Question de Mme ESTROSI SASSONE Dominique (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 14/11/2018

Question posée en séance publique le 13/11/2018

Mme Dominique Estrosi Sassone. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Voilà trois ans, les attentats du 13 novembre 2015 faisaient 130 morts et plus de 400 blessés au stade de France, sur les terrasses des restaurants et au Bataclan.

La barbarie islamiste a fait couler le sang d'innocents à Paris, mais aussi à Nice, à Marseille, à Toulouse, à Saint-Étienne-du-Rouvray, à Carcassonne, à Trèbes.

Nous pensons très fort, en ce jour, aux victimes et aux familles, toujours dans la douleur. Nous rendons hommage aux policiers, aux gendarmes et aux membres des services de secours qui ont vécu l'horreur absolue de ces crimes.

La guerre contre la barbarie et le terrorisme islamistes n'est pas finie, et les cinquante-cinq projets d'attentats déjoués sur notre sol depuis 2013, dont six cette année, attestent que la menace est toujours bien présente.

Comment gagner ce combat, monsieur le Premier ministre, comment lutter contre ce fléau, quand votre ministre de l'intérieur se refuse à désigner les racines de cette menace : l'islamisme radical et le communautarisme, terreau fertile de la radicalisation ? Ils sont ce nouvel antisémitisme dont votre gouvernement refuse de parler. Quand allez-vous prendre conscience qu'il faut réarmer moralement notre pays, qu'il faut reconquérir les esprits, au nom de la République et de tous ceux qui se reconnaissent en elle ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe Union Centriste.)

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Réponse du Premier ministre publiée le 14/11/2018

Réponse apportée en séance publique le 13/11/2018

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Madame la sénatrice, ce matin, avec des parlementaires de Seine-Saint-Denis et de Paris, issus de toutes les familles politiques, nous avons rendu hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015, à Saint-Denis puis sur les autres lieux où ont frappé les terroristes.

À l'occasion de ces cérémonies, l'émotion était forte chez les victimes et leurs familles, qui, comme beaucoup d'entre elles me l'ont dit, revivent tous les jours ces attaques. L'émotion était très forte aussi chez les policiers, singulièrement ceux de la brigade de recherche et d'intervention, les pompiers, les médecins du SAMU et des différents hôpitaux parisiens, les secouristes et, plus généralement, tous ceux qui conservent un souvenir très vif de ces actes terroristes. Je m'associe à l'hommage rendu par le Sénat à tous ceux qui, ce jour-là, ont fait de leur mieux, et souvent bien plus encore, pour être à la hauteur des enjeux et du drame qui se nouait.

Vous affirmez, madame la sénatrice, que nous nous refusons à nommer la menace à laquelle nous sommes confrontés. Or ce débat est clos et révolu : ce gouvernement, comme ceux qui l'ont précédé, a clairement indiqué que l'ennemi était connu, qu'il prenait la forme du terrorisme islamiste et que notre objectif était de le combattre et de faire prévaloir ce que nous sommes.

En effet, madame la sénatrice, les terroristes qui ont attaqué notre pays le 13 novembre 2015 ne voulaient pas « conquérir » un territoire ou défaire les institutions de la République ; ils voulaient s'en prendre à ce que nous sommes, à notre liberté, à notre façon de vivre, à notre sens de la fête, à notre capacité à débattre et à ne pas être d'accord le cas échéant, à ce qui fonde la démocratie et la République française.

C'est cela que nous devons défendre, d'abord en continuant à être nous-mêmes, en affirmant et en assumant ce que nous sommes, ensuite en dotant nos forces de sécurité intérieures et nos armées des moyens dont elles ont besoin pour garantir la sécurité des Français.

Un certain nombre d'attentats ont effectivement été déjoués depuis le 13 novembre 2015. Madame la sénatrice, la menace que vous évoquez n'a pas disparu, nous en sommes tous parfaitement conscients, au sein tant du Gouvernement que de la représentation nationale.

C'est la raison pour laquelle nous essayons, dans la continuité de ce qui a déjà été fait, de réarmer notre pays, pour faire en sorte que les forces de sécurité disposent de plus de moyens et d'effectifs. C'est un élément de réponse indispensable.

Nos forces armées doivent également pouvoir disposer de moyens bien plus importants qu'auparavant, pour être en mesure de faire prévaloir nos intérêts à l'extérieur de nos frontières.

Mais ce combat n'est pas simplement sécuritaire ; c'est aussi un combat culturel et social, un combat républicain. En tous points du territoire et dans tous les domaines, nous devons regarder la menace et la réalité en face. Nous le faisons sans esprit polémique, madame la sénatrice, avec beaucoup de détermination, en engageant des moyens qui ont peut-être fait défaut à une certaine époque, pour garantir à nos concitoyens non pas le risque zéro – ce ne serait pas réaliste –, mais le plus haut niveau de sécurité possible. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)

M. le président. La parole est à Mme Dominique Estrosi Sassone, pour la réplique.

Mme Dominique Estrosi Sassone. Je vous remercie de votre réponse, monsieur le Premier ministre.

J'entends que vous ne seriez plus dans le déni ; ce n'était pas le cas jusqu'à présent, force est de le constater. (Murmures sur les travées du groupe La République En Marche.) Le déni n'est pas une solution ! Quand on ne désigne pas l'islamisme radical, on ne peut traiter le sujet à fond. Le silence n'a que trop duré ! J'espère que vous êtes vraiment résolu à en sortir, monsieur le Premier ministre, car le silence a jusqu'à présent empêché la France de lutter efficacement contre ce fléau. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Exclamations sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe La République En Marche.)

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