l'annonce de la mise en place du comité interministériel de restructuration industrielle n'a pas suffisamment rassuré tant sur le calendrier que sur l'avenir du personnel, ainsi que sur le devenir du patrimoine immobilier du groupe France-Antilles.

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Franck Riester, ministre de la culture. Madame la sénatrice, vous avez raison, la presse quotidienne régionale joue un rôle essentiel en matière démocratique, que ce soit dans l'Hexagone ou en outre-mer. Comme le Président de la République l'a rappelé lors du discours pour les cent ans du quotidien La Montagne, la presse quotidienne régionale, par son tissu, son réseau dans les territoires, est un lien très important au service de la démocratie. Son pluralisme est également essentiel.

Le groupe France-Antilles traverse, comme de nombreux titres, des difficultés économiques. Ainsi que vous l'avez souligné, le comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI) est mobilisé pour essayer d'accompagner le mieux possible France-Antilles dans cette période difficile où le groupe se trouve placé en redressement judiciaire. Nous devons trouver les voies et moyens pour assurer la pérennité de ce groupe et de ses titres, en faisant en sorte que l'impact social soit le plus faible possible.

Plus largement, nous sommes mobilisés sur l'avenir de la presse quotidienne régionale et de la presse en général. Une loi a été votée et vous avez participé aux débats. Nous travaillons aussi à un plan de filière avec les représentants de la presse quotidienne nationale et régionale pour essayer de trouver les solutions qui permettront de mieux accompagner le développement et la pérennité de ces groupes de presse quotidienne régionale. Nous avons lancé avec ma collègue ministre de l'outre-mer une mission conjointe de l'inspection générale des affaires culturelles (IGAC) et de l'inspection générale de l'administration (IGA) pour voir comment trouver spécifiquement des réponses aux problématiques de la presse quotidienne régionale dans les outre-mer.

Vous pouvez compter sur mon ministère ainsi que sur le ministère de l'économie et des finances pour travailler en partenariat avec les collectivités territoriales et le groupe France-Antilles afin de veiller à ce que le pluralisme de la presse soit assuré dans les outre-mer, en particulier en Martinique, en Guyane et en Guadeloupe, et qu'il y ait le moins d'impact social possible pour l'avenir de France-Antilles.

M. le président. La parole est à Mme Victoire Jasmin, pour la réplique.

Mme Victoire Jasmin. Monsieur le ministre, je vous remercie de votre réponse. J'espère vraiment que le Gouvernement s'emparera de cette problématique pour éviter des situations sociales compliquées.

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