Question de M. MALHURET Claude (Allier - Les Indépendants) publiée le 10/07/2019

Question posée en séance publique le 09/07/2019

M. Claude Malhuret. « Nous désapprouvons la politique du ministre, vengeons-nous sur les élèves », voilà comment résumer la farce sinistre qui vient de se jouer dans nos lycées, transformés en ZAD – zones à délirer (Rires et applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.) – par moins de 1 % de grévistes, condamnés par une grande majorité de Français et par une grande majorité de leurs collègues.

Angéline, bachelière parmi beaucoup d'autres cités par Ouest-France, déclarait : « On a fait notre travail. Respectez-le et redonnez nos notes, ce n'est pas à nous de payer. » Aujourd'hui, ce sont les élèves qui sont forcés enseigner la morale à certains de leurs professeurs. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)

Le premier devoir des enseignants est celui de l'exemplarité devant leurs élèves. L'exemple que l'on veut donner aux enfants est-il celui de ne pas remettre ses copies ? Il ne viendrait jamais à l'idée des médecins d'arrêter de soigner les malades quand nous faisons grève ou même de ne pas remettre l'ordonnance. Les zadistes des salles d'examen en folie n'ont pas ces scrupules : manque de respect envers les élèves, dont cette grève a tellement à cœur les intérêts qu'elle en fait ses premières victimes, manque de respect envers les familles qui leur confient leurs enfants, manque de respect envers leurs collègues, dont ils abîment l'image.

Maintenant qu'ils ont perdu face à un ministre déterminé – ce qui n'était pas arrivé depuis des années (Applaudissements sur des travées du groupe Union Centriste.) –, ils dénoncent les inégalités. Mais qui a créé les inégalités entre les candidats si ce n'est les escamoteurs de copies ? Les mêmes annoncent déjà des préavis de grève en septembre. Ne pourraient-ils pas déposer un jour un préavis de travail ? (Rires et applaudissements sur des travées du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)

« On ne peut se permettre la réforme Blanquer », disent-ils. Mais peut-être l'éducation nationale ne peut-elle se permettre ces offusqués professionnels et leurs drôles de méthodes, qui auraient fait rougir de honte leurs ancêtres les hussards noirs.

Monsieur le Premier ministre, je souhaite que vous nous assuriez de votre fermeté face aux révolutionnaires à statut protégé et de votre détermination à appliquer une réforme qui n'est pas seulement la réforme Blanquer, mais aussi celle de l'Assemblée nationale et du Sénat. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires, du groupe La République En Marche, du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)

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Réponse du Premier ministre publiée le 10/07/2019

Réponse apportée en séance publique le 09/07/2019

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Le bac, c'est important, non pas simplement parce que c'est un examen qui vient sanctionner la fin de la scolarité dans l'enseignement secondaire, mais parce qu'il est la voie d'entrée dans l'enseignement supérieur. Pour nombre de nos concitoyens, le bac, c'est le moment où l'on accède à une forme non pas de majorité légale, celle-ci dépend de l'âge, mais de majorité intellectuelle. Avec l'obtention du bac, on franchit une étape particulière, non seulement symbolique, mais aussi de savoir.

Nous avons tous eu au moment de passer le bac ou au moment où nos enfants passent le bac– ce n'est pas le cas pour moi, les miens sont trop jeunes – un sentiment d'angoisse et de fierté. Nous connaissons tous des Françaises et des Français qui sont les premiers de leur famille à avoir eu le bac. Je n'ai jamais vu celui qui était le premier dans sa famille à avoir eu le bac ne pas en concevoir une immense fierté.

Chacun le comprend, pour les élèves et leurs familles, cet examen est un moment de fierté et, parfois, d'angoisse. Or les conditions dans lesquelles se sont déroulées les épreuves du baccalauréat en 2019 sont à bien des égards insatisfaisantes, dans la mesure où des revendications, que je ne commenterai pas, ont été formulées.

Formuler des revendications lorsque l'on est fonctionnaire, enseignant, ou même lorsque l'on n'est ni fonctionnaire ni enseignant, ce n'est pas illégitime. Toutefois, dans le cas qui nous occupe, les revendications formulées ont été associées, pour une infime minorité d'enseignants, monsieur le président Malhuret, à la menace d'une perturbation des épreuves : il s'agissait de ne pas se présenter dans les centres d'examen, puis de gêner l'accès aux centres d'examen, puis de ne pas corriger les copies, puis de ne pas rendre les copies corrigées. Bref, on a installé du désordre et de l'angoisse dans un moment qui mérite mieux que cela.

Ces agissements d'une infime minorité – je le dis très clairement, monsieur le président Malhuret – ne sont pas à la hauteur de la mission exceptionnelle qui revient à tous les enseignants de notre République. Le ministre de l'éducation nationale a adopté à juste titre une position ferme et déterminée, afin que ce bras de fer – ceux qui en subissent les conséquences sont non pas le ministre ou vous-même, monsieur le président Malhuret, ni moi-même, mais bien les élèves qui passent le bac – ne s'achève pas par une victoire de ceux qui veulent perturber l'organisation d'un moment aussi important. Il a bien fait, et je lui apporte évidemment tout mon soutien, car nous devons faire en sorte que cet examen et ceux qui le passent soient respectés.

Je profite de l'occasion qui m'est donnée pour dire que ce choix d'une petite minorité, qui ne me semble pas à la hauteur, ne doit pas masquer l'exceptionnel travail d'une immense majorité, laquelle peut partager les interrogations de cette petite minorité et être opposée à tel ou tel aspect de la politique menée par le ministre de l'éducation nationale et le Gouvernement, mais qui considère qu'un enseignant doit transmettre un savoir et donner l'exemple. Ainsi, monsieur le président Malhuret, je veux saluer tous ceux qui ont considéré que l'essentiel, pour faire leur métier et aider leurs élèves, était de transmettre un savoir et de donner l'exemple. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, du groupe Les Indépendants – République et Territoires, du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)

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