Question de M. CANÉVET Michel (Finistère - UC) publiée le 23/05/2019

M. Michel Canevet attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur la question de l'initiation des lycéens à la santé.

Le système de santé évolue à un rythme rapide. Nouvelles technologies, virages préventif et ambulatoire, usage croissant des conseils en ligne par les patients... Autant de variables qui remodèlent actuellement les relations entre soignants et soignés, entre professionnels de santé et citoyens plus généralement.

Toutes ces évolutions ne peuvent être réussies que si elles associent pleinement l'ensemble des acteurs y prenant part. L'intégration de l'usager au cœur de notre système de santé est aujourd'hui incontournable, aussi bien en lui faisant une place dans les instances décisionnelles qu'en en faisant un acteur déterminant de sa propre santé.

Cependant, ceci présuppose que l'usager soit capable de se saisir, en connaissance, de ces sujets. Force est de constater que l'information, particulièrement en direction des jeunes générations, n'est pas forcément parfaite. Le sujet étant complexe, et touchant à la santé, donc au corps humain dans ce qu'il a de plus fragile, il importe d'offrir des connaissances de base aux jeunes citoyens.

En ce qu'elle apporte à chaque Français les outils pour agir en citoyen éclairé, l'école de la République semble être l'institution propice pour répondre à ces enjeux. Or, il n'existe pas aujourd'hui de module d'initiation à la santé pour tous les lycéens, afin que ceux-ci soient demain mis en capacité d'être acteurs de leur santé individuelle. En mettant en place un tel système, les élèves pourraient ainsi comprendre le système de santé pour mieux s'y orienter, se responsabiliser, et surtout apprendre à gérer leurs données de santé à l'ère du numérique. Cela permettrait par la même occasion de contribuer à la démocratisation en cours du savoir médical, et d'accroître la prévention auprès des jeunes. Un tel module pourrait être coordonné par les agences régionales de santé (ARS) et les rectorats, faisant intervenir différents professionnels de santé.

Face à ce constat, il lui demande son avis sur la mise en place d'une véritable initiation à la santé au lycée, voire au collège, et s'il pense que, dans le contexte global de réforme de l'enseignement, une expérimentation d'un tel dispositif serait envisageable.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 04/03/2020

Réponse apportée en séance publique le 03/03/2020

M. le président. La parole est à M. Michel Canevet, auteur de la question n° 809, adressée à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Michel Canevet. Monsieur le ministre, ma question n'est pas liée à l'actualité sanitaire, mais elle tombe fort à propos. Je souhaite vous saisir des préoccupations de santé qui doivent animer les jeunes.

L'interaction de l'ensemble des acteurs du système de santé étant plus que jamais requise, il me paraît nécessaire que les jeunes soient sensibilisés aux questions de santé le plus tôt possible. Le dossier médical numérique, les actions de prévention qui ne cessent de se développer et la sensibilité de plus en plus forte aux questions de santé et de bien-être dans notre société rendent nécessaire que les jeunes soient initiés à l'ensemble de ces questions. Dès le lycée, ces jeunes pourraient suivre une initiation qui leur permettrait d'acquérir un minimum de connaissances, afin qu'ils puissent devenir acteurs de leur santé en tant qu'usagers des systèmes de santé.

Avez-vous l'intention d'intégrer ces questions dans les programmes du lycée, voire du collège ou, à défaut de généraliser une telle initiation d'emblée, envisagez-vous de permettre des expérimentations en ce sens ?

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Vous avez raison, monsieur le sénateur Michel Canevet, cette question est extrêmement importante. L'école a pour mission de participer à l'apprentissage des droits, des devoirs et des responsabilités qui incombent à chacun en matière de santé. Elle est effectivement une institution propice pour accompagner les élèves dans leur compréhension du système de santé et de ses évolutions.

C'est pourquoi, en la matière, l'école a évolué : alors qu'elle n'était qu'un simple vecteur d'information sanitaire, elle est aujourd'hui un acteur à part entière de la promotion de la santé dans toutes ses dimensions : biologique, environnementale, sociale, psychologique. L'éducation nationale assume ce rôle depuis longtemps, car l'école a la responsabilité, en liaison étroite avec les familles, de veiller à la santé et au bien-être des jeunes.

En milieu scolaire, la promotion de la santé, inscrite à l'article L. 121-4-1 du code de l'éducation, est assurée en particulier par l'éducation à la santé. Cette dernière est mise en œuvre de la maternelle à la classe de terminale au travers d'enseignements transversaux tels que l'éducation à l'alimentation ou encore l'éducation à la sexualité.

En référence à la mission émancipatrice de l'école, l'éducation à la santé a pour objectif de contribuer au développement chez les élèves d'attitudes favorables à leur santé et à celle d'autrui et d'approfondir leurs connaissances à l'égard des services de santé et aux évolutions du système de santé. Elle poursuit également l'objectif de renforcer les compétences psychosociales des élèves ; compétences qui favorisent la capacité d'une personne à répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne.

Par ailleurs, afin d'inscrire la promotion de la santé dans une approche globale, l'éducation nationale déploie cette année la démarche « école promotrice de santé » – une des mesures concrètes de la stratégie nationale de santé. Cette démarche dynamique et positive inscrit la promotion de la santé au cœur des projets d'école et d'établissement. Elle repose sur l'ensemble des personnels et des partenariats territoriaux et place encore davantage l'élève au centre.

En effet, l'école promotrice de la santé renforce l'implication des élèves et l'éducation par les pairs en mettant en place des ambassadeurs santé à partir de la rentrée prochaine. Ces élèves ambassadeurs santé sont des élèves volontaires – deux à quatre élèves par niveau de classe –, qui pourront s'impliquer dans le projet d'école ou d'établissement et transmettre à leurs camarades des messages de prévention par un processus de communication interpersonnelle.

En outre, l'éducation nationale veillera à développer chez les élèves un apprentissage de la citoyenneté numérique. Vous l'avez observé, monsieur le sénateur, la gestion des données personnelles sur les plateformes numériques de santé constitue un défi majeur de notre époque. L'école participe à relever ce défi par l'éducation aux médias et à l'information dès l'école élémentaire.

Enfin, l'école ne peut faire tout cela sans l'expertise des partenaires de santé. Ainsi, j'ai demandé au rectorat de se rapprocher des ARS pour déterminer les objectifs de santé publique prioritaires à mettre en œuvre dans des actions de prévention auprès des jeunes en milieu scolaire. Votre question est donc effectivement d'actualité.

M. le président. Merci de votre présence, monsieur le ministre.

La parole est à M. Michel Canevet, pour la réplique.

M. Michel Canevet. Je vous remercie, monsieur le ministre, de ces précisions, qui sont utiles pour appréhender ce qui a déjà été fait. Il me semble toutefois que les modules liés à la santé devraient être un peu mieux identifiés par les élèves, car c'est un gage de réussite et de sensibilisation accrue. Si l'ensemble des dispositifs sont utiles, il me semble que nous devons être particulièrement attentifs sur ce point. De fait, la situation sanitaire actuelle nous conduit à être encore plus vigilants. Sans doute les établissements prendront-ils en compte ces questions de façon plus prégnante.

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