Question de M. DAGBERT Michel (Pas-de-Calais - SOCR) publiée le 26/09/2019
M. Michel Dagbert attire l'attention de M. le ministre de l'économie et des finances sur les conséquences de l'évolution annoncée de la fiscalité du mécénat.
Les banques alimentaires luttent au quotidien contre la précarité, avec par exemple la distribution de 226 millions de repas en 2018, et s'inscrivent aussi dans la démarche d'élaboration d'une économie circulaire notamment par la récupération de denrées, qui auraient sans cela été gaspillées (plus de 73 000 tonnes de denrées pour cette année).
Prévue à l'article 238 bis du code général des impôts, l'incitation fiscale pour les dons en nature représentent près de 65 % des ressources des banques alimentaires.
Pour les responsables de ces organismes, une diminution du taux de 60 % entraînerait nécessairement une baisse des dons et la mise en place d'un plafond pour le don le condamnerait à terme à devenir marginal.
Les donateurs pourraient en effet se tourner vers des dispositifs économiquement plus bénéfiques, éloignés de la solidarité envers les plus démunis.
Aussi, il lui demande de bien vouloir lui indiquer les mesures qu'il entend prendre pour sanctuariser ce cadre fiscal incitatif clair et stable et préserver ainsi le bon fonctionnement des structures d'aide alimentaire.
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Réponse du Ministère de l'économie et des finances publiée le 17/10/2019
Aux termes de l'article 238 bis du code général des impôts (CGI), les versements effectués par les entreprises assujetties à l'impôt sur le revenu ou à l'impôt sur les sociétés au profit d'uvres ou d'organismes d'intérêt général ayant un caractère philanthropique, éducatif, scientifique, social, humanitaire, sportif, familial, culturel ou concourant à la mise en valeur du patrimoine artistique, à la défense de l'environnement naturel ou à la diffusion de la culture, de la langue et des connaissances scientifiques françaises ouvrent droit à une réduction d'impôt égale à 60 % de leur montant, pris dans la limite de 10 000 ou de 5 pour mille du chiffre d'affaires lorsque ce dernier montant est plus élevé, étant précisé que le plafond de 10 000 ne peut être appliqué qu'aux versements effectués au cours des exercices clos à compter du 31 décembre 2019. Le projet de loi de finances pour 2020 propose d'abaisser le taux de la réduction d'impôt de 60 % à 40 % pour les versements supérieurs à deux millions d'euros. Par exception, les versements effectués au profit d'organismes sans but lucratif qui procèdent à la fourniture gratuite de repas à des personnes en difficulté, qui contribuent à favoriser leur logement ou qui procèdent, à titre principal, à la fourniture gratuite de certains soins à des personnes en difficulté demeureront éligibles à une réduction d'impôt au taux de 60 %, quel que soit leur montant. En outre, il est proposé de limiter la prise en compte dans l'assiette de la réduction d'impôt, pour chaque salarié mis à disposition par une entreprise, des rémunérations versées et charges sociales y afférentes à trois fois le montant du plafond mentionné à l'article L. 241-3 du code de la sécurité sociale. Ces mesures répondent aux préoccupations exprimées dans le rapport de la Cour des comptes sur le soutien public au mécénat des entreprises de novembre 2018. La Cour a, en effet, critiqué l'augmentation de cette dépense fiscale dont le coût a été multiplié par dix, passant de 90 millions d'euros (M) en 2004 à 902 M en 2017 et souligné que le mécénat se concentrait fortement sur les très grandes entreprises les vingt-quatre premiers bénéficiaires de l'avantage fiscal représentaient à eux seuls 44 % du montant de la créance fiscale en 2016. Les mesures proposées dans le projet de loi de finances, qui ne concerneront dans les faits qu'un petit nombre de grandes entreprises, devraient ainsi permettre de maîtriser l'augmentation de cette dépense fiscale, sans affecter le soutien aux organismes d'intérêt général qui apportent une aide aux personnes en difficulté.
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