Question de M. KARAM Antoine (Guyane - LaREM-A) publiée le 18/01/2019
Question posée en séance publique le 17/01/2019
M. Antoine Karam. Dimanche dernier, 19 kilos de cocaïne ont été retrouvés dans les bagages d'une mère et de ses enfants à l'aéroport Félix-Éboué de Cayenne. Voilà le quotidien des Guyanais ! (L'orateur brandit le fac-similé de la une d'un journal.)
En quelques années seulement, la Guyane, terre d'Amérique du Sud, est devenue un espace majeur de transit vers l'Europe. Imaginez que, entre 2014 et 2018, les saisies ont augmenté de 335 %, passant de 145 à 631 kilogrammes ! Si bien que, selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, près de 30 % du marché français, évalué entre 25 et 30 tonnes, proviendrait de la Guyane.
Concrètement, on compterait de 20 à 30 « mules » par avion, soit plus de 3 000 personnes par an, dont seulement 10 % sont interpellées.
À l'origine de ce trafic, un ennemi sans visage, qui se cache derrière le destin tragique de ces « mules », qui transportent la drogue dans leurs bagages, quand elles ne l'ingurgitent pas au péril de leur vie. Moi-même, j'ai vu une jeune femme mourir d'overdose en plein vol, sous les yeux de son fils.
Ces « mules » sont toutes nos enfants : elles sont les proies faciles de trafiquants sans scrupule, qui puisent dans le vivier des jeunes inactifs. Parce que la société n'est aujourd'hui pas en mesure de leur proposer un emploi, de leur offrir un avenir, ces jeunes risquent volontiers leur vie contre le mirage de quelques milliers d'euros.
Monsieur le secrétaire d'État, je vous sais préoccupé par ce problème. Je sais aussi que les autorités sont mobilisées et conscientes de l'ampleur du phénomène. Néanmoins, force est de constater que les moyens de lutte sont insuffisants et que les tribunaux sont aujourd'hui saturés, tandis que le trafic s'accroît considérablement et, avec lui, le nombre de ses victimes. C'est pourquoi je vous le demande solennellement : le Gouvernement entend-il déployer un plan ambitieux de prévention et de lutte contre le trafic de stupéfiants en provenance de Guyane ? (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, ainsi que sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et du groupe socialiste et républicain. Mme Nassimah Dindar applaudit également.)
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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'intérieur publiée le 18/01/2019
Réponse apportée en séance publique le 17/01/2019
M. Laurent Nunez, secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Karam, vous avez raison sur le constat : le trafic de stupéfiants en provenance de la Guyane est en forte augmentation. Ce département est une des voies d'acheminement vers la métropole de la cocaïne d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud, transportée in corpore, soit par ingestion, par des personnes qui exposent ainsi leur vie.
Compte tenu de cette augmentation exponentielle et après qu'un groupe interministériel s'est réuni impliquant les ministères de l'intérieur, de la justice et des solidarités et de la santé, nous avons pris trois mesures.
D'abord, nous avons décidé de renforcer de manière importante les contrôles au départ, à Cayenne, et à l'arrivée, à Orly. Ce renforcement des contrôles s'est accompagné d'un renforcement des effectifs. Cette première mesure s'applique dès à présent.
Ensuite, nous avons renforcé tout au long de 2017-2018 les effectifs chargés de la lutte contre les trafics de stupéfiants sur le territoire guyanais. Ces agents de la gendarmerie nationale, de la police nationale et des douanes mènent un travail en profondeur pour lutter contre les réseaux de trafic de stupéfiants.
Enfin, plus généralement, nous mettons en uvre, à la demande du Président de la République et du Premier ministre, un plan global de lutte contre les trafics de stupéfiants, qui inclut un partenariat avec les pays de provenance de la cocaïne, pour une meilleure efficacité.
Monsieur le sénateur, vous pouvez compter sur la détermination du ministre de l'intérieur et de l'ensemble du Gouvernement pour lutter contre le fléau qu'est le trafic de stupéfiants, notamment en provenance de la Guyane. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. M. Jean-Marc Gabouty applaudit également.)
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