Question de M. HUSSON Jean-François (Meurthe-et-Moselle - Les Républicains) publiée le 03/10/2019

Question posée en séance publique le 02/10/2019

M. Jean-François Husson. Quatre questions au Gouvernement démontrent la gravité de la situation à la suite de l'incendie de plus de 5 000 tonnes de produits chimiques dans l'usine Lubrizol de Rouen. Il convient de prendre la pleine mesure des conséquences sanitaires et des vives inquiétudes écologiques et économiques qu'expriment les populations et les professionnels intervenus sur le site.

Des réponses claires et sans ambiguïté qui relèvent de l'État se sont par trop fait attendre. Une communication brouillonne, inappropriée et inadaptée a donné le sentiment d'une crise très mal gérée par les pouvoirs publics, ce qui ne fait qu'accroître le malaise. Trop de questions restent sans réponse.

Aussi, je vous demande, madame la ministre, de faire la lumière sur plusieurs zones d'ombre.

Les leçons de l'incident survenu en 2013 ont-elles été tirées et, si tel est le cas, selon quel plan d'action ? Les réglementations Seveso ont-elles été intégralement respectées et, si tel est le cas, sont-elles à la hauteur des défis sanitaires ? Pourquoi avoir attendu cinq longues journées pour publier la liste des produits chimiques présents sur le site de l'usine Lubrizol ? Cette liste est-elle d'ailleurs complète ? Enfin, au-delà des premiers résultats communiqués par l'Institut national de l'environnement industriel et des risques, l'Ineris, d'autres analyses sont en cours. Vous engagez-vous à les rendre intégralement publiques ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de la transition écologique et solidaire publiée le 03/10/2019

Réponse apportée en séance publique le 02/10/2019

Mme Élisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire. Monsieur le sénateur Husson, je veux vous redire l'extrême mobilisation des services de secours et des services de l'État pour faire face à cette catastrophe industrielle.

Je veux de nouveau rendre hommage aux pompiers et aux services qui ont été mobilisés dès le début de l'incendie, qui ont permis de maîtriser ce dernier et d'éviter tout suraccident dans un contexte pourtant très compliqué.

Je peux vous assurer que les services de l'État sur le terrain ont également été mobilisés pour réaliser ou faire réaliser par l'exploitant, comme le lui impose la loi, de nombreux prélèvements dans l'air, l'eau, les sols et sur les végétaux. Dès que les résultats de ces analyses sont connus, ils sont rendus publics. Ils l'ont successivement été le vendredi et le samedi, et continueront de l'être sur le site de la préfecture

Par ailleurs, je peux vous confirmer que les leçons ont bien été tirées de l'incident survenu en 2013. À l'époque, les services de secours, les services de l'État ne disposaient pas des moyens de faire effectuer des prélèvements et des analyses avec autant de réactivité qu'aujourd'hui. Si nous avons pu disposer de ces informations aussi rapidement, c'est bien parce que nous avons tiré les conséquences de cet incident.

Comme pour tout accident ou toute catastrophe, nous devrons forcément encore progresser. Nous devrons notamment examiner les raisons pour lesquelles l'incendie s'est déclaré sur un site qui est pourtant très surveillé : trente-neuf inspections ont été réalisées depuis 2013, et dix au cours des deux dernières années.

Cela étant, cet incendie n'aurait pas dû se produire, et nous devrons en tirer les conséquences. Votre commission d'enquête nous éclairera sûrement à ce sujet. (M. François Patriat applaudit.)

M. le président. La parole est à M. Jean-François Husson, pour la réplique.

M. Jean-François Husson. Madame la ministre, la parole publique, qu'elle provienne de l'État ou de l'exploitant industriel, a été défaillante dès le départ.

Entretenir le flou par la cacophonie et les déclarations officielles contradictoires n'est pas acceptable et symbolise une crise ingérable face au discrédit de la parole publique.

Notez bien que, en cinq jours, pas moins de cinq membres du Gouvernement, dont vous-même, madame la ministre, et M. le Premier ministre, sont venus sur place et ont tenu cinq discours différents, accentuant le trouble dans l'opinion.

Enfin, les préoccupations écologiques et environnementales, parce qu'elles sont aujourd'hui entrées dans la conscience des Français, méritent que l'on en partage les défis et les enjeux en toute transparence. Nous avons, l'État au premier chef, un devoir de vérité. Chacun le constatera, il reste beaucoup à faire ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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