Question de M. FRASSA Christophe-André (Français établis hors de France - Les Républicains) publiée le 18/07/2019

M. Christophe-André Frassa attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur le 8 juillet 2019 qui marque le triste cinquième anniversaire du déclenchement du conflit au Yémen.

Depuis le début des offensives militaires « tempête décisive » et « restaurer l'espoir » engagées au Yémen, sous l'égide de la coalition militaire menée par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis - en mars 2015 - ce pays connait, selon l'Organisation des Nations unies (ONU), « la pire crise humanitaire au monde ».

Près de 90 000 personnes sont décédées depuis le déclenchement de la guerre civile en juillet 2014, sur fond de rivalité entre l'Iran, soutenant les Houthis de confession zaïdite, et l'Arabie saoudite par le biais de son allié, le président du Yémen au début de la guerre civile. Cette rivalité coûta notamment la vie l'ancien président Ali Abdallah Saleh en décembre 2017.

Depuis, trois millions de personnes ont dû fuir leurs foyers et près de 80 % de la population nécessite une aide humanitaire d'urgence. Cependant, cette dernière est bloquée par le blocus maritime, aérien et terrestre mis en place par la coalition saoudienne et émiratie. Ainsi, 16 millions de Yéménites sont menacés par la résurgence du choléra, alors que 3 000 Yéménites en sont morts depuis 2016. De plus, l'Arabie saoudite et plusieurs de ses alliés de la Ligue arabe (Bahreïn, Jordanie, Maroc, Égypte, Koweït, Soudan…) ont engagé 150 000 militaires et quelques centaines d'avions de combat et ne semblent pas résignés à mettre fin à ces opérations militaires.

Alors que la France se doit de veiller à soutenir la fragile trêve obtenue, sous l'égide de l'ONU à Stockholm en décembre 2018, la reprise des combats sur le sol yéménite et les récentes attaques menées contre plusieurs installations pétrolières saoudiennes laissent présager une nouvelle phase militaire encore plus violente.

Il faut également rester vigilant vis-à-vis du recrutement de ceux qu'il convient de qualifier de mercenaires, notamment dans la région frontalière du Niger, au Tchad et dans le sud de la Libye au profit de la coalition saoudo-émiratie. Cette coalition mobilise pour ce recrutement des entreprises de services de sécurité et de défense (ESSD), qui sont domiciliées au Émirats arabes unis (EAU). Initialement recrutés pour surveiller les installations pétrolières et portuaires, les bâtiments officiels et les lieux saints, ces jeunes sub-sahariens, enrôlés pour combattre sans le savoir, se retrouvent le plus souvent en première ligne, comme c'est le cas dans le cadre de la reprise des combats autour du port d'Hodeïda.

Profondément attaché à la stabilité du continent africain, notamment, en sa qualité de président du groupe d'amitié sénatorial France-Afrique centrale, il souhaiterait savoir comment la France entend lutter contre le terrorisme dans l'espace sahélo-saharien dans le cadre de notre opération Barkhane et comment elle peut veiller à ce que les populations de cette région, notamment les jeunes, ne soient pas désormais en proie à un recrutement déguisé qui, in fine, participe à la prolongation d'une guerre injuste et meurtrière au Yémen.

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 30/04/2020

La France est extrêmement préoccupée par la situation que traverse le Yémen. Face à cette situation dramatique, la France agit sur le plan humanitaire pour venir en aide à la population yéménite. En 2019, la France a mobilisé 10 millions de dollars afin de répondre à la crise humanitaire et aux besoins croissants des Yéménites. La France plaide par ailleurs auprès de toutes les parties au conflit pour qu'elles respectent leurs obligations qui résultent du droit international humanitaire, en particulier pour qu'un espace humanitaire soit préservé et que la délivrance de l'aide humanitaire ne soit entravée sous aucun prétexte. La France est également mobilisée en faveur de la résolution politique de la crise. Elle entretient à cet égard un dialogue constant avec l'ensemble des parties au conflit et les États de la région, notamment les membres de la Coalition arabe, et les appelle à s'engager sur la voie d'un règlement politique. La situation au Yémen a connu une accalmie à la fin de l'année 2019. Le niveau général de violence a décru et, le 5 novembre 2019, la signature de l'accord de Riyad parrainé par l'Arabie Saoudite entre le gouvernement yéménite et le Conseil de Transition du Sud a mis fin aux affrontements autour d'Aden. Cet accord souligne la volonté des parties de privilégier une solution politique par rapport à une solution militaire. Le Président de la République et le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sont engagés, dans leurs contacts réguliers avec les parties, pour accompagner ce choix des négociations, et soutenir les Nations unies dont l'Envoyé spécial, Martin Griffiths, a été reçu à la mi-novembre dernier à Paris. La France soutient tout ce qui peut contribuer à l'objectif d'une trêve et d'une relance sans préalable des discussions, en vue d'un accord politique global et inclusif. La France entretient par ailleurs un dialogue étroit, notamment avec ses partenaires du Golfe, pour favoriser le retour à la sécurité et à la paix au Sahel. Les contributions de ses partenaires, notamment dans le cadre du G5 Sahel, sont importantes pour permettre de mieux faire face à la menace terroriste qui continue de frapper de manière indiscriminée civils et militaires au Sahel. Par ailleurs, la France mène des discussions bilatérales avec plusieurs États arabes du Golfe afin de favoriser une plus forte concertation et de mettre en œuvre des projets communs susceptibles de contribuer positivement au développement du continent africain et, en particulier, de la zone du Sahel.

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