Question de Mme LOISIER Anne-Catherine (Côte-d'Or - UC-R) publiée le 05/04/2019
Question posée en séance publique le 04/04/2019
Mme Anne-Catherine Loisier. Ma question s'adresse à M. le ministre de la forêt ! (Sourires.)
Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, les forêts ne sont pas immuables. Elles sont vulnérables et requièrent toute notre attention.
Les forêts dont nous profitons à ce jour sont le fruit des choix et du travail des générations passées. Aujourd'hui, nous exploitons, mais nous ne plantons plus suffisamment : 80 millions d'arbres sont plantés par an en France, contre 300 millions en Allemagne et 1 milliard en Pologne. D'où les crises d'approvisionnement, notamment du chêne, et les importations de résineux.
Face à ces usages multiples de la forêt et du bois, face aux changements climatiques, vous le savez, monsieur le ministre, la forêt a besoin en urgence d'une politique forestière volontaire et d'un fonds stratégique alimenté à la hauteur des besoins. Fragilisées depuis plusieurs mois par des déficits hydriques et des températures particulièrement clémentes, nos forêts sont victimes d'attaques de parasites et subissent des crises sanitaires d'ampleur.
Le sujet pourrait paraître secondaire, sauf qu'il concerne déjà plus de 1 million de mètres cubes d'essences résineuses, soit 30 % de la récolte annuelle dans les seules régions Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est.
Toute l'Europe du Nord est touchée, ce qui risque d'engorger les marchés, de faire chuter les cours, de mettre en difficulté nos entreprises et de déstabiliser durablement l'approvisionnement de secteurs stratégiques ; je pense à la construction, secteur pour lequel la France importe déjà.
Au-delà des pertes économiques, estimées à 71 millions d'euros en Bourgogne-Franche-Comté et dans le Grand Est, l'impact environnemental lié aux risques d'incendie ou aux coupes rases sur des milliers d'hectares est également majeur.
Monsieur le ministre, pour enrayer ces phénomènes, les professionnels de la filière attendent en urgence de votre part la mise en place d'un plan de transport longue distance permettant d'évacuer rapidement les bois scolytés des régions productives vers les régions demandeuses, et ce avant que le parasite ne se multiplie et ne ruine toutes les parcelles. Ils attendent également un accompagnement pour le reboisement adapté des milliers d'hectares rasés.
Qu'avez-vous donc prévu, monsieur le ministre, pour accompagner la filière forêt-bois face à ces urgences économiques et sanitaires ? (Applaudissements sur les travées du groupe Union Centriste et sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)
M. Loïc Hervé. Très bien !
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Réponse du Ministère de la transition écologique et solidaire publiée le 05/04/2019
Réponse apportée en séance publique le 04/04/2019
M. François de Rugy, ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Madame la sénatrice, je partage votre analyse sur l'importance de la forêt et de la filière bois. Nous ne la valorisons pas encore assez. Je travaille avec le ministre de l'agriculture pour la mettre davantage en valeur dans tous les secteurs d'utilisation.
Concernant la crise sanitaire que vous évoquez, le risque de dissémination des insectes lors du transport des bois scolytés existe, mais il est heureusement très faible. Lors de l'exploitation des bois, la plupart du temps mécanisée, une bonne partie des insectes sont éliminés.
De façon plus générale, j'ai conscience que cette menace inédite crée une inquiétude dans toute la filière. L'intensité des dommages occasionnés par les scolytes sera largement tributaire des conditions météorologiques de ce printemps. Pour calibrer au mieux la réponse que nous devons apporter à cette crise, il faut d'abord disposer d'un état des lieux précis.
C'est pourquoi le ministère de l'agriculture et de l'alimentation a organisé et financé, depuis l'automne dernier, un état des lieux complet par télédétection sur les deux régions que vous avez évoquées.
Les premiers résultats de cette enquête ont été portés à la connaissance de l'ensemble des acteurs de la gestion et de l'exploitation forestière des régions concernées. Le but est de leur permettre de mieux cibler leur action et d'accélérer la dynamique de récolte des bois attaqués afin d'enrayer la propagation des scolytes.
Ces premiers résultats permettent de localiser les peuplements qui étaient attaqués à l'automne. Une prochaine mise à jour de cette cartographie permettra d'apprécier les évolutions de l'atteinte des peuplements d'épicéa au début du printemps.
Au-delà de ces mesures d'observation, les services de nos ministères étudient actuellement le cadre dans lequel pourraient être mises en place des mesures complémentaires à celles qui sont déjà engagées par la filière. Soyez assurée, madame la sénatrice, que l'État sera aux côtés des forestiers. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. M. Jean-Marc Gabouty applaudit également.)
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