Question de M. GUERRIAU Joël (Loire-Atlantique - Les Indépendants) publiée le 27/03/2019
Question posée en séance publique le 26/03/2019
M. Joël Guerriau. Monsieur le secrétaire d'État Jean-Baptiste Lemoyne, nous saluons la présence du président chinois qui achève sa tournée européenne en France : cela représente une avancée palpable dans les échanges entre nos deux pays.
M. Xi Jinping s'est d'abord rendu en Italie. Le gouvernement italien a choisi de rejoindre les nouvelles routes de la soie. Toutes les routes mèneront non plus à Rome, mais à Pékin.
M. Xi est ensuite allé à Monaco. Une fois n'est pas coutume, la riche principauté a accepté d'aider un État communiste. Le rocher s'apprête à accueillir la technologie 5G de Huawei, sur laquelle pèsent de lourds soupçons d'espionnage. Après l'avoir utilisée, le gouvernement américain a pris la décision d'exclure cette société.
La Chine pratique un espionnage massif, y compris par le biais de ses entreprises, qui doivent, depuis une loi de 2017, contribuer au renseignement. Bien que ce pays soit le deuxième partenaire commercial de l'Union européenne, il subsiste des divergences fondamentales, notamment sur le plan des libertés individuelles ou celui du droit international.
Pouvons-nous accepter que l'Empire du Milieu prenne le contrôle de la mer méridionale de Chine, au détriment de ses voisins ? Il est également regrettable que Pékin fasse pression pour empêcher Taïwan d'intégrer l'Organisation mondiale de la santé, l'OMS, alors que la santé est un droit humain fondamental.
Nous devons être vigilants quant aux intentions chinoises, en matière de politique non seulement étrangère, mais également commerciale. La 5G chinoise ressemble à s'y méprendre au cheval de Troie : faut-il que nous lui ouvrions nos portes ?
La Commission européenne doit présenter sous quinze jours une position concertée à propos de la cybersécurité des réseaux 5G. Monsieur le secrétaire d'État, quelle sera la position de la France sur ce sujet ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants République et Territoires. M. Olivier Cadic applaudit également.)
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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 27/03/2019
Réponse apportée en séance publique le 26/03/2019
M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur Guerriau, la visite du président Xi se poursuit en ce moment même dans les murs du Sénat. C'est un moment important, un temps fort, puisque, vous le savez, nous célébrons cette année le cinquante-cinquième anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays.
Cette visite a naturellement été préparée avec un grand soin et une grande exigence. Elle a permis, je le crois, de réaffirmer que, face aux grands défis mondiaux, notamment climatiques, nous avons des responsabilités communes.
Je constate, après un peu plus de deux jours, que cette visite a été empreinte de respect et d'amitié, sans pour autant laisser cours à la naïveté. Elle constitue une réussite pour la relation bilatérale, avec une commande de trois cents Airbus, mais elle aura également permis de renforcer la coopération culturelle, la mobilité de nos jeunes, la formation professionnelle ou les échanges linguistiques.
Le Président de la République a également rappelé les préoccupations qui sont les nôtres et celle de l'Europe sur la question des droits fondamentaux. Ce matin a d'ailleurs eu lieu un moment très important pour la rénovation du multilatéralisme, qui vous le savez est parfois battu en brèche par certaines puissances : l'Europe, représentée par le président de la Commission européenne, par la chancelière Angela Merkel et par le Président de la République Emmanuel Macron, était aux côtés du président Xi pour affirmer un certain nombre d'engagements, afin que le multilatéralisme soit toujours vivace.
Cela se fait dans un moment où l'Europe elle-même est en train de revoir certains de ses cadres d'intervention et de coopération, notamment en matière commerciale et économique.
M. Claude Malhuret. Et Huawei ?
M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État. Il s'agit de nous doter, pour nos industries stratégiques et sensibles, d'un cadre protecteur, mais sans discriminations. Nos amis chinois font d'ailleurs de même.
M. Claude Malhuret. Et Huawei ?
M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État. Il est important de s'engager également sur cette voie, mais, aujourd'hui, c'est la coopération qui s'est exprimée, et c'est heureux ! (MM. Jean-Marc Gabouty et François Patriat applaudissent.)
Mme la présidente. La parole est à M. Joël Guerriau, pour la réplique.
M. Joël Guerriau. Je ne reprendrai pas la question, à laquelle je n'ai pas eu de réponse ! (Applaudissements sur des travées du groupe Les Indépendants République et Territoires.)
J'aurais souhaité avoir une réponse sur Huawei et sur toutes les questions qui touchent à nos réseaux informatiques et à notre dépendance de plus en plus forte dans des domaines où la stratégie a aussi sa place. C'est là, à mon avis, une question que nous devrons traiter de manière sérieuse au plan européen. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants République et Territoires, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)
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