Question de M. MOHAMED SOILIHI Thani (Mayotte - LaREM) publiée le 29/05/2019

Question posée en séance publique le 28/05/2019

M. Thani Mohamed Soilihi. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Hier, dix-huit migrants en provenance du Sri Lanka ont été interpellés par les forces de l'ordre sur une plage de la commune de Bouéni, à Mayotte.

Cinq jours plus tôt, c'était un réseau international d'immigration clandestine de migrants en provenance de la République démocratique du Congo qui était identifié et démantelé par le groupe d'enquête sur la lutte contre l'immigration clandestine, le Gelic, créé spécifiquement à Mayotte en juin 2018.

Au lendemain des élections européennes, à l'issue desquelles le Rassemblement national est arrivé largement en tête à Mayotte, une nouvelle filière d'immigration semble faire son apparition dans la commune de Bouéni, qui, je le rappelle, totalise le triste score record de vote pour ce parti, avec 68 % des suffrages.

Vous le savez, Mayotte est déjà sclérosée par une immigration clandestine massive en provenance des Comores. Alors même que le plan présenté par Mme la ministre des outre-mer en mai 2018, à la suite du mouvement social contre l'insécurité, produit des résultats tangibles, des kwassas-kwassas accostent encore chaque jour sur nos côtes.

Monsieur le ministre de l'intérieur, je vous sais déterminé à lutter contre l'immigration clandestine dans ce département. Aussi, pouvez-vous nous détailler l'action du Gouvernement mise en œuvre à Mayotte pour lutter contre l'arrivée de ces embarcations et, plus généralement, contre l'immigration irrégulière, véritable fonds de commerce du Rassemblement national ?

Comment faire en sorte que les Mahorais cessent de s'en remettre à des partis populistes et extrémistes, qui les oublient sitôt les échéances électorales passées ? (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. – M. Jean-Marc Gabouty applaudit également.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 29/05/2019

Réponse apportée en séance publique le 28/05/2019

M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Monsieur Thani Mohamed Soilihi, vice-président du Sénat, vous m'interpellez, à la fois, sur l'arrivée hier de dix-huit migrants en provenance du Sri Lanka et, plus globalement, sur notre volonté de lutter à vos côtés contre l'immigration irrégulière dans votre département.

Sur le premier point, je veux vous indiquer que dès hier, sous l'autorité du procureur de la République, le pilote a été identifié comme étant susceptible d'être un passeur, et placé en garde à vue. Les dix-huit passagers de ce bateau se sont vu notifier immédiatement un refus d'entrer et ont été placés en zone d'attente.

J'ai demandé à mes services, ainsi qu'à l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, l'Ofpra, de faire en sorte que l'instruction soit la plus rapide possible. Il se trouve, en effet, que les Sri Lankais qui sont arrivés sur place ont tout de suite demandé l'asile. Leurs dossiers individuels seront examinés. Les auditions sont en cours ; elles s'achèveront très vite.

Vous avez également évoqué, monsieur le sénateur, le travail du Gelic. Outre les mouvements presque « traditionnels » que nous connaissons à Mayotte, il y a aussi des arrivées importantes depuis l'Afrique. Là encore, on voit combien ces migrations sont organisées par des gens qui font commerce de la misère humaine et contre lesquels nous devons agir.

Il est absolument indispensable de veiller à ce que la pression migratoire irrégulière sur Mayotte baisse, pour les raisons que vous avez évoquées : le développement anarchique de l'habitat et du travail illégaux, un fort taux de chômage, enfin toute une île et sa population qui n'en peuvent plus. Nous devons donc agir.

Nous avons commencé à le faire au travers de la montée en puissance de la police aux frontières : 90 agents supplémentaires ont été recrutés en deux ans. Par ailleurs, la gendarmerie a vu ses effectifs augmenter de 59 agents.

À la suite de ma visite sur l'île à vos côtés, monsieur le sénateur, nous avons aussi décidé de renforcer nos moyens d'action en plaçant, par exemple, des intercepteurs à Longoni, afin d'augmenter notre capacité d'interpellation.

Je puis ainsi vous indiquer que, sur les trois premiers mois de l'année, les résultats sont là : nous constatons une augmentation de plus de 30 % des éloignements. Bien évidemment, il nous faudra poursuivre cet effort. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

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