Question de M. MOUILLER Philippe (Deux-Sèvres - Les Républicains) publiée le 22/03/2019

Question posée en séance publique le 21/03/2019

M. Philippe Mouiller. Pour respecter la thématique de la semaine, ma question concerne la francophonie. En préambule, je souhaite dire que je suis troublé par l'absence volontaire du Premier ministre aujourd'hui. (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)


M. Rachid Temal. Bravo !


M. Philippe Mouiller. Voilà un an, sous la coupole de l'Institut de France, le Président de la République prononçait un discours relatif à la francophonie. Après avoir partagé la conception de ce qu'est aujourd'hui la francophonie, c'est-à-dire cette langue française « devenue le centre de toutes les nations et de tous les peuples où elle fait souche dans sa variété », le chef de l'État a fixé un cap : apprendre, échanger et créer en français. En outre, il s'est projeté au-delà de nos frontières. Il a souhaité que la France puisse, à travers son aide publique au développement, « réaffirmer son engagement fort pour l'éducation ».

Le Président de la République a également annoncé des mesures concrètes. Il a proposé un volontariat international pour le français et un doublement des missions du service civique dans ce domaine, il a annoncé un nouvel élan pour les lycées français et un doublement du nombre d'élèves inscrits dans le réseau scolaire d'ici à 2025 et il a demandé à nos établissements du supérieur de s'implanter hors de nos frontières et de se regrouper en campus. L'ambition est importante. Il a également fixé de nouvelles missions aux acteurs de l'audiovisuel francophone et à nombre d'institutions qui font aujourd'hui vivre la francophonie partout dans le monde.

Or, à ce jour, le volontariat international n'est toujours pas mis en place ; les budgets alloués aux alliances françaises comme aux lycées sont en diminution ; l'audiovisuel consacré à la francophonie est en plein doute. Alors, monsieur le secrétaire d'État, pouvez-vous nous dire, un an après ce grand discours, quelles actions le Gouvernement conduit pour traduire les nombreux engagements annoncés ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste. – Mmes Maryvonne Blondin et Claudine Lepage applaudissent également.)

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 22/03/2019

Réponse apportée en séance publique le 21/03/2019

M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le sénateur Mouiller, je salue en vous le vice-président délégué de la section française de l'Assemblée parlementaire de la francophonie, dont nous avons fêté, en 2017, les cinquante ans. Je le signale, ce sont les parlements qui ont été pionniers dans ce domaine, avant les gouvernements.

Un an après le discours fondateur prononcé par le Président de la République sous la coupole de l'Institut de France, c'est un foisonnement d'initiatives et d'actions qui a vu le jour.

S'agissant des moyens budgétaires, nous sommes passés, tout simplement, de 97 millions d'euros à 208 millions d'euros en 2018 pour le soutien aux systèmes éducatifs dans les pays en développement, parce que nous avons besoin de les accompagner afin que le français soit une réalité et pas seulement une potentialité. Nous allons accroître ce budget pour passer à 300 millions d'euros.

Par ailleurs, nous sommes en synergie avec les actions conduites par l'Organisation internationale de la francophonie, dont le Président de la République a rencontré hier la nouvelle secrétaire générale, Mme Louise Mushikiwabo. Il a ainsi pu évoquer ces sujets avec elle. Tout cela sera décliné au sein des institutions européennes, afin que le français soit toujours plus et mieux enseigné aux fonctionnaires internationaux. Il est en effet essentiel, pour que l'Europe soit une réalité, que le multilinguisme y existe concrètement et que l'on puisse s'y exprimer en français.

S'agissant des volontaires internationaux – une idée qui avait été mise sur la table par Mme Joëlle Garriaud-Maylam –, nous en sommes au stade de l'expérimentation, mais nous entendons bien passer au stade de l'industrialisation, si je puis m'exprimer ainsi.

Hier, avec Frédérique Vidal, nous posions la première pierre d'une maison des étudiants de la francophonie au sein de la Cité internationale universitaire, laquelle pourra accueillir 150 étudiants francophones en 2020. Elle sera un lieu d'inspiration.

Vous avez également évoqué les campus. Les chantiers des campus franco-sénégalais et franco-tunisien avancent bien.

Je sais que ce sujet rassemble largement. J'ai d'ailleurs une pensée pour Jacques Legendre et Michèle André, qui ont porté haut cette flamme que nous nous attachons à perpétuer ensemble. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, ainsi que sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen, du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. Philippe Mouiller, pour la réplique.

M. Philippe Mouiller. J'entends la liste des actions engagées, mais je reste témoin, sur le terrain, d'un décalage réel entre les discours et leur concrétisation. Nous attendrons de savoir, dans les mois qui viennent, comment ces annonces seront traduites.

À mon sens, même sous la coupole de l'Institut de France, il faudrait parfois avoir un discours plus modeste, mais prendre des engagements qui soient tenus ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste. – Mmes Maryvonne Blondin et Claudine Lepage applaudissent également.)

Mme Françoise Gatel. Très bien !

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