Question de M. GOLD Éric (Puy-de-Dôme - RDSE) publiée le 22/03/2019
Question posée en séance publique le 21/03/2019
M. Éric Gold. Ma question s'adresse à Mme la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales.
Dans son rapport annuel publié la semaine dernière, le Défenseur des droits met en garde l'État contre le risque de rupture entre les services publics et les usagers. En 2018, 94 % des réclamations qui lui ont été adressées portaient en effet sur cette relation des usagers avec les services publics.
Parmi les premiers sujets de préoccupation figure la dématérialisation des procédures administratives, que le Gouvernement souhaite achever en 2022.
D'une part, cette dématérialisation soulève de nombreuses difficultés d'ordre technique et organisationnel : il suffit de se pencher sur la délivrance des titres sécurisés dans les transports pour voir que les exemples de défaillances sont nombreux.
D'autre part, comme l'a très justement rappelé mon collègue Jean-Yves Roux au mois de janvier dernier, la dématérialisation des services publics nécessite une large couverture internet, un bon équipement des ménages et une maîtrise de l'outil informatique. Or plusieurs centaines de communes n'ont toujours pas accès à internet et 13 millions de Français sont encore en difficulté avec le numérique, sans compter le coût de l'équipement informatique, que l'on fait bien sûr peser sur les ménages.
Le numérique est un facilitateur indéniable dans de nombreux domaines : il n'est pas question de remettre en cause un tel progrès. Mais, dans cette phase de transition, il est essentiel de renforcer l'accompagnement et l'inclusion numérique, car une absence de l'État dans les territoires peut amplifier les difficultés d'accès aux droits et le sentiment d'injustice et d'abandon, notamment en zone rurale, où les services de proximité sont en déshérence.
Il existe une fracture territoriale de plus en plus profonde entre la France des métropoles et la France des territoires, qui cumule toutes les difficultés : déserts médicaux, suppression de services dans les hôpitaux et la justice, fermeture d'écoles et de commerces, hausse du coût de la vie, transports en commun inexistants, etc. Ajoutez à cela la disparition des services publics et vous obtenez un terreau fertile pour les extrêmes.
Aussi, je souhaite savoir quelles actions le Gouvernement compte mettre en œuvre pour reconnecter les territoires et rendre effective la promesse républicaine d'égalité d'accès aux droits. (Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste.)
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Réponse du Ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales publiée le 22/03/2019
Réponse apportée en séance publique le 21/03/2019
Mme Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales. Monsieur le sénateur Éric Gold, je partage votre diagnostic : si la dématérialisation de certains services est indispensable pour répondre aux besoins de nos concitoyens, nous devons être très attentifs à la situation des 13 millions de personnes qui ressentent des difficultés dans l'usage du numérique. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement agit dans trois directions.
Premièrement, il s'agit de renforcer la présence du numérique sur le territoire. À cette fin, le Gouvernement s'est engagé à mobiliser plus de 3 milliards d'euros. Il est aidé en cela par les collectivités territoriales, qui agissent aussi dans les territoires pour développer l'accès au très haut débit d'ici à 2022. Je pourrais également parler du réseau mobile, qui, grâce à l'accord historique conclu par Julien Denormandie avec les opérateurs, doit connaître un très bon développement territorial.
Deuxièmement, il faut accompagner. À ce titre, la mise en place de mesures fortes d'inclusion numérique, avec le guichet « cohésion numérique des territoires », se traduit par un soutien financier pouvant atteindre 150 euros pour l'installation d'équipements. Il y a également le « pass numérique »,
M. Pierre-Yves Collombat. Encore une invention formidable !
Mme Jacqueline Gourault, ministre. grâce auquel les personnes les moins à l'aise avec le numérique, qui ont besoin d'être formées, pourront gagner en compétence.
Troisièmement, pour nos concitoyens qui sont très éloignés du numérique, il est nécessaire de garantir un accompagnement humain, notamment au sein des maisons de services au public il y en a 1 400 sur le territoire. S'y ajoute la présence, dans les sous-préfectures et les préfectures, de médiateurs numériques pour aider les usagers.
M. Pierre-Yves Collombat. Mais bien sûr
Mme Jacqueline Gourault, ministre. Monsieur le sénateur, vous pouvez être assuré de la détermination du Gouvernement, non seulement pour améliorer la présence numérique sur le territoire, mais aussi pour favoriser l'accompagnement des personnes qui sont loin du numérique.
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